Sortir 'Saving Private Ryan' en plein coeur de l'été représentait un risque certain. Un film, reconstituant les heures les plus sombres du débarquement en Normandie, avec une violence et un réalisme propres à faire ressurgir les cauchemars enfouis des vétérans de la guerre, ne correspond pas aux attentes d'un public estival.
La sortie de 'Saving Private Ryan' ne s'est pas faite sans une campagne de presse très critique à l'égard d'une violence, souvent qualifiée de gratuite. Mais c'était sans compter sur la foi et la détermination de Spielberg. Dans sa volonté de contribuer à l'émergence de la vérité, Steven Spielberg a imposé sa vision et le public a une de fois plus approuvé.
Depuis un mois, 'Saving Private Ryan' demeure indétrônable de la première place du box-office américain avec 130 millions de dollars de bénéfice. Le résultat d'exploitation s'est stabilisé à 13 millions de dollars par semaine après un départ fulgurant à 30 millions de dollars lors de la sortie du film. Et pourtant 'Armageddon' et 'L'Arme Fatale 4', sortis dans la même foulée, ne pouvaient que lui faire de l'ombre.
Comblé par la maturité du public américain, Spielberg l'est davantage face aux nombreuses personnes retournant voir le film une seconde et même une troisième fois. Ce sont là, les signes indéniables d'une grande réussite cinématographique, galvanisée par un excellent bouche à oreille de la part des spectateurs. Cette reconnaissance ne provient pas seulement des cinéphiles mais également des vétérans de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, Spielberg vient d'être honoré par la plus grande organisation d'anciens combattants du pays : la 'American Legion'. Un nouvel ordre honorifique, le 'Spirit of Normandy' créé spécialement pour le réalisateur, sera présenté le mois prochain à la Nouvelle Orléans lors de la 80ème convention du groupe. Avec cette distinction, Anthony Jordan, le commandant national de l''American Legion' tenait à remercier Spielberg pour avoir réalisé 'un des rares films de guerre à donner au spectateur une vision réellement réaliste de ce qu'être au combat représentait'. Réalisme, un tel mot prononcé par un vétéran de cette époque prouve que Spielberg a atteint les objectifs qu'il s'était fixé. 'Saving Private Ryan' démystifie le prétendu esthétisme de la Seconde Guerre Mondiale. Ce fut un conflit aussi sale et horrible que le Vietnam. Les guerres propres existent seulement dans les innombrables films de guerre des années 60. G.P