Le Festival de Cannes et Holly Hunter est une histoire d’amour qui remonte à 1987. L’actrice est venue à quatre reprises sur la Croisette ; elle est repartie une fois avec le prix d’interprétation féminine. Après Arizona Junior, A Gathering of Old Man, La Leçon de Piano et Crash, elle revient cette année avec le délicat rôle de juger les films en compétition. Présentation d’une actrice éclectique et exigeante qui se fait malheureusement trop rare.
Née à Conyers en Georgie, Etats-Unis, Holly Hunter est la dernière d’une famille de sept enfants. Très tôt, ses parents l’encouragent à développer son "talent" d’actrice. Sa première performance remonte ainsi à l’école primaire où elle joue le rôle d’Helen Keller. En 1976, elle s’installe à Pittsburg et s’inscrit aux cours dramatique de l’université de Carnegie Mellon. Son diplôme décroché, elle monte à New York en 1980 dans l’espoir de devenir actrice de théâtre. A 23 ans, sa carrière connaît un premier tournant grâce à sa performance dans une pièce dramatique de Beth Hentley intitulée Crimes of Heart. Mais, malgré un succès naissant, le théâtre ne lui suffit déjà plus.
En 1982, elle traverse les Etats-Unis pour emménager à Los Angeles. Son premier rôle important au cinéma coïncide avec sa première venue à Cannes. En 1987, les frères Cohen, viennent montrer Arizona Junior hors compétition. Aux côtés de Nicolas Cage, elle réalise une savoureuse interprétation d’une femme stérile en manque de maternité.
Elle se fait aussi remarquer la même année dans Broadcast News de James L. Brooks. Ce film lui permet d’obtenir plusieurs récompenses dont celle de la meilleure actrice au Festival de Berlin. Impressionné par le talent d'Holly Hunter, Steven Spielberg l’a choisi pour donner la réplique à Richard Dreyfuss dans Always. Par la suite, les rôles pour le cinéma et la télévision s’enchaînent avec régularité mais sans véritable réussite, jusqu’à 1993.
1993 représente assurément la plus belle année pour cette actrice et le deuxième tournant dans sa carrière. Pour La Leçon de Piano, Jane Campion lui confie le rôle d’Ada, une jeune femme murée dans son silence qui ne communique qu’à travers son piano. Les critiques internationales sont unanimes : "Holly Hunter est bouleversante", "le film repose sur ses frêles épaules", "le film n’existe pas sans la performance d’Holly Hunter", etc. L’actrice accumule les récompenses à travers le monde. Elle reçoit un Oscar, un prix d’interprétation à Cannes, un British Award, un Golden Globe ; les critiques de New York et de Los Angeles n’hésitent pas lui décerner leur vote.
Pourtant, cette soudaine reconnaissance n’influe pas spécialement sur sa carrière. Constamment exigeante, elle renonce à tomber dans la facilité et préfère jouer la carte de l’audace. Ainsi, on la retrouve avec un second rôle dans La Firme aux côtés de Tom Cruise. Aussi petite soit cette apparition, elle lui vaut quand même une nouvelle nomination aux Oscars. En 1996, elle démontre une nouvelle fois son éclectisme avec Crash de David Cronenberg. Cette histoire qui mêle sexe et accident de voitures provoque une violente polémique à Cannes. Mais si le public le conspue, le jury présidé par Martin Scorsese lui décerne le Prix spécial du Jury.
Un an plus tard, elle représente l’unique raison d’aller voir Une vie moins ordinaire de Danny Boyle. Ange frivole dans le film, ses quelques minutes d’apparition suffisent à évincer les performances de Cameron Diaz et d'Ewan McGregor. Enfin en 1998, on la retrouve impériale face à Danny de Vito dans D’une vie à l’autre de Richard Lagravenese. Aussi, c'est avec un plaisir non feint que l'on verra cette actrice inclassable dans son rôle le plus inattendu, celui de jury du 52ème Festival de Cannes. C.V