Véritable révélation pour sa tourbillonnante Fête de famille, le danois Thomas Vinterberg sera le président de la compétition des Court-Métrages lors du prochain festival de Cannes, aux côtés des réalisateurs Cédric Klapish (Un air de famille, Le péril jeune) et Walter Salles (Central Do Brasil) et des comédiennes Greta Scacchi (Jefferson in Paris, Un homme amoureux) et de la divine Virginie Ledoyen (The beach, Jeanne et le garçon formidable).
A trente ans, Thomas Vinterberg est l'un des prometteurs cinéastes de sa génération, Dogma. Sorti de l'Ecole de cinéma danoise avec son film expérimental de fin d'études (Dernier tour) en 1994, il sera nominé pour l'Oscar du meilleur court-métrage.
Il réalisera cette même année son deuxième court Le garçon qui marchait à reculons qui sera primé au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand et au Festival du film de Toronto.
Son premier long-métrage, Les plus grands héros (1996) est un road-movie où trois personnages partent profiter de la vie lors d'un week-end en Suède.
Thomas Vinterberg a présenté lors du dernier festival de Cannes son deuxième film, Fête de famille (Festen) qui reçut le Prix du Jury. Ange exterminateur, Vinterberg va filmer les règlements de compte d'une famille de la grande bourgeoisie, qui va basculer dans un massacre psychologique des plus sanglants. Film de famille, comme saisi au caméscope, Festen est un film distrayant et assez stimulant.
Vinterberg fait partie de cette tribu Dogme 95, un collectif de cinéastes danois auteur d'un manisfeste assez farfelu. Ce Dogme 95 s'élève contre le cinéma individualiste, le cosmétique,les illusions et la prévisibilité (sic).
Avec Lars Von Trier (Les idiots, Breaking the waves), il est l'un des fondateurs de ce manifeste anti-conformiste, faisant voeux de chasteté. Entre autres, la caméra doit être tenu à l'épaule, le film en couleur, seul l'éclairage naturel est accepté, les trucages sont interdits, le format du film doit être en 35 mm ... bref, les dix commandements d'une nouvelle génération de cinéastes qui veulent révolutionner (à l'envers) et épurer le cinéma contemporain. Ils s'opposent et luttent ainsi contre le cinéma commercial pour revenir aux sources du septième art (1995 était l'année du centenaire).
Le troisième film du Dogma est celui du danois Soren Kragh Jacobsen, Mifune qui a reçu l'Ours d'argent au Festival de Berlin 99. En attendant le Lovers de Jean-Marc Barr (avec Elodie Bouchez), dont le tournage vient de s'achever suivant ces préceptes dogmesques.
En présidant la section des court-métrages, Thomas Vinterberg organisera-t-il ses choix en fonction de son manifeste ? En tout cas, une chose est sûre : Cannes ne sera pas sclérosé et un coup de fraîcheur, peut-être comparable à la Nouvelle Vague, va sévir sur la Croisette. L.B.