Et si les salles de cinéma se voyaient contraintes de reduire le nombre de séances afin de faire face à la crise énergétique qui arrive ?
D'après un article du Monde, la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) appelle notamment ses adhérents à "réguler les horaires d’ouverture en fonction des flux de public." On peut voir cela dans sa "Charte de tous les cinémas pour une réduction immédiate de la consommation d’énergie", publiée le 21 septembre.
"De 2010 à 2019, le nombre de séances est passé de 6 à 8,6 millions. Actuellement, avec la baisse de 30 % de la fréquentation des salles au niveau national, certaines séances, notamment celles de 11 heures et de 13 heures, se déroulent avec très peu de spectateurs", déplore Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la FNCF. "Il faut trouver le bon équilibre par rapport aux coûts", propose-t-il.
"Tous les secteurs de la culture doivent se poser cette question des horaires d’ouverture, en espérant que leur réduction sera temporaire", explique Olivier Sebbag.
DES GESTES SIMPLES
La charte de la FNCF recommande ainsi "d’éteindre les enseignes des cinémas lorsqu’ils ne sont pas ouverts et les lumières dans les halls et les circulations quand le public n’est pas présent, d’utiliser de façon raisonnée l’affichage dynamique, de respecter l’objectif gouvernemental d’un chauffage maximal à 19 degrés, de programmer le chauffage en fonction des horaires et de l’occupation des salles, d’arrêter la climatisation s’il fait moins de 26 degrés dehors, d’éteindre les projecteurs dans les salles qui n’ont pas de spectateurs, et de mieux réguler le renouvellement d’air."
"L’heure est à la mobilisation et à la rationalisation. Il s’agit à la fois d’un engagement citoyen pour contribuer à l’effort national de sobriété énergétique et d’une nécessité économique en période de baisse de la fréquentation. La troisième raison est de tout faire pour éviter des délestages d’électricité et de se retrouver avec des cinémas fermés le soir", précise M. Sebbag.
Pour les salles, la facture énergétique représente entre 5 et 10 % du chiffre d’affaires. "L’augmentation des coûts intervient au fur et à mesure de l’échéance des contrats d’énergie. Actuellement, 20 % des cinémas doivent renouveler leurs contrats et se retrouvent avec des factures multipliées par trois, par cinq ou même par dix", explique le délégué général de la FNCF.
Cette éventuelle décision de réduction de séances risque de faire grincer des dents dans le milieu du cinéma, à l'heure où les gros blockbusters d'hiver arrivent comme Avatar 2 le 14 décembre.
LES CINEMAS DOIVENT S'ADAPTER
Interrogé par nos soins, Olivier Sebbag a confirmé que ce geste des cinémas consistant à entrer dans une perspective de sobriété énergétique était un engagement citoyen. "Il s'agit de dire aux spectateurs : Vous vivez une période compliquée du point de vue de l'énergie et on vous propose un spectacle, du plaisir, la culture, du loisir, mais on est aussi engagés pour contribuer à ce que l'hiver se passe bien", souligne-t-il.
"On ne peut pas dire : Nous les gens du cinéma, ça ne nous concerne pas. On est impliqués avec le public, avec chaque spectateur et chaque maillon de la société. Il y a donc une volonté de faire adhérer les spectateurs à cette démarche", poursuit-il.
"Par ailleurs, les cinémas utilisent énormément d'électricité pour la projection des films. Forcément les coûts énergétiques s'envolent, comme pour tout le monde. Ça permettra aussi de les réduire. On parle ici de gestes simples comme ne pas laisser de lumières là où il n'y en a pas besoin ou ne pas surchauffer les salles, comme chacun peut aussi le faire chez soi. Ainsi, on suit le mouvement de la société tout en gardant l'esprit d'accueil et le côté chaleureux, convivial, de la salle de cinéma", explique délégué général de la FNCF.
VERS UNE RÉDUCTION DES SÉANCES ?
Olivier Sebbag assure ensuite que chaque cinéma pourra adapter la charte énergétique à sa convenance, en fonction notamment de sa taille. Il est aussi revenu plus en détails sur la réduction du nombre de séances évoquée dans la charte.
"On ne recommande pas une réduction mais on demande d'adapter la programmation du cinéma en fonction de l'activité générale. Cela étant dit, depuis 2010, on a énormément augmenté le nombre de séances, on est passé de 6 millions à plus de 8 millions de séances.
Toutefois, quand allumer le projecteur coûte tellement à cause du prix de l'électricité qui s'est envolé, ça pose question, par exemple, sur une séance de 11h du matin dans une ville moyenne de province. Si ce jour-là, sur ce film-là, il n'y a personne, cette séance ne sera pas adaptée", explique-t-il.
Olivier Sebbag appelle ainsi les exploitants à réfléchir à leur programmation et à l'organisation de leurs cinémas en fonction des films qui sortent et de la période (en semaine, week-end, vacances scolaires etc).
"Adapter les séances ne signifie pas forcément diminution. Il y aura peut-être une séance en moins un jour et un autre il faudra au contraire les augmenter. L'idée c'est de régler au mieux l'activité pour être dans une consommation d'énergie raisonnée et raisonnable."
Propos recueillis par Brigitte Baronnet à Deauville le 22 septembre 2022.