Trench-coat, feutre, mégot au coin de la bouche, ce faux dur est entré dans l'histoire du cinéma alors qu'il avait plus de 40 ans, après avoir trimé comme 'un cheval de trait' pour la Warner, raconte Eric Lax dans une volumineuse biographie, écrite sur la base d'une enquête menée durant sept ans par Ann M. Soerber, décédée en 1994. Elle avait interviewé plus de 200 amis et témoins de cette icône du film noir. Le livre retrace la lente ascension du 'mauvais garçon', qui périt de mort violente dans ses 45 premiers films, pendu, exécuté, criblé de balles... 'On disait: si c'est un rôle de salaud, donnez le à Bogart', raconte leréalisateur Vincent Sherman. Il lui fallut attendre 1939 pour voir son nom en haut de l'affiche et 1943 pour connaître, à 44 ans, la consécration avec le Rick en smoking blanc de 'Casablanca'. Difficile parfois de distinguer le vrai Bogart du personnage qu'ilinterprète, idéaliste à l'air cynique, solitaire à l'humour désabusé, séducteur vulnérable, dont le troisième mariage avec la jalouse Mayo Methot fut particulièrement tumultueux, entre saouleries et bagarres. Sa rencontre avec Lauren Bacall, une gamine de 19 ans, sur le plateau du 'Port de l'angoisse', fait partie de l'histoire mythique de Hollywood. Elle devint sa quatrième femme le 21 mai 1945 et ensemble ils formèrent un couple de légende, jusqu'à sa mort le 14 janvier 1957. Ce livre retrace aussi son engagement pour l'élection de Franklin D. Roosevelt et, en 1947, son soutien aux 'dix de Hollywood', victimes de la chasse aux sorcières. Victime de pressions du studio dans le climat d'hystérie de l'époque, il s'excuse publiquement et exprime des doutes sur son action, ceque certains lui reprocheront.('Bogart' de A.M. Sperber et Eric Lax - Editions Belfond - 589 pages - 139F)(AFP)
'Si c'est un rôle de salaud, donnez le à Bogart...'