ÇA PARLE DE QUOI ?
Martin, en route pour un séminaire, décide dans un moment de folie de tout quitter et d’aller vivre comme ses ancêtres il y a des milliers d'années, avant que les supermarchés et smartphones ne viennent tout gâcher. Sa route croisera celle de Musa, un fugitif blessé, recherché par les autorités mais aussi par ses anciens complices. Leur odyssée les mènera aux confins de la forêt norvégienne, à la rencontre de policiers désœuvrés, de vikings, d’un lapin épris de liberté, et de truands éclopés.
Wild Men de Thomas Daneskov - Avec Rasmus Bjerg, Zaki Youssef…
BIENVENUE DANS LE SAUVAGE INGRAT
Les premières minutes de Wild Men ne manquent pas de surprises. On se croirait d'abord dans une version danoise de The Revenant (les plans-séquences virtuoses et les contrejours en moins), puisqu'on y suit un homme vêtu de peaux de bêtes, qui chasse un animal et échoue, au point de devoir se rabattre sur un crapaud, qui lui offre une nuit agitée et une digestion difficile.
Puis ce même personnage, Tom, tombe sur un emballage de barre chocolatée et, après quelques pas, se retrouve dans une… station-service. Serions-nous dans un remake danois des Visiteurs ? Que nenni ! Wild Men se passe certes au présent, mais il nous raconte l'histoire d'un homme qui a tout laissé tomber pour vivre en pleine nature, comme ses ancêtres. Sans pour autant jeter son smartphone, sur lequel son épouse tente régulièrement de le joindre pour tenter de comprendre.
À la possible exploration d'une crise existentielle, voire une analyse de l'hyper-connectivité du monde actuel, le premier long métrage de Thomas Daneskov, passé par les festivals de Tribeca et Les Arcs l'an dernier, prend un virage plus comique et violent. Qui pourrait lui valoir des comparaisons avec les frères Coen, et notamment Fargo, pour son mélange de truands et de neige.
Car lorsque Martin croise la route de Musa (Zaki Youssef), fugitif recherché par la police et ses anciens complices, le récit s'emballe, quitte à multiplier les sous-intrigues et les tonalités. Mais Wild Men peut compter sur la beauté de ses décors, le regard touchant de son interprète principal Rasmus Bjerg ou son art du décalage. Qui relève parfois de l'ironie, lorsque le réalisateur et son coscénariste tendent un miroir aux spectateurs.
"Chaque homme, qui traverse une période difficile dans la vie, a déjà entendu une petite phrase comme : Pourquoi ne te relèves-tu pas ? Pourquoi n'agis-tu pas comme un homme ? Pourquoi ne peux-tu pas être un homme à ce sujet ? Le type silencieux fort. Le père qui ne se plaint jamais", explique le metteur en scène dans le dossier de presse.
"Ces stéréotypes sur la masculinité sont toujours loués et enseignés aux jeunes garçons du monde entier aujourd'hui et ont des effets indéniables sur la façon dont les hommes gèrent leurs émotions : boire davantage, s'isoler, retenir leurs sentiments jusqu'au jour où ils s’écroulent." Où retournent à la vie sauvage, comme dans cet étonnant premier film venu du Danemark.