La décision d'interdire Romance, le dernier film de Catherine Breillat, prise par la commission de censure australienne a été accueillie avec indignation par les critiques de films australiens. La raison invoquée par la commission concernait les scènes de sexe explicites. La décision a été prise par neuf voix contre huit.
Mark Sprott, le directeur du distributeur Potential Films, s'est déclaré "déçu" car le film n'a pas été interdit dans beaucoup de pays. Même l'Irlande et la Scandinavie, réputés pour leur sévérité, n'ont pas pratiqué de coupures sur le film.
Joignant sa voix à celle de ses homologues, Paul Byrne, le critique de cinéma au Sydney Morning Herald, a qualifié la censure de "ridicule". "La décision de la censure australienne, explique-t-il, signifie que les adultes de ce pays sont autorisés à voir des films qui ne prennent pas vraiment le sexe au sérieux – bien que des millions de cassettes pornographiques soient régulièrement commandés par la poste – mais aucun de ces films ne traite le sujet avec gravité et intelligence."
Romance retrace le portrait d'une femme (Caroline Ducey) dont la vie est partagée entre deux hommes. Le premier l'aime sans la toucher (Sagamore Stévenin) et le second ne l'aime pas mais lui fait l'amour (Rocco Siffredi). Comme à son habitude, Catherine Breillat peint avec une crudité parfois féroce l'amour. Elle le traque, entre un homme et sa maîtresse dans Parfait Amour (1996), à travers un couple déchiré dans Couples et Amants (1994), partout où il y a amour, il y a matière à faire un film. "Le couple c'est la fusion de deux personnes en une seule identité. Un couple c'est deux qui forment UN !", s'exclame la réalisatrice.
Le responsable de la commission de censure Simon Webb répond pour sa défense que celle-ci a du prendre une "décision difficile". Il s'appuie sur les directives de la commission qui stipulent que "l'activité sexuelle peut être simulée de la façon la plus réaliste possible, la règle générale étant : OUI à la simulation, NON à l'acte en lui-même."
A.L.