Le Festival de Cannes a pour Hollywood 'des avantages et des inconvénients', estimait lundi Peter Bart, rédacteur en chef de 'Daily Variety', la bible de l'industrie américaine du cinéma, en évoquant 'l'histoire d'amour et de haine' qu'entretiennent la Croisette et la capitale du 7ème art.
'Les responsables des studios aiment s'amuser à l'hôtel du Cap mais même eux sont embarrassés par le montant de l'addition. Les cinéastes convoitent la machine publicitaire de Cannes mais ils craignent aussi un public capricieux et des critiques querelleurs', écrit Peter Bart dans un commentaire intitulé: 'Si c'est risqué et cher, cela doit être Cannes'.
Selon lui, 'venir avec un film américain à Cannes est une aventure à hauts risques' : si des films comme 'MASH' ou 'Apocalypse Now' ont reçu un accueil enthousiaste, d'autres ont été hués et sifflés. En outre, d'après un producteur anonyme, présenter un film à Cannes, avec les fêtes qu'il faut organiser et les stars et le metteur en scène qu'il faut inviter, représente une dépense de 'peut-être un million de dollars'.
Même quand un film américain est salué à Cannes, les récompenses ne sont pas très impressionnantes. Le public a adoré l'an dernier 'L.A. Confidential'. Même la réception (donnée après le film) avait été un succès. 'Rien de tout cela n'a beaucoup aidé le box-office', poursuit Peter Bart.Pour lui, le programme du festival amplifie cette année 'l'histoire de haine et d'amour' entre Hollywood et Cannes : 'Godzilla', film qui n'est pas précisément dans le sillage de Fellini et Godard, sera projeté en clôture du festival. En revanche, les distributeurs de films comme 'The Truman Show' (de Peter Weir), 'The Horse Whisperer' (de Robert Redford) et 'Bulworth' (de Warren Beatty) gardent leurs distances, en dépit d'une superbe rumeur de la critique'.
Et le rédacteur en chef de Daily Variety cite un producteur français qui, sous couvert de l'anonymat, déclare: 'C'est presque comme si Hollywood voulait renforcer nos stéréotypes sur les films américains'.(AFP)