Vancouver séduit par les Chinois

Un film chinois présenté au Festival international du film de Vancouver a pour réalisateur un certain 'Wu Ming', ce qui signifie 'sans nom'. Le metteur en scène de 'Frozen' (Jidu Hanleng) préfère garder l'anonymat pour éviter de tomber sous le coup d'une loi qui, depuis le 1er juillet 1996, soumet à autorisation, sous peine de sanctions, les productions indépendantes. 'Frozen', coproduit par les Pays-Bas, a été tourné il y a deux ans, avant l'adoption de cette loi, explique Tony Rayns, le programmateur de la section 'Dragons et Tigres', mais il n'avait pas été monté. Le réalisateur a ensuite tourné un autre film dans des conditions officielles, mais il a été interdit. Ne pouvant rien faire, ni monter aucun projet, le metteur en scène a trouvé de l'argent pour terminer 'Frozen' en Hollande. Mais il ne l'a pas signé pour se protéger car, en théorie, il pourrait être arrêté.' 'Frozen' évoque la tentation d'auto-destruction qui frappe certains artistes en Chine. Qi Lei, un peintre, décide de monter quatre suicides symboliques pour marquer le début des quatre saisons. Mais au quatrième, il meurt vraiment...Son amie est effondrée et la communauté artistiques'interroge sur la valeur du suicide en temps que forme de protestation...Seul le confident de Qi Lei ne s'émeut guère de sa disparition. Le Festival présente un autre réalisateur à problèmes, Zhang Yuan, dont le film 'East Palace, West Palace', le premier film 'gay' tourné en Chine, a été présenté au Festival de Cannes contre la volonté de Pékin. Le tournage était terminé avant le 1er juillet 96 et Zhang Yuan pensait que ça le protégerait', dit Tony Rayns. Depuis, Zhang Yuan se serait vu offrir la possibilité de tourner son prochain film pour le gouvernement. 'Les autorités ont estimé que c'était le meilleur moyen de l'assimiler. On m'a dit qu'il avait accepté, dit Tony Rayns. Je le comprends mais je ne crois pas que cela l'aidera sur le plan international parce que sa réputation à l'étranger est basée sur son indépendance.' (AFP)