C'est le sempiternel débat qui secoue l'Amérique depuis des années : Hollywood doit-il réduire le contenu violent de ses productions ?
Suite aux derniers massacres dans les lycées américains, une cinquantaine de personnalités ont lancé un appel à Hollywood pour que l'industrie du spectacle et des médias réduise le contenu violent des programmes télévisés et des productions cinématographiques destinés aux enfants.
"Nous sommes ici aujourd'hui, avec le souvenir de Littleton encore présent à nos esprits, pour négocier un cessez-le-feu dans la guerre culturelle entre Washington et Hollywood" a déclaré le sénateur démocrate du Connecticut, Joe Lieberman, lors d'une conférence de presse à Washington.
Les signataires de l'appel demandent au royaume du cinéma de prendre ses responsabilités dans l'éducation des enfants, en rappelant que les parents ont du mal à contrôler l'exposition de leurs enfants aux scènes violentes et à caractère sexuel.
"Une petite vérification de la réalité s'impose : il y a plus de travailleurs sociaux que de tueurs en série en Amérique. Plus de pasteurs que de prostituées. Mais, on ne se rend jamais compte de ça à la télévision", a constaté le sénateur républicain du Kensas, Sam Browback.
Un récent sondage CNN-USA Today-Gallup, cité par le texte de l' appel à Hollywood, indique que 76% des adultes interrogés considèrent que la télévision, les films et la musique populaire ont une mauvaise influence sur les enfants. De plus, 75% des personnes sondées disaient faire un effort particulier pour protéger leurs enfants d'influences néfastes.
"Je pense que le vrai siège du pouvoir dans notre pays n'est pas à Washington mais à Hollywood. Ce qui se passe à la télévision, au cinéma ou sur les ondes (...) façonne les coeurs, les esprits et les attitudes, bien plus que ce qui se passe ici", a reconnu le sénateur Brownback.
Il est indéniable que les politiques monopolisent leurs attentions vers l'usine à rêves qu'est Hollywood. Selon eux, elle est responsable (mais non coupable ?) de tous les maux violents qui gangrènent la société américaine. Le Président Clinton s'est lui même indigné du trop grand nombre d'actes de violence représentés dans les films ; il propose un contrôle plus sévère des conditions de classification des longs métrages ; mais aussi d'un contrôle d'identité plus accentué à l'entrée des salles afin d'en dissuader les mineurs. Ces mesures seront-elles suffisantes pour limiter la "culture de la mort" qu'affectionnent la jeunesse yankee ? Le meilleur moyen serait une prise de conscience générale de la population et renoncer à leurs traditions historico-socio-culturelles comme le fait de posséder une arme à feu. Et ainsi d'attaquer de plein front le puissant lobby de l'INRA, présidé par l'acteur Charlton Heston.
L'appel à Hollywood a reçu notamment les signatures des anciens présidents démocrates Jimmy Carter et Gerald Ford, des généraux Colin Powell et Norman Schwarzkopf, du Prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel, ainsi que plusieurs vedettes de l'industrie du spectacle et de la télévision.
L.B