Wild Wild West, le dernier film de Barry Sonnenfeld est l’un des événements les plus attendus de l’été 1999. Une distribution très alléchante qui regroupe des comédiens appréciés du grand public - Will Smith, Kevin Kline, Salma Hayek et Kenneth Brannagh -, un scénario fondé sur une série à succès des années 60, et surtout le duo Sonnenfeld-Smith qui a déjà cartonné deux ans auparavant avec le désormais célèbre Men in Black. Bref, tout le monde attend avec impatience un western délirant mêlant intelligemment action et humour.
Mais la déception est grande, très grande. Des premières projections de presse désastreuses et des critiques qui ne se privent pas pour descendre le film en flèche. En quelques jours, Wild Wild West passe du statut de carton de l’été à celui de bide le plus retentissant de l’histoire du cinéma. Morceaux choisis des critiques les plus virulentes : "L’action se traîne, les personnages sont minces et inconsistants et, le pire de tout, les situations comiques ne sont pas drôles" (Mr Showbiz) ; "Lugubre et stupide, fatigant et ennuyeux" (The Toronto Sun) ; "Un super spectacle hors de prix avec un casting raté" (The Chicago Tribune). Mais qu’a donc fait Barry Sonnenfeld pour mériter cela ?
Pourtant, sur le papier, son projet a l’air parfait et regroupe tous les ingrédients nécessaires pour faire un succès. Mais, selon la presse, des idées et quelques stars ne suffisent pas toujours à faire un bon film, le réalisateur vient d’en faire la triste expérience. Un scénario incohérent dont on n’a du mal à comprendre la finalité, des effets spéciaux qui deviennent pesants - trop d’explosions, trop de bruit -, des acteurs qui ne parviennent à se sortir de leurs répliques médiocres et des actrices réduites au rang de potiches. Tous ces reproches faits au film de Sonnenfeld ont de quoi dégoûter n’importe quel spectateur normalement constitué. Et pourtant... le public répond présent à l’appel de l’Ouest sauvage. Contre toute attente, Wild Wild West se retrouve propulsé au premier rang du box-office du fameux week-end du 4 juillet (jour de la fête nationale américaine), rapportant ainsi plus de 40 millions de dollars en quelques jours. Soulagement pour la Warner qui voyait déjà ses finances sombrer dans le rouge.
Plusieurs éléments peuvent permettre de comprendre l’engouement des spectateurs pour un film que tout le monde annonçait comme désastreux. Premièrement, la sortie du film a été accompagnée par une campagne marketing sur mesure à laquelle il était presque impossible d’échapper. Des interviews des acteurs dans tous les magazines spécialisés, une première surmédiatisée, et surtout la formule chanson + clip de Will Smith. Beaucoup de battage médiatique pour que personne ne puisse ignorer que le film Wild Wild West était enfin sur les écrans. Au final, on obtient un public conditionné qui se dit :"Pourquoi ne pas aller le voir, puisque c’est le week-end et qu’il n’y a rien d’autre à faire. En plus, il paraît que les effets spéciaux sont pas mal.". Ajoutez à cela le charisme de Will Smith, dont le nom et le sourire charmeur suffisent à remplir les salles et la présence d’une Salma Hayek plus que sexy, et vous comprendrez mieux comment Wild Wild West a pu réaliser autant d’entrées malgré une très mauvaise presse. En France, le film sort le 4 août. L’occasion de voir si les méthodes "made in USA" marchent aussi bien au pays des "fromages-qui-puent". N.L.