Après le Planet Hollywood l'an dernier, c'est dans le cadre de l'UGC Ciné Cité Bercy qu'ont été décernées les Etoiles de la Presse. Cette manifestation, organisée pour la deuxième année consécutive par Jean-Luc Favriau et son équipe, permet aux journalistes professionnels de la presse culturelle et du cinéma de décerner leur propre palmarès de la Production Française de l'année 1999.
Au cours d'une cérémonie conviviale orchestrée de main de maître(sse) par la dame Cinéma de Canal+, Isabelle Giordano, 8 statuettes (les Etoiles d'Or) ont été remises après le vote de plus de la moitié des membres de la profession.
Nouveauté cette année, l'Etoile d'Or du meilleur film étranger. Cinq films (Eyes Wide Shut, Fight Club, La Ligne Rouge, Dans la peau de John Malkovich, Une Histoire Vraie) tenaient la corde dans le choix des journalistes. C'est finalement le dernier road-movie à 10 à l'heure de David Lynch, Une Histoire Vraie qui est reparti avec le trophée. Le réalisateur n'étant pas présent dans la salle ( !), c'est un collaborateur des Studios Canal+ (coproducteur du film) qui est venu remercié l'assistance.
Les Etoiles d'Or de la Meilleure Révélation Féminine et Masculine Française sont allées respectivement à Caroline Ducey pour son interprétation sulfureuse et controversée dans Romance (de Catherine Breillat), et à Eric Caravaca pour son rôle de paysan aveyronnais indécis dans C'est quoi la vie (de François Dupeyron).
Devançant Tonie Marshall (Vénus Beauté (Institut)), Bruno Dumont (L'Humanité), Emmanuel Finkiel (Voyages), Léos Carx (Pola X), Régis Wargnier a reçu l'Etoile d'Or du Meilleur Réalisateur Français pour son émouvant et bouleversant mélodrame historique, Est-Ouest. Sérieux prétendant à la course aux Césars (et ses quatre nominations dont Meilleur Film, Meilleure Actrice et Meilleur Réalisateur) et en pré-liste aux Oscars pour la catégorie de Meilleur film Etranger, Régis Wargnier, revigoré, a salué ce trophée, ironisant sur le fait que "la presse aime aussi le cinéma !".
Meilleur Acteur pour le bougon et humoriste pince-sans-rire Jean-Pierre Bacri pour son excellente prestation dans Kennedy et moi. C'est son pote et réalisateur du film, Sam Karmann qui est venu chercher la statuette, en lieu et place de Bacri, absent pour cause de promotion.
Karin Viard s'est vu remettre, au nez et à la barbe de Catherine Frot (la Dillettante) et de Nathalie Baye (Vénus Beauté (Institut)), l'Etoile d'Or de la Meilleure Actrice pour sa flamboyante et poignante composition d'Emma, jeune femme enceinte et atteinte d'un cancer, dans Haut les Coeurs ! (de Solveig Anspach). Un rôle extraordinaire qui l'a touché, tout comme cette récompense provenant de la presse, elle qui avait été vilipendée à ses débuts par quelques critiques "insouciantes".
Entre Seul contre tous (de Gaspard Noé), Est-Ouest (de Régis Wargnier), Jeanne d'Arc (de Luc Besson), La Vie ne me fait pas peur (de Noémie Lvosky), Ma Petite Entreprise (de Pierre Jolivet) et Kennedy et moi (de Sam Karmann), le choix – cornélien - des journalistes était de récompenser le Meilleur Film Français. Finalement, c'est la comédie sociale jubilatoire et tellement juste de Ma Petite Entreprise avec le patron Lindon et l'escroc assureur Berléand qui fut déclaré vainqueur. Sur scène, Pierre Jolivet, remercia les journalistes pour ce prix, tout en rappelant, en bon Président de l'ARP, les difficultés relationnelles entre la critique et les "créateurs".
Les Etoiles de la Presse ont décerné le Grand Prix Spécial au magnifique Voyages (vers la mémoire collective) de Emmanuel Finkiel. Un Grand Prix Spécial destiné à remettre en salle un film qui a disparu trop tôt des affiches de cinéma. Un sentiment que partagent moyennement les producteurs du film, avec leurs quelques 90 000 entrées France, mais heureux du Prix et du coup de pub supplémentaire pour ce long métrage de qualité.
La cérémonie s'est achevée par la projection de ce Voyages. Le rendez-vous a été donné par les organisateurs à l'année prochaine pour une Troisième Edition des Etoiles de la Presse, qui pourrait devenir à l'avenir et à l'instar des Golden Globes, l'antichambre des Césars. Une bonne manière de réconcilier les professionnels du cinéma et les journalistes. Espérons-le ! L.B
