Arte lance la diffusion de la série Le Monde de demain ce jeudi 20 octobre, à partir de 20h55. Dans cette fiction française très réussie déjà visible sur Arte.tv, les téléspectateurs plongent dans les années 1980, alors que le hip-hop connaît ses premières heures en France.
Pour naviguer dans ce milieu en pleine émergence, le public suit les aventures et les expériences d'une bande de jeunes attachants et pleins d'avenir menée par Bruno Lopez et Didier Morville, les futurs Kool Shen et JoeyStarr du mythique groupe de rap NTM. Les acteurs Anthony Bajon et Melvin Boomer se glissent dans la peau des protagonistes qui n'étaient donc à l'époque encore que des adolescents.
Avec AlloCiné, le duo de comédiens est revenu sur cet ambitieux projet. Anthony Bajon (Au nom de la Terre, Athena) et Melvin Boomer (issu du milieu du breakdance) ont notamment détaillé le travail colossal de préparation qu'ils ont entrepris pour incarner au mieux les artistes iconiques.
Etiez-vous familiers avec l’univers du hip-hop et avec NTM avant de participer au "Monde de demain" ?
Melvin Boomer : Oui, car en tant que danseur je connais cette culture, passée comme présente. Ce n'était pas forcément les sons que j'avais l'habitude d'écouter mais on les mettait souvent entre nous pour danser. Il y a eu ici un côté apprentissage pour moi.
Anthony Bajon : Je pense que je suis le mec le moins hip-hop de la série ! Je n'ai pas grandi avec ces bases-là mais j’en ai fait la découverte grâce à Melvin et aux réalisateurs, grâce à des d'archives, grâce à du travail… J’ai aussi regardé des vidéos, lu des articles. Avoir Melvin était également vraiment cool parce qu’il a pu me former avec ce qu'il est, son identité. Il était vraiment très chaud et m’a challengé à longueur de temps. J'ai forcé à mort pour essayer d'être à la hauteur et inversement.
Comment vous a-t-on présenté vos personnages, JoeyStarr et Kool Shen, au départ ?
MB : En fait, on ne nous les a pas tant décrits que ça. On est plutôt allé chercher nous-mêmes. Et on s’est rendu compte de la complexité de ces personnages qui, en fait, sont avant tout Didier Morville et Bruno Lopez.
AB : On les a découverts aussi à travers le scénario : qui ils étaient, leurs identités, leurs sensibilités. Puis, une fois qu'on les a rencontrés, en vrai, je pense qu'il y a eu un autre virage. On a pu constater qu’ils parlaient comme ça, regardaient comme ça, marchaient comme ça, se comportaient comme ça…
Comment s’est justement passé le travail avec JoeyStarr et Kool Shen, les vrais protagonistes de cette histoire ?
AB : On a beaucoup bossé avec eux. Ils étaient très minutieux et exigeants, ce qui est normal. On s'est également servi d’archives sur YouTube. On a regardé beaucoup de clips, beaucoup d'interviews, et ça nous a vraiment bien aidé pour construire les personnages.
Avez-vous appris à danser, rapper, graffer pour les besoins de la série ?
AB : Oui car on devait être très précis. Que ce soit pour les pas de break ou pour les signatures de graff, il fallait rendre hommage aux artistes. On ne pouvait pas faire n'importe quoi.
MB : Un mec a mis sa signature sur un mur et toi tu arrives, tu n'as pas appris à la faire... Ca serait un manque de respect. On n’était pas non plus des rappeurs et il y avait beaucoup de choses à connaître. On a énormément taffé.
AB : En vrai, là on vous parle des performances de danse, de rap et de graff, mais cela ne représente que 10 % de la série. Ce sont la gestuelle, la manière dont ils bougent et parlent qui nous ont demandé un travail conséquent et compliqué. On a essayé de se tirer vers le haut, modestement, les uns et les autres.
MB : C’est vrai que ca fait plus partie de la série, ces petits détails dont on ne se rend pas compte.
Avez-vous aimé vous plonger dans les années 1980, avec ces styles vestimentaires et ces décors ?
AB : Je pense qu'on est tous fans de fringues dans la série (rires) On a tous kiffé les essayages, en tentant de deviner ‘Il aurait mis ceci ou cela, ou non’. Moi, j'étais frustré de certaines pièces qu'avait Melvin parce que mon personnage était plus plus droit, plus classique. Au-delà des vêtements, naviguer dans la culture de l’époque, voir la manière dont ils se checkaient par exemple… Ca nous a beaucoup fait marrer.
MB : Il y a des choses qui changent et il y a des choses qui aujourd'hui reviennent. Moi, toutes les fringues de Joey, elles sont dans mon placard ! J’ai tout repris. (rires)
Le hip-hop est né pour transmettre un message, c’était une culture à valeur politique. Est-ce toujours le cas selon vous ?
AB : C'est toujours autant actuel. On se rend compte que l'actualité reste la même et que les engagements restent les mêmes qu’à l’époque. Il y a encore des mecs pour dépeindre cette réalité.
D'après vous, pourquoi les autorités étaient-elles si répressives lors de l’émergence de ce mouvement ?
MB : La peur de l'inconnu. C’était une forme de révolution.
AB : D'un coup, il y a un mouvement avec des gens qui sont très engagés et on ne sait pas trop ce qu'ils veulent. Ca crie, ça met des trucs sur les murs, ça veut prendre la parole... Je pense que les autorités ont eu peur et ont trouvé ça hyper vertigineux de voir toute cette génération arriver.
L'art apparaît comme un moyen de survie dans la série. C'est quelque chose qui permet de changer de destin, d'exister autrement, de s'exprimer... L’art a-t-il toujours cette fonction aujourd'hui ?
MB : C'est ce qui me permet de vibrer et de vivre, moi. Aujourd'hui, on va mettre un mec sur scène et il va captiver toute une foule. Parce que l'art, c'est important. Maintenant, certains veulent verrouiller tout ça parce que l'art, ça parle et ça dit quelque chose. Et si tu en dis trop, pour certains, c'est mauvais… Donc on resserre la vis et c'est malheureux.