Michael Eisner, le patron de Walt Disney, va devoir faire appel à Oncle Picsou pour qu'il sorte le porte-monnaie. En effet, les bénéfices de la société sont en chute et Disney va devoir verser quelques centaines de millions de dollars à un de ses anciens dirigeants, Jeffrey Katzenberg.
La victoire de Jeffrey Katzenberg, un des trois piliers du studio DreamWorks, est une revanche sur le conflit qui l'opposait à son ancien employeur Walt Disney. Selon Katzenberg, son contrat lui donnait un pourcentage des profits générés par les films qu'il a contribué à créer (Le roi Lion, Aladdin, Good Morning Vietnam). Ce pourcentage, s'élevant à 2% des profits de ses films mais aussi des produits dérivés, lui assurait donc une sorte de rente à vie.
Quant à Walt Disney, il dénonçait ce contrat, puisqu'en démissionnant, Katzenberg ne pouvait se prévaloir de cette clause contractuelle.
Mais, le juge Paul Breckenridge, en a décidé autrement. Il a donné raison à Katzenberg, et a renvoyé devant un autre juge, le soin de fixer le montant des intérêts qui pourrait être vertigineux. "Nous sommes très excités. Nous avons quasiment gagné sur tous les points. La seule question est de savoir jusqu'où peut grimper la somme à laquelle Disney va être condamnée", a déclaré un des avocats de Jeffrey Katzenberg, Bonnie Eskenazi. Au moins des intérêts (10% par an) sur les sommes dues, ce qui pourrait coûter au bas mot 250 millions de dollars (1.5 milliards de FF/229 millions d'Euros).
Cette évaluation va conduire à une bataille entre experts-comptables de deux partis, puisque chacun des camps va faire valoir que ses produits ne valent pas grande chose, alors que l'autre démontrerait le contraire. Les avocats de Katzenberg chiffrent la somme due à 580 millions de dollars (3.5 milliards de FF/535 millions d1Euros), et ceux de Disney à 140 millions (840 millions de FF/129 millions d1Euros).
Cette querelle de gros sous intervient dans un contexte des plus moroses pour le premier studio d'animation mondiale. Walt Disney accuse une chute de 30% de ses bénéfices net au deuxième trimestre de l'année par rapport à la même période de 1998. "Nous ne sommes pas satisfaits de notre performance actuelle" aurait déclaré le PDG, Michael Eisner. Il évoque pour cela des erreurs au niveau du marketing de leurs films, qui semblent-ils, leur auraient coûté trop chers.
Autre facteur, c'est aussi le public, volatile, qui n'aurait pas adhéré aux idées de la Souris d'Orlando. Les analystes considèrent que les jouets liés à la prochaine sortie du nouveau dessin animé Tarzan de Kevin Lima et Chris Buck (sortie US le 18 juin, et en France le 24 novembre) ne sont pas à la hauteur des espérances. La faute à La Menace Fantôme de George Lucas qui amassent les dollars avec sa nouvelle épopée intergalactique.
Pour être complet, il ne faut pas oublier que Disney fait face à une concurrence de plus en plus vive et agressive avec les studios DreamWorks (Fourmiz, Le prince d'Egypte) et la Fox (Anastasia) qui se sont lancés eux aussi dans l'animation et le dessin animé.
Le royaume de Disney est en péril. Pour réaffirmer son leadership, Disney compte sur ses prochaines productions (Fantasia 2000, Tarzan, Toy Story 2 et Dinosaur) pour relancer la machine à dollars. Car des dollars, il va lui en falloir. L.B