Le retour de Roland au Mistral, intervenu la semaine dernière dans Plus belle la vie, aura été de courte durée.
Avant même l'arrêt programmé du feuilleton le 18 novembre prochain sur France 3, et alors que le tournage s'achève aujourd'hui à Marseille, une page se tourne déjà pour tous les fans des aventures des habitants du Mistral, diffusées quotidiennement depuis 2004 et qui ont révélé Laurent Kérusoré, Laëtitia Milot, Elodie Varlet, Léa François, ou encore Marwan Berreni.
Ce lundi 3 octobre, les téléspectateurs assisteront en effet à la mort de Roland Marci (Michel Cordes), le patriarche de Plus belle la vie, qui succombera à une crise cardiaque, entouré de ses proches.
Un rebondissement choc qui n'est plus vraiment une surprise pour personne, puisque la chaîne elle-même a déjà mis en ligne hier un extrait des prochains épisodes montrant le clan Marci en deuil. Mais qui promet déjà son lot d'émotion, pour les personnages comme pour les téléspectateurs qui ne manqueront certainement pas de verser quelques larmes au moment de dire adieu à Roland.
Rencontré lors du dernier Festival de La Rochelle, Michel Cordes, l'interprète de Roland, est revenu pour nous sur la mort de son personnage, sur le symbole qu'elle représente pour lui et pour la série, et sur l'arrêt de Plus belle la vie. Sans oublier de revenir sur cette longue aventure de dix-huit ans et de nous confier ses projets pour l'avenir.
AlloCiné : Comment avez-vous réagi en apprenant l'arrêt de Plus belle la vie ?
Michel Cordes : J'avais déjà un peu pris des distances par rapport au feuilleton. Je n'étais plus récurrent, je venais seulement pour des périodes. Donc ça m'a moins touché que d'autres je pense. Mais, à titre personnel, je trouve ça dommage. Peut-être qu'il fallait se régénérer, changer certaines choses. En tout cas, selon moi, France 3 n'aurait pas dû acter la fin de Plus belle la vie.
Ce feuilleton est unique à la télévision française. Une telle longévité, avec une telle audience, c'est du jamais vu en France. Donc je pense que c'est vraiment dommage. C'est une page de l'histoire de la télévision qui se tourne. Et je comprends que le public soit très triste.
Pensez-vous que Plus belle la vie pourrait revenir un jour, sous une forme ou une autre (primes exceptionnels, spin-off) ?
Je crois que ce serait une erreur de vouloir essayer de refaire exactement la même chose. Mais une série qui s'en inspire, pourquoi pas. S'il y a eu un tel succès, c'est qu'il y a des éléments qui y ont contribué. Donc on pourrait imaginer une série qui reprendrait certains de ces éléments, avec une structure différente, une couleur différente. Je pense qu'il faut retrouver quelque chose comme ça.
Ce n'est plus un secret pour personne : Roland va mourir au cours de l'épisode qui sera diffusé le 3 octobre sur France 3. Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que les scénaristes prévoyaient de tuer votre personnage ?
Ça ne m'a pas tellement surpris. Beaucoup de gens me disaient que Roland était le personnage emblématique de la série. Hubert Besson, qui a contribué a fabriquer Plus belle la vie, disait que c'était le personnage "totémique" du feuilleton. Le pilier de la série. Donc, si on supprime la tribu, on abat le totem. Moi je l'ai vécu comme ça en tout cas. Ça me paraît assez logique finalement.
La production vous a-t-elle prévenu très en amont de sa décision de faire mourir Roland ?
Je n'avais pas joué dans la série depuis plusieurs mois. Et il était convenu qu'ils devaient me prévenir environ trois mois avant s'ils voulaient que je revienne épisodiquement. Et là ils m'ont dit assez rapidement qu'ils voulaient faire revenir Roland. J'avais envie de revenir trois semaines, mais ils m'ont demandé d'étirer un peu mon temps de présence. Et ils m'ont dit "Voilà, on va faire mourir Roland". Mais, encore une fois, on savait déjà que la série allait s'arrêter donc ça faisait sens pour moi.
Avant sa mort, Roland est revenu au Mistral le temps de quelques épisodes pour aider Kilian, qui traverse une période difficile. Vous êtes content de cette dernière intrigue ?
Roland est fidèle à lui-même. C'est un grand affectif, et la famille, les enfants, c'est fondamental pour lui. Il y a eu cette intrigue, un an et demi ou deux ans auparavant, où sont apparus Kilian et Lola. Il s'est retrouvé deux enfants de plus, c'est la magie des feuilletons (rires). Et donc là il vient réanimer cette famille. J'ai beaucoup aimé que les auteurs écrivent ces scènes, c'est dans la logique du personnage.
On aura donc droit à de belles scènes entre Roland et ses proches avant son décès ?
Ah ça oui. Bien sûr. Kilian, notamment, est encore un très jeune homme. Il n'est pas encore tout à fait un adulte. Il y a de très belles scènes où Roland essaye de faire grandir son fils. J'ai partagé de très beaux moments sur le tournage avec Tim Rousseau.
On imagine que la mort de Roland va être une vraie déflagration pour Thomas, Mirta, et toute sa famille...
Bien sûr. Je crois que la semaine qui suit est très occupée par les conséquences de sa mort et les larmes. Mais ça nous a aussi donné beaucoup de fous rires sur le plateau, et ça c'était bon (rires).
Ces dernières scènes ont été remplies d'émotion ?
J'ai tourné la mort de Roland une semaine avant d'arrêter. Mais je dois dire que le jour de la dernière séquence, c'était quelque chose. Quand toute l'équipe vous applaudit pendant 10 minutes, ça remue. C'est dix-huit ans d'aventure cette série.
Sur les dix-huit ans de Plus belle la vie, est-ce qu'il y a une intrigue qui vous a marqué ?
Je ne retiens pas vraiment une intrigue en particulier, non. Plutôt des atmosphères. Par exemple le bar, évidemment. Avec Laurent Kérusoré et Laëtitia Milot, on a formé un très joli trio. C'était très fort. Ils se foutaient de ma gueule en permanence (rires).
Je préparais beaucoup les accessoires, parce que jouer et avoir une action physique, pour moi ça allait de pair. Du coup ils se moquaient de moi en disant "Ça y est, Roland perd la boule, il parle à son torchon" (rires). Ce sont des moments qui vont rester gravés dans ma mémoire.
Vous évoquez Laëtitia Milot. C'est un regret pour vous qu'elle ne soit pas revenue avant la fin de la série ?
Je ne sais pas ce qui s'est passé. Ils auraient peut-être pu la faire revenir, oui. De temps en temps il y a des loupés comme ça. Mais, oui, je trouve que ça aurait été bien que Mélanie revienne au Mistral.
Malgré cette page qui se tourne, on imagine que vous allez rester en contact avec vos partenaires de jeu, notamment avec Laurent Kérusoré. Vous avez tissé des liens très forts ?
Bien sûr. Laurent, je suis son papa de fiction. C'est important. Mais même avec Laëtitia Milot et Sylvie Flepp. On a tissé des liens indéfectibles. C'est normal, c'est dix-huit de nos vies qu'on a passés ensemble.
Comment envisagez-vous l'avenir et l'après-Plus belle la vie ?
J'ai 77 ans, donc l'avenir est quand même un peu réduit pour moi (rires). Mais je fais beaucoup de sculpture donc je vais me consacrer à ça. J'ai une nouvelle compagne, tout juste retraitée, avec qui je m'entends très bien, donc je crois qu'on va prendre du bon temps.
Et après 53 ans de carrière, ça va me faire du bien de ralentir. J'ai beaucoup baroudé, un peu trop même je pense (rires). Je travaillais beaucoup dans la décentralisation, au théâtre, donc j'ai énormément changé de villes. J'ai fait des millions de kilomètres. Donc maintenant je vais me reposer.
Avant l'arrêt de la série, vous êtes venus à la rencontre du public avec une grosse partie de l'équipe au Festival de la Fiction TV de La Rochelle à la mi-septembre. C'était important pour vous, ce dernier au revoir au public qui vous suit depuis tant d'années ?
Oui, vraiment. Je le prends comme un "baroud d'honneur". On vient dire merci au public. Si on a existé c'est quand même parce que, durant dix-huit ans, des millions de gens nous ont suivis avec fidélité. Pour moi, le patron, c'est le public. C'est pour lui qu'on travaille. Donc au revoir et merci.