De quoi ça parle ?
Eloïse se retrouve assise seule sur un banc parisien. Qui est-elle ? Que fait-elle là ? Elle ne se souvient de rien ! Elle se lance alors dans une enquête, pleine de surprises, pour découvrir qui elle est. Et si cette amnésie lui permettait de trouver qui elle est, qui elle aime, et de réinventer sa vie ?
De la BD au film...
Adaptation libre de la bande dessinée éponyme de Boulet et Pénélope Bagieu (parue aux éditions Delcourt), La page blanche de Murielle Magellan suit une héroïne attachante et poétique, Eloïse, incarnée par Sara Giraudeau. Une comédie pleine de charme, qui aborde en douceur des sujets plus dramatiques.
"J’ai aimé immédiatement [l']inquiétude de [son héroïne], sa quête… et l’alternance de poésie et de drôlerie que portait la BD", explique la réalisatrice Murielle Magellan, dans le dossier de presse du film.
La cinéaste a cherché à trouver la bonne distance pour traduire l’humour et le décalage créés par les situations que le personnage traverse. "Il y a une phrase de Chaplin que j’affectionne et que j’avais mise en exergue du scénario : 'Vue de près, la vie est une tragédie, vue de loin, c’est une comédie'. (...)
Des décors dessinés pour s'évader dans l'imaginaire de l'héroïne
Comme un clin d'œil à l'œuvre que le film adapte, La Page blanche a cette bonne idée, jolie et inventive, d'inclure quelques séquences au dessin (idée que l'on retrouve d'ailleurs, sous une forme différente et tout aussi inventive, dans un autre film de la rentrée, Tout le monde aime Jeanne de Cécile Deveaux, qui sortira le 7 septembre). Il s'agit en l'occurrence ici de décors dessinés. "Outre le clin d’œil à la bande dessinée-matrice, cela permet de quitter le réalisme pour se souvenir de la fiction", souligne la réalisatrice et scénariste Murielle Magellan.
Si le film rend hommage à la BD d'origine, y compris via une apparition clin d'oeil de l'autrice Pénélope Bagieu, Murielle Magellan a malgré tout pris ses distances avec certains aspects, notamment le côté fantastique de la bande dessinée dans l’enquête du personnage. "La bande dessinée a un côté contemplatif assez magique quand on la lit, mais qui ne suffisait pas pour un scenario de film qu’il fallait déployer."
Elle ajoute : "Par exemple, j’ai choisi (en accord avec les auteurs) de résoudre l’énigme de ce qui s’est passé sur ce banc, alors que Boulet et Pénélope Bagieu laissaient le lecteur en suspens. En revanche, je ne crois pas avoir pris tant de distances sur le fond de la bande dessinée."
Le côté doux-rêveur du personnage est bel et bien là, et au cœur du récit : "Sur son âme, d’une certaine façon. Son côté drôle-introspectif-libre. Je crois que j’y suis très fidèle, parce que c’est ce qui m’a touchée, ce qui m’a fait vibrer, sa « citadelle intérieure » d’une certaine façon !"
La réalisatrice a fait le plein de références pour cette première réalisation pour le cinéma (elle avait par le passé réalisé le téléfilm, Moi, grosse). Murielle Magellan cite Frances Ha de Noah Baumbach, un portrait de femme en quête d’identité comprenant un moment de bascule intéressant où le personnage finit par comprendre dans quelle direction il souhaite se diriger. Elle cite également Be Happy de Mike Leigh, un autre portrait de femme. "Enfin, j’ai beaucoup revu Alice de Woody Allen, pour l’univers visuel et son côté un peu surnaturel (Alice devient invisible), qui, comme l’amnésie d’Eloïse sur son banc, est un contrat implicite avec le spectateur", ajoute-t-elle.
Une comédie romantique sous influences, et "existentielle", avec un casting réjouissant : autour de Sara Giraudeau, qui colle parfaitement à la douce fantaisie du personnage, on retrouve Grégoire Ludig (le Palmashow), Pierre Deladonchamps (L'Inconnu du lac, Les Chatouilles), Sarah Suco (Discount, Les Invisibles), Djanis Bouzyani (Tu mérites un amour), Doully (Comme des gosses, En même temps) et une petite apparition de Stéphane Guillon.