Selon une enquête de l'hebdomadaire "Le Film Français", "l'industrie du cinéma espagnol a achevé en 1998 sur un bilan similaire à celui de l'année précédente. Ainsi, en tête du box-office de l'année 1998 on retrouve bien sûr Titanic de James Cameron avec 10,5 millions d'entrées (contre plus de 20 en France), Pour le pire et pour le meilleur avec Jack Nicholson (3 millions d'entrées), et, bonne surprise, Torrente de Santiago Segura (sortie en France le 21 avril prochain). Ces trois films ont respectivement fait 243 millions de francs, 79 millions de francs et 67 millions de francs de recettes.
L'effet Titanic n'a donc été aussi fort que dans les autres pays européens, mais les Espagnols sont toujours aussi friands de films américains... et boudent un peu le cinéma européen. La part de marché des films de productions espagnoles représente 11,9% contre 78,58% pour les productions outre-Atlantique (68,27% en 1997). Cette augmentation s'explique par le développement de la fréquentation et par la perte de parts de marché du cinéma européen : 20,28% des tickets vendus en 1998 contre 30,27% en 1997.
Le nombre d'entrées l'an passé a augmenté de 3 millions par rapport à 1997 soit 108 millions pour les quelques 2968 salles en activité (400 nouvelles en 1998). Les recettes globales du cinéma espagnol s'élèvent à 2,5 milliards de francs, 236,5 millions de plus qu'en 1997. Seul ombre au tableau, les films espagnols qui ont perdu des spectateurs, mais Torrente, le premier long métrage de Santiago Segura a ressemblé 2,8 millions de spectateurs, et a obtenu le Goya du meilleur premier film.
Un succès pour cette peinture au vitriol d'un paria chauvin et réactionnaire de l'Espagne profonde, l'ex-flic José Luis Torrente, machiste, raciste et alcoolique. L'acteur principal, Santiago Segura, a notamment joué dans Le jour de la bête du réalisateur Alex de la Iglesia qui avait remporté un grand succès en Espagne à sa sortie en 1995.
Pourtant, le cinéma espagnol connaît un second souffle ces derniers années avec notamment de jeunes réalisateurs comme Alejandro Amenabar (sorti en France) qui a signé son second long métrage Abre los ojos (Ouvre les yeux) ou bien Julio Medem, 31 ans, avec Les amants du cercle polaire qui sort en France le 7 avril prochain.
Un projet de loi est en vue pour l'année 1999 concernant le financement des films. Il se pourrait que le cinéma obtienne des financements plus importants (394 millions de francs) de la part des chaînes de télévision. 65 films ont été produits en 1998, soit 15 de moins qu'en 1997 mais les budgets sont en hausse. Le coût moyen d'un film étant de 10,6 millions de francs. Concernant les 18 films coproduits, 10 sont franco-espagnols dont Les années volées, actuellement à l'affiche.
José Maria Otero, le directeur général de l'ICAA (l'équivalent du CNC, Centre National de la Cinématographie) affirme "nous voulons développer la reconnaissance du cinéma espagnol à l'étranger. Cette année nous avons été très présents dans les festivals comme Berlin ou Venise. (...) Nous souhaitons plus que tout maintenir de bonnes relations avec la France, que nous considérons comme notre partenaire idéal".
Espérons que cette reconnaissance par le public français sera effective lors de la sortie de Torrente le mois prochain. M.L.