La Culture ne devrait-elle pas bénéficier d’un ministère régalien ?
Dès lors que la Culture constitue dans mon projet le socle du pacte républicain, un ministère dédié s’impose, avec les moyens pour remplir ses missions. Plus que le fait de savoir s’il faut qu’il soit régalien ou non, il me semble important de considérer désormais la politique culturelle non plus uniquement comme une politique sectorielle, mais comme une politique transversale : au cœur de la politique d’aménagement des territoires, au cœur de la transition écologique, au cœur des questions sociales, d’éducation, d’habitat et de solidarités.
Le cinéma est-il forcément un art politique ? Que vous inspire la récupération qui peut se faire autour d’une œuvre, comme "Bac Nord" récemment ?
Je ne crois pas. En tout cas, il n’a pas à l’être pour exister. Certains films sont très engagés, d’autres traitent de problématiques politiques pour amener le spectateur à prendre conscience d’une réalité, d’autres peuvent être des gestes esthétiques. Parfois, tout peut s’imbriquer. Une nouvelle fois, chaque réalisatrice, chaque réalisateur a la liberté de construire son récit comme elle ou il le veut. Néanmoins, je crois qu’il existe une corrélation importante entre l’état d’une société et les maux qui l’affectent, et les créations des artistes-auteurs. Une œuvre est toujours le produit d’un environnement particulier.
Concernant la récupération politique de Bac Nord par l’extrême-droite, j’ai noté que le réalisateur, Cédric Jimenez, l’avait qualifiée de "déplorable". Je n’ai rien d’autre à ajouter. Il n’y a aucun problème à ce qu’un film soit politique ; en revanche, il convient toujours de déconstruire les interprétations/récupérations politiques qui en sont faites.
Le cinéma et les séries ont-ils entre autres pour vocation, selon vous, d’aider à faire "bouger les lignes" sur des problématiques sociétales (parité, diversité…) ?
C’est naturellement le cas, mais sans que ce soit un but en soi ou une vocation. La liberté créative est un principe cardinal qui doit être respecté.
Mais il est évident que les séries et les films, en particulier ces dernières années, ont participé à un éveil, voire un réveil, des consciences salutaires qui doit être traduit politiquement. Je pense ici à la question de la condition des femmes dans notre société, aux discriminations de toute nature qui la traversent, au sentiment de relégation sociale, économique, territoriale et culturelle ressenti par nos concitoyens. La résolution des tensions, notre capacité à construire un avenir commun nous appartient. Que se passe-t-il après l’ultime image du chef-d’œuvre Les Misérables ? C’est à nous de le définir collectivement.
Candidate... et spectatrice
S’il fallait donner un titre de film ou de série à cette campagne…
La série politique Borgen. Pour la place des femmes, le spectacle permanent et la détermination à porter ses convictions.
S’il fallait donner un titre de film ou de série à votre programme…
Demain et Après-Demain de Cyril Dion. Nous savons ce qui va se passer si rien n’est fait mais... nous avons l’opportunité d’agir. Ensemble, nous pouvons changer d’avenir.
Une réplique de film ou de série qui vous inspire…
"Les pauvres c’est fait pour être très pauvre et les riches très riches !" (Louis de Funès dans La Folie des grandeurs).
Un personnage de film/série qui vous inspire…
Brigitte Nyborg, l’héroïne de Borgen.
Pour quel Président·e à l'écran auriez-vous voté ?
Josiah Bartlet (Martin Sheen) dans A la Maison Blanche
Le meilleur film politique ?
Ma part du gâteau de Cédric Klapisch. Pour son regard sur la violence et le mépris social, mais aussi sur l’action collective.
La meilleure série politique ?
Le Bureau des légendes. Pour sa mise en scène des rapports de force et des choix impossibles. On y voit des femmes et des hommes engagés pour leur pays, qui cherchent à faire les meilleurs compromis. C’est à dire accepter d’agir, donc de prendre des risques, sans verser dans la compromission.
Votre premier souvenir de spectateur ?
Les Temps modernes de Chaplin, dans le cinéma du quartier de Vaise à Lyon. J’avais 8 ans.
Votre film culte ?
Votre série culte ?
Votre dernier coup de cœur cinéma/série ?
Une musique de film/série pour travailler ou réfléchir ?
Les musiques d’Alberto Iglesias, le compositeur des musiques des films de Pedro Almodovar. En particulier celles de Tout sur ma mère et Parle avec elle.
Anne Hidalgo (Parti Socialiste)
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Note de la Rédaction d'AlloCiné
A l'occasion de l'Election Présidentielle 2022, AlloCiné donne la parole aux douze candidats et candidates engagées dans la course à l'Elysée, avec la collaboration de Camille Marigaux, journaliste Culture, Politique et International à France Culture et RFI.
Le même questionnaire a été soumis à toutes les personnes en lice. Nous publierons chaque jour les réponses d'un ou d'une candidate, selon l'ordre déterminé par le tirage au sort officiel*. Un article thématique, regroupant les réponses et propositions des différents candidats et candidates sur des sujets liés à la chronologie des médias et au piratage, sera également proposé sur notre site d'ici le 8 avril 2022.
*les réponses d'Emmanuel Macron, en troisième position selon le tirage au sort du Conseil Constitutionnel, ne nous sont pas parvenues dans les temps. Elles seront publiées dès réception.
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