PSYCHOlogiquement Incorrect
La redoutée Motion Picture Association of America (MPPA), organisme destiné à la "sauvegarde" morale des productions américaines, avait donné son verdict en janvier dernier : American Psycho, adaptation du sulfureux roman éponyme de Bret Easton Ellis, se verrait classer NC-17 aux Etats-Unis, c'est-à-dire non accessible aux moins de 17 ans. L'objet du courroux des censeurs bien pensants américains : une scène érotique entre Patrick Bateman (interprété par Christian Bale) et deux dames aux amours tarifés(jouées par Krista Sutton et Cara Seymour). Scène jugée trop perverse.
Cette interdiction programmée a fait réfléchir les distributeurs, Lions Gate Entertainment Corp.. Classé NC-17, le long métrage de Mary Harron (I Shot Andy Warhol) n'aurait pas pu bénéficier, d'une part d'un vivier important de spectateurs, les adolescents ; et d'autre part, de la couverture publicitaire et médiatique adéquate à la sortie d'une telle production.
PSYCHOdrame évité !
Les arguments commerciaux (et les billets verts) étant trop forts, les distributeurs ont fait un pas en arrière et accepté la censure. Ils ont demandé à la réalisatrice de procéder à quelques coupures pour éviter ce classement. La scène "scandaleuse" entre les trois protagonistes a ainsi été amputée, aux grands bonheurs du MPAA, qui s'est félicité de cette action. Désormais, le film a obtenu le précieux sésame, ce "R" magique tant envié, qui permettra aux moins de 17 ans, toutefois accompagnés de leurs parents, de voir American Psycho.
Présenté au dernier Festival de Sundance et à la 50ème Berlinale, American Psycho est un film à polémique, dont la sortie est prévue le 14 avril aux Etats-Unis (et le 7 juin en France). Adapté du roman de Bret Easton Ellis, villipendé à la sortie de son ouvrage jugé indécent et provocant par nombre de féministes (elles n'hésitèrent pas à déclarer vouloir lui faire la peau et à "scalper à vif ses parties génitales"), American Psycho narre avec froide délectation le parcours sanguinaire dans les rues de New York, sous l'ère Reagan, de Patrick Bateman, yuppie serial killer, gominé et tout de Cerruti vêtu.
La violence gratuite et aveugle des actes de torture du héros avait déclenché une vague de protestations et d'indignations. Anticonformiste, loin du politiquement correct, le roman avait déchaîné les passions. Tout comme son adaptation cinématographique. Paradoxalement, la MPAA n'avait pas été indignée par la violence du film, mais par cette scène d'amour. L'Amérique n'est pas à une contradiction près... L.B