Qui a dit que le cinéma français se porte mal ? Pas le CNC en tous cas. Marc Tessier, son directeur général, s'est exprimé sur le bilan de la production cinématographique de l'année écoulée. En 1998, le CNC a augmenté l'aide à la production à la fois en volume et en valeur. Le directeur général considère que ce bilan est "une véritable satisfaction" d'autant plus que 1998 a été marqué par des très grosses productions parmi les 180 films (français ou d'initiative française) produits.
Le film de Luc Besson, Jeanne d'Arc est le film le plus cher produit en France en 1998 (360 millions de francs), devant Astérix et Obélix contre César (275 Mf), La neuvième porte de Roman Polanski (135 Mf) et Les enfants du siècle (95 Mf).
Seul ombre à ce bilan, les films français en langue étrangère. Marc Tessier considère que trop peu de films sont tournés : 10 dont 5 en anglais seulement l'an dernier. Sur les 4,9 milliards de francs investis, la part française représente 3,9 milliards. Et Marc Tessier de conclure "ces chiffres tordent le cou à l'idée communément répandue selon laquelle le cinéma français serait trop soutenu.(...) Nous sommes dans une économie, non pas administrée, mais dans une véritable économie du risque. (...)Le cinéma français est adapté aux nouvelles donnes du marché".
Mais il ne faut pas oublier que la tendance actuelle fait ressortir que beaucoup de films à petits budgets deviennent des succès... et que parfois les grosses productions ont du mal à rentrer dans leurs frais. Ainsi, Sitcom de François Ozon, Les couloirs du temps de Jean-Marie Poiré, Gadjo Dilo de Toni Gatlif, Zonzon de Laurent Bouthnik, L'Ennui de Cédric Kahn et Le Gône de Chaaba de Christophe Ruggia ont atteint des taux de rentabilité très satisfaisants alors que leurs budgets sont compris entre 9 et 15 millions de francs.
Dans les films à gros budgets, Mookie fut le flop de l'année, sans parler d'Alice et Martin de Téchiné boudé par le public, et Ceux qui m'aiment prendront le train pourtant grand gagnant aux derniers Césars. Les surprises de 1998 : La vie rêvée des anges d'Erick Zonca, Taxi de Gérard Pirès et Le dîner de cons de Francis Veber. Avec un budget de 10,2 Mf, le film de Zonca a obtenu un taux d'amortissement de 246%.
1998 fut en quelque sorte "l'année rêvée" de beaucoup de réalisateurs et producteurs. M.L.