Pour la troisième année consécutive, l'hebdomadaire destiné aux professionnels de l'audiovisuel, Le Film Français, publie un sondage réalisé en collaboration avec Médiamétrie, sur les exploitants français. Ce sondage a été effectué auprès d'un échantillon représentatif de 200 directeurs de salles de cinéma dans toute la France.
Les salles de cinéma ont évolué ces dernières années : construction de multiplexes, amélioration du son... et les exploitants sont au coeur de ce changement. A la question "quels sont les sujets d'actualité qui vous semblent les plus préoccupants?", 91% y répondent par l'inquiétude qu'ils ressentent pour la fragilité du cinéma français par rapport aux films américains. En deuxième et troisième position viennent leur mécontentement (88,5%) sur la rareté des sorties de films français en salle durant l'été, et le projet en pourparler de réduire à six mois le délai de sortie en vidéo des films. On le voit bien, les exploitants s'inquiètent sur la santé fragile du cinéma national. Et si en 1998 les cinémas de France et de Navarre ont vendu 170 millions d'entrées, ce n'est pas grâce à nos films.
Alors pourquoi sont-ils optimistes malgré tout ? C'est tout simplement par le fait que le film aux 11 Oscars, Titanic, leur a donné le vent en poupe en cette fin d'année 1998, ce qui les a consolé de la contre-performance de Mookie, avec Jacques Villeret et Eric Cantona, film pour lequel beaucoup avaient misé.
Pour l'avenir, les avis sont très partagés : ils sont à peu près le même nombre à trouver les prochains films "prometteurs" tout autant que "pas prometteurs"(soit environ 35%). Leur pronostics sont flous à cause de leur manque d'information sur les nouveaux films, ce qui les rend mauvais prévisionistes. Les exploitants se plaignent également du manque de possibilité de visionner facilement les films avant leur sortie.
Le renflouement des comptes grâce à Titanic permettront à 40% de directeurs de cinémas d'effectuer des travaux principalement dans les halls. La vague de modernisation n'est pas pour autant terminée puisque la moitié des exploitants n'ont pas encore changé le système de restitution du son, chose qu'ils feront.
Deux tiers des exploitants se trouvent bien intégrés à la profession du cinéma, et environ 94% entretiennent de bons rapports avec les distributeurs. Le moral est au beau fixe, le taux de satisfaction est légèrement en hausse par rapport à l'année écoulée. Globalement, les exploitants boudent les films d'auteurs, aiment les comédies françaises.
Ils se sentent menacés par l'éclosion des multiplexes qu'ils trouvent dangereux pour les salles commerciales généralistes, et à un moindre degré, pour les salles art et essais.
Pour l'année 1999, les directeurs de cinéma souhaitent plus que jamais conserver leur indépendance, et l'augmentation des productions de films pour enfants.
A noter que seul 11% d'entre eux affichent les prix des places en euros. M.L