En 1995, La Haine sort au cinéma et bouscule le pays. Son sujet, ses acteurs, son noir et blanc et des scènes cultes en ont fait un classique instantané. 27 ans plus tard, le film de Matthieu Kassovitz est toujours d’actualité.
L’histoire d’une génération oubliée
Abdel Ichah, seize ans est entre la vie et la mort, passé à tabac par un inspecteur de police lors d'un interrogatoire. Une émeute oppose les jeunes d'une cité HLM aux forces de l'ordre. Pour trois d'entre eux, ces heures vont marquer un tournant dans leur vie...
Une génération d’acteurs
A l’affiche de ce film qui a l’effet d’un uppercut, Matthieu Kassovitz s’est entouré d’acteurs de choix pour composer un trio de choc qui a marqué toute une génération. Vinz (Vincent Cassel), Saïd (Saïd Taghmaoui) et Hubert (Hubert Koundé) forment ce trio, des amis d’Abdel. L’un est juif et désireux de venger son ami de la police ; l’autre est noir, au caractère pacifiste et avec des envies d’ailleurs pour une vie meilleure ; et le troisième, maghrébin, tente de jouer les médiateurs entre ses deux amis.
La Haine a lancé la carrière de ces acteurs qui avaient la vingtaine au moment de la sortie du film. Vincent Cassel s’est imposé au sein du cinéma français comme une valeur sûre, alternant les rôles d’hommes complexes, violents et de bad guys de Dobermann à Sur mes lèvres en passant par Mon roi.
Saïd Taghmaoui, de son côté, embrasse rapidement une carrière internationale en tournant dans Les Rois du désert, Lost ou encore Wonder Woman. Bien que nommé pour le César du meilleur espoir masculin pour son rôle dans La Haine, Hubert Koundé a une carrière en demi-teinte. Il enchaîne les rôles secondaires au cinéma et à la télévision (The Constant Gardener, Braquo).
Un film toujours actuel
La question des violences policières et le désintérêt politique pour la jeunesse des banlieues restent inchangés à ce jour. 27 ans plus tard, le film n’a rien perdu de sa puissance ni de sa pertinence. Et ce n’est pas un hasard si en 2020, La Haine est ressortie en salles pour les 25 ans du film.
En 2015, Matthieu Kassovitz était interviewé par Télérama pour les 20 ans et est revenu sur ses motivations à faire ce film : "Je n'ai pas fait un film contre les policiers, mais contre le système policier. Ils devraient avoir dix ans de formation, les flics, avant qu'on leur donne un flingue. Il faudrait qu'ils soient bien payés, qu'ils aient des locaux vivables. Il y a parmi eux un taux de suicides énorme.
Ceux qui entrent dans la police parce qu'ils veulent faire régner l'ordre, au sens noble du terme, s'aperçoivent très vite que ça ne marche pas comme ça. Entre les jeunes et la police, entre les jeunes et la société, le respect s'est perdu. Si les politiques respectaient la banlieue, la banlieue respecterait les politiques."
La Haine est désormais disponible sur Netflix.