Acclamée dès la sortie de la première saison, Undone a su conquérir public et critique. Avec son utilisation brillante de la rotoscopie (une technique d'animation qui transforme des images réelles en animation), la série s'appuie sur le travail de ses acteurs tout en exploitant les innombrables possibilités offertes par l'animation.
Le résultat est un produit hybride façonnant l'espace et le temps à volonté pour véhiculer un message fascinant sur l'imperfection de l'être humain via la quête identitaire de son personnage principal Alma. Rencontre avec le réalisateur Hisko Hulsing, les acteurs Constance Marie (Camila Diaz), Angelique Cabral (Becca Diaz) et les showrunners Raphael Bob-Waksberg et Kate Purdy.
AlloCiné : Hisko, comment vous êtes-vous impliqué dans ce projet ?
Hisko Hulsing : Je tiens à souligner que ce n’est pas mon idée, je n’ai pas écrit cette série. J’en suis juste le réalisateur et le designer. J’ai tout fait dans ma vie, auparavant : du storyboarding, de l’animation, j’ai même parfois écrit de la musique pour mes productions. L’un des producteurs, Noel Bright, m’a approché avec l’idée de la série Undone créée par Kate Purdy et Raphael Bob-Waksberg.
A la lecture de ce projet je ne pouvais pas m’empêcher de rire et de pleurer, page après page. J’ai trouvé cette série tellement riche en thèmes touchant à la psychologie, aux maladies mentales et à bien d’autres sujets intrigants comme la perception de la vie. J’ai aimé cette ambiguïté entre le rêve et la réalité. Je crois que nous créons tous des histoires dans nos têtes, même si nous ne sommes pas schizophrènes. Cette série montre comment la réalité est parfois fort étrange.
C’est la seconde saison de cette série. En quoi est-elle différente de la première ?
Hisko Hulsing : Je crois que cette saison est plus ancrée dans la réalité, sans trop la révéler. Elle parle des traumatismes que l’on transmet d’une génération à l’autre. C’est un regard sur le passé pour tenter de déterminer ce qui a commencé à dériver, à ne plus fonctionner. Et ceci, afin de mieux comprendre ce qui stimule, ce qui motive le personnage d’Alma Diaz.
Elle tente d’entrainer Becca dans sa quête. Ce qui ressort de cette série, c’est que, ce que vous faites pour changer le cours de votre vie provoque des tragédies imprévisibles. Nos protagonistes semblent avoir des superpouvoirs mais ce ne sont pas des super-héros. Tout le monde dans cette famille a des faiblesses comme toutes les personnes de ce monde. C’est donc une étude sur les conséquences de vos actes. Parfois, dans la vie, on ne peut pas toujours tout solutionner.
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Kate Purdy : Je pense que cette fois-ci, nous passons plus de temps à explorer les notions de temps et d’espace. Comme l’a souligné Hisko, c’est également une étude sur les traumatismes générationnels. C’est incroyable de constater comment le passé définit notre présent et comment cela nous aide à mieux comprendre qui nous sommes et où nous nous situons dans ce monde.
Tout le monde a une perception différente de la réalité, et la réalité est, sans doute, la somme de toutes ces perceptions. C’est comme une conversation où, finalement, personne n’a la vérité ultime de la réalité. Tout est relatif. La réalité se révèle à nous lorsque toutes nos vérités se rencontrent pour un dialogue, en harmonie, avec chacun d’entre nous.
Raphael Bob-Waksberg : Je pense que l’on ressort différent après avoir visionné notre série. Cela va forcément changer votre perception de la réalité, de votre réalité. Sinon, ce qui a été différent pour nous, au niveau de la production de cette saison, ça a été le défi de la pandémie. Cela nous a forcés à être encore plus créatifs.
Constance Marie : Ce qui est nouveau c’est que nous allons plus en profondeur dans le passé de nos personnages pour mieux comprendre d’où ils viennent, qui ils sont et ce qui les motivent dans cette nouvelle saison. C’est un regard, également, sur l’impact de la souffrance psychologique qui touche d’une manière différente chaque génération qui la ressent.
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Angelique Cabral : Quant à moi, j’apprends à vivre avec mes nouveaux superpouvoirs et le secret de mon passé. Elle a aussi le pouvoir de voyager dans le temps et elle découvre comment cela peut avoir un effet sur une meilleure compréhension des divers conflits familiaux auxquels elle fait face. Ce sont des traumatismes générationnels et cela provoque des effets sur nos rapports affectifs. Comment pouvons-nous tourner la page sur ce passé qui nous hante toujours ?
Sur le plan visuel de l’animation, qu’est-ce qui est différent cette fois-ci ?
Hisko Hulsing : Pour moi, c’est un défi de mettre en scène à la fois les acteurs qui sont à l’origine des scènes animées que je dois créer pour arriver au produit final. L’année dernière je me suis cassé le bras gauche, heureusement que ce n’est pas le droit qui me permet de mettre en forme cette animation fort complexe.
Ce qui a changé c’est le travail en équipe qui est devenu tellement performant et efficace. Je trouve toujours le moyen de communiquer au reste des artistes ce que j’ai en tête pour que nous arrivions à un résultat consensuel. Le fait que nous ayons dû travailler chacun dans notre coin en raison du Covid a également été une approche différente.
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Constance Marie : C’est une série tellement innovatrice sur le plan de l’animation que pour nous, actrices, ce ne fut pas toujours simple de s’insérer dans ce processus complexe de tournage. Il nous a fallu faire preuve d’une grande imagination pour visionner dans nos têtes l’environnement dans lequel nous prétendons évoluer. Il faut faire également confiance à l’acteur avec lequel/laquelle vous êtes en interaction suivant telle ou telle scène. Ce n’est pas évident de jouer dans un univers où il n’y a ni décors, ni accessoires.
Angelique Cabral : Par contre, ce qui est libérateur, c’est que le processus de post-production vous fera ressembler à ce que le réalisateur a en tête. Donc vous n’avez pas à être préoccupée par votre apparence physique et votre maquillage. Cela vous permet de vous concentrer sur ce qui est écrit dans le script et sur la performance de votre jeu d’acteur. Nous n’avions aucune idée du résultat final. Mais je suis soufflée par ce qu’ils ont réussi à accomplir. Visuellement, cette série est un exploit créatif.
Quelle est la vision d’ensemble pour cette série, est-ce une trilogie ?
Raphael Bob-Waksberg : Est-ce que la vie a une vision d’ensemble et un plan pour le futur ? (rires) Non, nous n’avons pas, réellement, une parfaite idée de la direction dans laquelle nous allons. Nous abordons chaque saison d’une manière unique et indépendante et nous verrons bien où tout ceci nous mènera. Ce qui est certain c’est qu’il y a encore beaucoup de choses à explorer avec cette série. En fait, nos protagonistes nous entraînent dans une certaine direction et nous sommes prêts à la suivre.
Undone saison 2 est disponible sur Prime Video.
