Allociné : Ce journal intime vidéo n’a pas vraiment vocation à parler de ses camardes mais plutôt à exprimer le profond mal être d’Hortense qui est la boulimie. Que pouvez-vous nous dire là-dessus ?
Catherine Davydzenka : J’ai dû faire beaucoup de recherches pour comprendre les troubles du comportement alimentaire. Malheureusement, c’est quelque chose qui m’a touchée personnellement puisque que j’ai des amis qui ont fini hospitalisés à cause de ces troubles. Donc j’ai vu et vécu cela de près.
J’ai choisi de ne surtout pas rendre cette chose banale, jolie ou encore sexy. Je ne voulais pas que ce soit contre-productif là-dessus. C’est pour cela qu’on va voir petit à petit une détérioration, même physique, du personnage.
On voit déjà à l’écran qu’elle est un peu plus creusée, qu’elle est un peu plus mal, un peu plus pale, moins maquillée. Moins tout. C’était une volonté en fait. Je ne voulais surtout pas qu’on dise qu’elle était boulimique mais jolie. Ce n’était pas du tout le but. Ça me tenait à cœur de défendre ce sujet correctement et avec le plus de réalisme possible.
De mon propre chef et avec de l’aide, j’ai décidé de perdre du poids pour pouvoir avoir cet aspect plus creusé à l’écran au fur et à mesure des épisodes. J’ai été encadrée, ça n’a pas du tout été fait à l’arrache et ce n’est surtout pas à reproduire seul.
J’ai eu cette intrigue en main quelques mois avant. J’ai donc pu entamer une sorte de processus pour mon personnage.
Hortense est un personnage plutôt bien entouré. Pourquoi se livre-t-elle dans des vidéos et non à ses amis ?
Parce que la boulimie est une maladie qui nous fait avoir honte de nous sur beaucoup de choses. Il y a un profond mal être psychologique qui rejaillit sur le physique. C’est quelque chose dont on ne parle pas tout simplement parce qu’on a honte. Et quand on a profondément honte de quelque chose, même les plus proches ne le savent pas. C’est bien là le problème.
Hortense a honte mais elle fait l’autruche aussi. Je pense qu’elle sait qu’elle a un problème mais vous allez le voir aussi par la suite, elle dit souvent que c’est honteux et qu’elle se dégoûte. Ce sont des mots forts et très durs. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut juste assumer. C’est très compliqué d’en arriver là.
Mehdi (Marvin Pellegrino) n’est pas au courant de tout cela. Quelles vont être les répercussions sur leur couple ?
Ce problème chez Hortense n’est pas récent, c’est juste que c’était contrôlable jusque-là. En fait, c’est un souci qu’elle avait en étant jeune et qu’elle avait vaincu mais qui a ressurgit dans sa vie cette dernière année. Le problème c’est que ça peut prendre huit mois voire un an avant que certains traits physiques ne se creusent. C’est très lent en fait.
Même si elle le cache à Mehdi, pour Hortense, ils sont quand même en couple et je pense qu’inconsciemment elle lui en veut. Pas énormément. En tout cas c’est comme ça que j’ai construit le truc pour la suite. On connaît Mehdi, il est très ambitieux. Il essaie de montrer tout l’amour qu’il porte à Hortense mais c’est un personnage qui est un peu sur lui. Le fait qu’il n’ait pas vu son mal être veut dire énormément de choses aussi.
Peut-on dire que leur couple est en danger ?
S’il y a des vidéos sur tout l’institut, il y en aura fatalement sur lui aussi. Quelle sera sa réaction ? Quelle sera sa réaction face à la maladie Hortense ? Comment va-t-il comprendre ou non la situation ? Ça reste à voir.
A travers votre personnage, la série aborde souvent des thèmes de société forts. L’année dernière, Hortense a été au cœur de l’intrigue "Sugar Daddy" qui explorait l’escorting chez les jeunes. Plus récemment, on l’a vue épauler Mehdi dans sa lutte contre son cancer et aujourd’hui, Hortense s’apprête à se livrer sur sa boulimie. En tant que comédienne, est-ce important pour vous de pouvoir aborder des thématiques importantes à une heure de grande écoute ?
Beaucoup. C’est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur. A chaque fois qu’on me donne un sujet, je le travaille en long, en large et en travers. Je fais en sorte de creuser et de comprendre pour pouvoir retranscrire les choses au mieux et provoquer peut-être les prises de conscience qu’il faut. Que ce soit chez un parent qui va peut-être faire plus attention à ce qui se passe dans la vie de ses enfants. Que ce soit chez les jeunes qui m’écrivent des lettres en me disant que cela les a « sauvés » en quelque sorte de la dépression. Pour moi, c’est très important.
C’est aussi pour ça que je fais ce travail. Bien sûr que c’est joli et sympathique de jouer des scènes d’amour ou de romance mais ce qui m’importe le plus c’est que ça ait une utilité, que ça retentisse, que ça rejaillisse. Qu’il y ait des choses qui soit prises en compte et peut-être plus considérées par la suite.
Les troubles du comportement alimentaire, c’est malheureusement un sujet de notre époque. Beaucoup de personnes en souffrent, très peu de personnes le savent et encore moins le disent avant qu’il ne soit trop tard. C’était vraiment un honneur de pouvoir défendre ça.
L’année dernière, on a eu l’occasion de voir le père d’Hortense. Les scénaristes envisagent-ils de faire revenir ses parents à l’avenir ?
On pourrait. Son papa étant médecin, c’est fort probable [rires].
Après cette intrigue qui sera consacrée à votre personnage, une nouvelle catastrophe va rythmer Ici tout commence. Que pouvez-vous nous dire sur le bal de promo de l’institut ?
Pas grand-chose. J’étais tellement concentrée sur le personnage et le sujet de la boulimie et des troubles du comportement alimentaire que je n’ai pas trop fait attention à ce qu’il se passait par rapport à la suite. Je n’y suis pas très présente.
Avez-vous d’autres projets en dehors d’Ici tout commence dont vous aimeriez nous parler ?
Il y a des petites choses qui se profilent. J’ai des projets personnels artistiques différents. Je mets en place une exposition de peinture sur le thème des émotions. C’est une exposition prévue d’ici la fin de l’année. En ce moment, je travaille là-dessus ainsi que sur mon livre aussi.