La concentration dans le secteur de l'exploitation, c'est-à-dire des salles de cinéma, et le rapide développement de multiplexes qui comptent parfois jusqu'à 23 écrans inquiètent les professionnels du cinéma en France malgré une fréquentation en hausse des salles obscures. Lors des journées cinématographiques de Beaune (est de la France) du 24 au 26 octobre, les auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP) ont été nombreux à s'élever contre le phénomène de concentration. Selon Patrick Brouiller, président de l'Association française de cinéma d'art et d'essai (AFCAE), il faut limiter la prolifération des grandes structures afin de défendre 'le pluralisme de la diffusion' d'autant que la construction de multiplexes en périphérie des agglomérations contribue un peu plus à tuer la vie culturelle des centres-villes. Les défenseurs des multiplexes avancent quant à eux un indéniable confort des spectateurs (parkings, cafés, restaurants) et une qualité de projection irréprochable. Pour Marc Tessier, directeur général du CNC, il s'agit d'un 'phénomène beaucoup plus important qu'on ne le croit' qui va considérablement modifier le paysage de l'exploitation cinématographique alors qu'on prévoit que le volume d'investissements dans les salles va encore doubler au cours des trois ans qui viennent. L'hexagone vient de franchir la barre des 30 multiplexes en service qui totalisent 407 nouvelles salles et plus de 70.000 fauteuils. On prévoit que la France comptera 50 multiplexes en l'an 2.000. Tout en se félicitant que le nombre de spectateurs augmente, accompagnant ainsi la hausse du nombre des salles, les cinéastes s'inquiètent d'un appauvrissement de l'offre de films. On considère en effet que si le nombre de salles augmente, le nombre de films proposés a tendance à stagner voire à diminuer, explique un exploitant indépendant. La France compte environ 4.500 salles de cinéma dont un bon millier sont contrôlées par les grands circuits comme Gaumont, Pathé, UGC. En nombre d'entrées, les multiplexes, qui représentaient 5 des parts de marché en 1995, ont atteint 15 au premier trimestre de 1997. 'L'apparition de nombreux multipexes en France risque de brider la créativité en favorisant les seuls films qui marchent commercialement,' a dénoncé Alina Pailler, députée européenne au Parlement européen. La France cependant demeure le seul pays d'Europe où l'exploitation reste aux mains de sociétés françaises alors que de l'Italie au Royaume-Uni en passant par le Portugal, l'ouverture de salles est presque uniquement le fait de 'majors' américaines comme les filiales d'exploitation de Warner ou Columbia Thimothy Richards, vice-président de Warner Bro Theaters, affirme pour sa part que 'plus il y a d'écrans, plus il y a de choix', mettant en garde contre l'apparition de reglementations sur l'ouverture de grands complexes. 'Si on régule, on limite la croissance', a-t-il estimé. Sur le vieux continent, ces dernières années, les 20 films qui ont totalisé le plus grand nombre d'entrées sont des films américains. (AFP)
La concentration de multiplexes inquiète les professionnels du cinéma