Deux films inédits en France seront présentés lors de la rétrospective du cinéma géorgien organisée par le Cinéma des Cinéastes de Paris (avenue de Clichy, 18ème - tel : 01 43 42 40 20) du 31 mars au 13 avril prochain. Il est vrai que l'on parle plus souvent de la Georgie dans le domaine du politique plutôt qu'en cinéma à cause des événements politiques survenus à la suite de l'effondrement de l'ex-URSS.
Cette rétrospective est organisée également avec l'ARP (Société des auteurs, réalisateurs, producteurs) , l'Arkeios Films et le Cinéma des Cinéastes. Au programme, 13 longs métrages réalisés depuis 1955 par des réalisateurs de la petite république du Caucase. En ouverture de cette rétrospective sera projeté le film inédit de Guiorgui Khaindrava Le cimetières des rêves réalisé en 1997.
Ce film est le point de vue de deux de jeunes volontaires géorgiens qui reviennent en Abkhazie pour se battre pour la terre où ils sont nés, contre ceux-là mêmes aux côtés desquels ils ont grandi. Le tournage a eu lieu en août 92-septembre 1993 pendant cette guerre qui a fait 7000 morts et 250 000 réfugiés (le producteur était ministre des affaires d'Etat au début du conflit). Les jeunes acteurs sont en même temps combattants et jouent leur propre rôle, et vivent ce jeu absurde, la guerre. Le film a été tourné sur le front, ce qui le rapproche du genre documentaire. L'histoire est inspirée de faits réels, et durant le tournage, des membres de l'équipes sont réellement morts... puisque c'est la guerre. Son réalisateur sera présent le jour de l'ouverture.
D'autres grands cinéastes georgiens seront à l'honneur tels Tenguiz Abouladzé avec L'âne de Magdana (1955), L'arbre du désir (1976), Otar Iosseliani avec Il était une fois un merle chanteur (1970) ou bien Sergueï Paradjanov avec La légende de la forteresse (1984). Des oeuvres de réalisateurs moins connues seront au programme comme celles de Temour Balouani, Lana Gogoberidzé et Eldar Chenguelaïa.
Enfin, la rétrospective présentera également une série de courts métrages tournés dans les années 60 par Mikhaïl Kobakhidzé, censuré plus tard par le régime soviétique. Cette rétrospective nous montre plusieurs facettes du cinéma georgien qui a voulu très vite s'écarter du réalisme socialisme dans les années 60 en utilisant une grande diversité de styles, de genres, de personnalités, et notamment grâce à l'humour. Le paradoxe du cinéma georgien réside dans le fait que c'est une cinéma ancré dans une culture nationale, et de l'autre, par le fait que des films sont souvent censurés par les moscovites.
Le cinéma georgien a trouvé le moyen d'exprimer autre chose que la propagande en multipliant les écarts. Et malgré la crise qui fait rage dans cette jeune république où il n'existe pas d'aide au cinéma (comme en France avec le CNC) depuis le début des années 90, on continu à tourner même si l'humour s'éclipse devant la tragédie. Certains réalisateurs choisissent même de s'expatrier afin de pouvoir continuer à s'exprimer. Un cinéma grinçant, unique et riche à découvrir durant ces 15 jours. M.L.