Issue du milieu expérimental et documentaire, Sophie Letourneur se tourne ensuite vers le cinéma de fiction, aimant mêler la fantaisie et la légèreté à un réalisme brut. Énorme, son quatrième long-métrage, ne déroge pas à la règle.
Le pitch prend déjà le contre-pied des situations habituelles : en effet, Claire, une pianiste virtuose, se fait faire un enfant dans le dos par Frédéric, son mari. Non sans susciter une polémique, le film s’ancre ensuite davantage dans un genre à la fois comique et horrifique, opposant des séquences d’improvisations du personnel hospitalier aux scènes de fiction, où s’illustrent Jonathan Cohen et Marina Foïs, comme on les a rarement vus.
L’absurde prend définitivement le dessus lorsque la grossesse devient une réalité physique, proche de la science-fiction. En miroir de la couvade de l’homme, le ventre de la femme gonfle jusqu’à prendre des proportions hors normes. Ainsi, le spectateur passe du rire au malaise, du malaise au rire.
Derrière cet humour grinçant, Sophie Letourneur aborde toutefois des sujets forts – le déni de grossesse, la surmédicalisation et la place des hommes -, appuyés par un format Polaroïd, participant à l’enfermement que ces thématiques supposent.
Énorme de Sophie Letourneur avec Marina Foïs, Jonathan Cohen, Jacqueline Kakou...
Ce soir sur Arte à 20h55