Un couple soudanais qui veut se divertir monte dans sa Bajaj, moto indienne à trois roues, va au cinéma voir un film indien, après quoi le mari offre un thé indien à sa femme vêtue d'une robe 'made in India'.
En l'absence de production cinématographique nationale, les films indiens constituent le principal divertissement des Soudanais, déclare à l'AFP l'ancien cinéaste soudanais Abdel Aziz Ibrahim.'Ils sont apparus chez nous à la fin des années 70 et ont suscité un véritable engouement dans les années 80 grâce aux films de l'ancienne star indienne Amitabh Patchan', note Abdel Aziz Ibrahim, aujourd'hui responsable au ministère de la Culture. Dans les années 80, la moitié des salles projetaient des films indiens. Aujourd'hui, 95 pour cent des cinémas du pays (une centaine de salles) ont recours à la production indienne. Chaque salle peut gagner 20.000 dollars après avoir acheté un film 4.000 dollars avec un droit d'utilisation de 5 ans.
A Khartoum, 12 des 13 salles projettent des films indiens, la treizième un long métrage du célèbre acteur comique égyptien Adel Imam, 'unique concurrent des films indiens au Soudan', selon M. Ibrahim. En revanche, les films américains sont peu en vogue au Soudan. 'Quand nous avons projeté 'Danse avec les Loups' , les recettes n'ont pas couvert les frais d'électricité', raconte Samawel Ahmed, responsable du cinéma al-Saddaka à Khartoum.'Le film indien me fait oublier mes problèmes et je le comprends sans même lire le sous-titrage', souligne Khaled Mahjoub, un étudiant rencontré dans une file d'attente de cinéma. 'On y entend des mélodies proches des nôtres, on y voit des batailles, des danses, des paysages superbes et une histoire d'amour toute simple', renchérit Ahmed Rached, un autre amateur venu voir un film de la star indienne Sony Diol.
Le prix du billet coûte l'équivalent d'un dollar et demi, seulement 60 cents dans les cinémas de plein air.(AFP)