"Tout homme finit par rencontrer ce qu’il cherche à fuir". C’est par cette citation que commence le nouveau film d’Ali Abbasi, quatre ans après son prix Un Certain Regard pour son fabuleux long-métrage fantastique Border. Le réalisateur danois est aujourd’hui en Compétition avec Les Nuits de Mashhad, thriller pour lequel il renoue avec ses origines iraniennes en contant l’histoire de Saeed Hanaei, auteur d’une série de féminicides qui a bousculé l’opinion publique dans la ville sainte de Mashhad.
Questionner l'Iran
Malgré un changement de registre total par rapport à ses films précédents, Ali Abbasi prend à coeur d’insuffler une nouvelle fois une grande humanité à ses personnages, tous victimes d’une culture misogyne. En suivant les trajectoires de Saeed Hanaei, vétéran de guerre se sentant investi d’une mission divine en "nettoyant la ville du péché" par le meurtre de prostituées, et de la journaliste fictive Rahimi, tiraillée entre ses obligations et ses convictions, Ali Abbasi questionne la société iranienne dans toute sa complexité.
A hauteur d'homme
Par cette affaire tragique, pour lequel Saeed Hanaei était surnommé l’Araignée par la presse iranienne, Ali Abbasi rend compte d’une part sombre mais pas si cachée que ça du traitement des femmes dans la société iranienne grâce à un travail de documentation de plus d’une dizaine d’années. Sa multiplicité des points de vue et sa mise en scène à hauteur d’homme en font un thriller noir organique et bouleversant.
Les Nuits de Mashhad sort dans les salles françaises le 13 juillet 2022.