Le cinéma européen bénéficie chaque année de plus de 500 millions d'écus (3,25 milliards de francs) de subventions publiques, révèle une étude rendue publique lundi à Cannes par le Centre national de la cinématographie (CNC) et l'Observatoire européen de l'audiovisuel.La France octroie à elle seule plus de la moitié de ces subventions, avec 300 millions d'écus (1,95 milliards de francs), suivie de l'Allemagne avec 130 millions (845 millions de francs), les 13 autres pays de l'Union européenne se répartissant le reste.
L'étude révèle que si les modalités de l'aide publique diffèrent selon les pays, elles répondent à des objectifs et caractérisques communs, en premier lieu la priorité accordée à la création et à la production, qui bénéficient partout de plus de 80 pour cent des aides distribuées, voire en sont l'unique destinataire (Belgique, Grèce, Irlande et Luxembourg).
Deuxième caractéristique commune, les aides sont attribuées aux oeuvres plutôt qu'aux entreprises du secteur, à l'exception notable de la Grande-Bretagne avec son système de financement grâce aux fonds de la loterie nationale. Le rapport souligne la mise en place dans plusieurs pays de mécanismes spécifiques, notamment dans le secteur financier, pour les entreprises du secteur alors que 'l'activité de production cinématographique et audiovisuelle tend à devenir une activité plus industrielle dans les pays d'Europe occidentale'. Les pays européens (à l'exception de la Grèce, l'Islande, l'Italie et la Suède) ont par ailleurs créé un système d'aide aux oeuvres audiovisuelles, alors que seul le cinéma bénéficiait d'un soutien jusqu'aux années 1980 qui ont vu exploser le nombre de chaînes de télévision. Si les aides sélectives ont pour visée première des objectifs strictement culturels, le rapport souligne que les systèmes d'attribution permettent de garantir 'la nécessaire prise en compte des réalités du marché'. Les aides sont encore majoritairement financées par des dotations publiques, qui représentent même 100 pour cent des sommes distribuées dans cinq pays et plus de 50 pour cent dans six autres. Quant à la taxe sur les entrées (pratiquée dans sept pays de l'UE), la chute de fréquentation des années 1980 a porté un coup à ce mode de financement et plusieurs pays se sont mis à des prélèvements sur d'autres supports de diffusion, avec des taxes sur la publicité télévisée (France, Pays-Bas, Portugal) ou sur l'édition vidéo notamment.Enfin, les régions prennent une part croissante au financement public du cinéma, note le rapport, que ce soit dans des Etats fédéralistes comme l'Allemagne (64 pour cent) ou la Suisse. En France, les aides régionales ne représentent que 2 pour cent du total des aides publiques.(AFP)