La nouvelle a causé un vif émoi au sein du petit monde du cinéma new-yorkais. L'équipe de fidèles collaborateurs avec laquelle Woody Allen travaillait depuis vingt-cinq ans a été dissoute, officiellement pour cause de restructuration, mais surtout pour raisons économiques.
Ce n'est un secret pour personne : les films du réalisateur de 'Manhattan' ont toujours fait plus d'entrées en Europe qu'au pays de l'oncle Sam, même si la critique américaine a toujours encensé l'artiste.
Au nom de l'amitié qui les unissait au réalisateur, la plupart des membres de l'équipe de production acceptaient un salaire inférieur à la moyenne des barèmes pratiqués par les grands studios. Beaucoup d'entre eux y consentaient aussi pour permettre à Woody, auteur indépendant, de conserver le très convoité final cut (le droit pour un réalisateur de contrôler le montage final de son film). Mais les temps ont changé.
Si l'on en croit Woody, ses collaborateurs les plus qualifiés le quittent parce qu'ils en ont marre (avec raison) d'être payés avec un lance-pierre, alors qu'il a lui-même accepté depuis longtemps de revoir son salaire d'auteur-acteur-réalisateur à la baisse. Autre son de cloche du côté d'anciens membres de l'équipe : si le quote-part que touche Woody Allen pour chaque film n'est pas connu avec exactitude, il continuerait d'empocher des millions de dollars pour ses réalisations. D'autres membres ayant refusé de réduire leur prétentions se seraient entendus dire qu'on était à la recherche de personnel moins coûteux.
Quoi qu'il en soit, beaucoup attribuent ce changement à Jean Doumanian, une amie de longue date et l'actuelle productrice de ses films qui aurait 'incité' les indésirables à quitter le navire. Les fidèles Allenophiles seront ainsi désolés d'apprendre que deux de ses grands collaborateurs ne travailleront plus avec lui : Susan Morse, la monteuse en titre des films du binoclard névrotique et le fort respecté Robert Greenhut, qui avait produit 21 de ses films dont 'Tout le monde dit I love You'. Mais à ce train là, il y a peu de chance que la profession le lui dise l'année prochaine.C.L.