Grande rétrospective organisée à la Cinémathèque française, documentaire Conversation avec Romy Schneider qui sera diffusé sur Arte le 31 mai prochain (et déjà disponible sur arte.tv); diffusion de Romy, femme libre, qui sera projeté à Cannes mais aussi sur France 3 le 20 mai; nombreux films diffusés sur les chaînes TV dont, tout récemment, la bouleversante et déchirante Passante du sans-souci, que nous avions évoqué ici...
C'est peu dire que cette immense actrice, au destin aussi romanesque qu'absolument tragique, est présente partout depuis quelques temps. A raison d'ailleurs. Le 29 mai prochain, nous commémorons les quarante ans de sa brutale disparition, laissant orphelins des millions de cinéphiles inconsolables.
Actrice solaire et caméléon, très engagée, brisée aussi, épuisée d'avoir affronté de nombreux drames pesonnels. Elle avait su attirer à elle le regard de nombreux grands cinéastes, parmi lesquels le regretté Bertrand Tavernier, qui lui confia le rôle titre dans un très grand film : La Mort en direct.
L’histoire d’un homme (Harvey Keitel) qui a une caméra greffée dans le cerveau et qui filme tout ce qu’il regarde. Et l'histoire aussi d’une femme, Katherine Mortenhoe, qui s’enfuit pour "mourir libre". Voulant échapper aux Médias, en l’occurrence une émission de télévision, elle ne sait pas qu’elle est aidée dans sa fuite par celui-là même qui la filme...
Roissy Films
Tourné en 1979, dénonçant les dérives d’une télévision voyeuriste, le film était incroyablement visionnaire, et reste aujourd'hui plus que jamais d’actualité. Les producteurs furent dans un premier temps réticents à l'idée d'engager Romy Schneider, qui ne semblait pas les convaincre dans le rôle d’une mourante. Mais Tavernier parviendra à imposer ses choix et le film, beau succès critique et public, doit beaucoup à ses deux interprètes.
Romy Schneider que l’on croyait trop "pleine de vie" pour incarner une mourante, se glisse à merveille dans la peau de Katherine, une jeune femme qui refuse toute forme d’apitoiement et cache en elle une terrible blessure. Ce rôle prend une dimension d’autant plus tragique lorsque l’on sait qu’un an après la sortie du film, Romy Schneider perdra son fils David, mort dans des conditions particulièrement douloureuses.
Lorsque le film est ressorti en salle en 2013 dans une très belle copie restaurée, Bertrand Tavernier avait évoqué, avec une vive émotion, ses souvenirs de tournage avec la comédienne, dans une interview donnée à TV5MONDE. Une émotion d'autant plus vive qu'il n'avait justement pas revu -s'était refusé même à le revoir- le film depuis des années.
"Romy avait voulu tourner avec son fils peu de temps avant sa mort" racontait le cinéaste, en appui de cette scène dévoilée ci-dessous..
"Elle avait voulu qu'il soit dans cette petite scène, où elle le sert dans ses bras; je l'avais filmé, et pendant très longtemps j'ai eu du mal à revoir le film, parce que je pensais à ce qui lui était arrivé, à sa mort. Je pensais à tous ces jours merveilleux qu'il a passé avec nous, avec l'équipe, qui l'adorait. [...] Romy m'a appris énormément de choses. Elle tenait tellement à ce qu'on respecte sa liberté... Elle a vu dans ce film une manière de parler d'elle, de son combat pour la liberté, ce combat qu'elle menait aussi constamment contre ses fantômes. Contre le passé, contre sa mère..."
