Réalisateur du premier épisode de Reacher, Thomas Vincent revient avec nous sur cette expérience américaine au sein d’une grosse production. Quels sont les enjeux et les défis à relever quand on ouvre le bal ? Réponse avec l’intéressé.
Reacher, une série créée par Nick Santora avec Alan Ritchson, Malcom Goodwin, Maria Sten… Disponible sur Amazon Prime Video.
AlloCiné : Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
Thomas Vincent : De manière très simple, Amazon m’a envoyé un scénario via mon agent. Et voilà. J’étais sur un long-métrage qui venait de s’arrêter pour X raisons. Et l’idée me faisait rire. Ça faisait longtemps que j’avais envie de travailler sur ce genre de production. Je voulais voir ce que ça faisait.
Vous avez travaillé avec Canal+ pour Versailles, la BBC pour Bodyguard. C’est la première fois que vous travaillez avec les Américains ?
Oui, c’était la première fois que je travaillais sur ce genre de grosses productions. Reacher est un personnage plutôt drôle. J’étais plutôt curieux de voir ce qu’on pouvait arriver à en faire dans ce contexte-là. Je suis donc venu faire le premier épisode et c’était super intéressant.
Le premier épisode, ce n’est pas rien. Vous êtes le garant de la charte esthétique de la série.
Oui en effet, les réalisateurs qui arrivent après, suivent le chemin tracé. Et là c’était assez excitant d’être partie prenante dans le casting, d’aider à établir l’esthétique. Après, c’est une telle énorme machine qu’il y a beaucoup des choses qui étaient déjà lancées avant que j’arrive. La construction de la petite ville de Margrave, par exemple, était déjà en cours. C’est entièrement un décor.
Côté casting, Alan Ritchson était déjà là bien avant moi. Mais pour tous ceux qui sont présents dans mon épisode, j’étais impliqué dans le casting. Je faisais passer les essais. C’est très à l’américaine. En plus, avec le Covid, j’étais dans mon appartement à Toronto, et les acteurs étaient à New York, à Los Angeles… Les producteurs aussi. Et moi je faisais passer les essais et après j’en parlais avec le showrunner et le producteur. Le producteur passait après à Amazon. C’est un autre process. Mais c’est très excitant et très drôle à faire.
La ville de Margrave est donc une ville fictive. Ça s’est tourné où ?
À côté de Toronto. En fait, ça se passe en Géorgie mais au moment où ils devaient tourner, en Géorgie ils ne mettaient pas de masque. Ils faisaient n’importe quoi. Donc les assurances ne voulaient pas assurer le tournage là-bas. Comme Amazon voulait absolument sortir la série au début de cette année, ils ont cherché une autre solution et ils se sont retrouvés aller tourner là où c’était possible. Entre autres, parce qu’au Canada les gens ne font pas n’importe quoi. Du coup, ils ont dû construire une ville au milieu des champs. C’était très très impressionnant.
Toronto et la Géorgie, ce n’est pas tout à fait le même climat, ni la même lumière… Comment vous êtes-vous débrouillé dans ces conditions ?
Ça n’a pas été simple. Comme j’ai fait le premier épisode, on a tourné en avril. Et à Toronto au mois d’avril, on n’est pas loin de l’hiver quand même. Donc les arbres n’avaient pas encore de feuilles. Elles sont toutes été rajoutées digitalement. Non, c’était assez compliqué. On avait froid en fait. (rires)
Combien de temps a duré le tournage ?
C’était étalé parce qu’il y avait des éléments qui se mélangeaient avec les autres épisodes. Mais j’ai tourné sur trois semaines à peu près. Un rythme de tournage de série, c’est en gros 12 jours pour un épisode. Là, pour le pilote, ce n’était pas tout à fait comme d’habitude. On avait deux équipes, ça a été un peu plus long. Mais j’ai beaucoup préparé la mise en place des décors, celle de tous les costumes… Toute la direction artistique.
Vous avez donc un statut de producteur exécutif ?
Oui, tout à fait. Et donc, j’ai passé deux mois et demi, trois mois en préparation pour tourner un peu plus de deux semaines. Mais c’était intéressant pour moi, un réalisateur français de faire cette expérience. C’est une autre économie.
C’est quoi la marche créative qui reste là-dedans ? Ça ne va pas de soi. Ça a des côtés frustrants. Et en même temps, il reste vraiment des choses. Et oui, j’ai le sentiment que c’est moi qui l’ai fait ce truc-là. (rires) Ce ne serait pas pareil si ça avait été fait par quelqu’un d’autre, je suis assez content de ça.
Quelle scène a été la plus compliquée à tourner ?
La scène d’ouverture dans le diner était un vrai enjeu parce qu’il reste muet pendant près de 10 minutes. Tout le début était un vrai challenge de réalisation, de travail avec Alan. Comment introduire ce personnage… Avec quelque chose d’un peu ambigu, parce que c’est à la fois un personnage qu’on n’est pas censé connaître et que les trois quarts des spectateurs connaissent déjà. Mais ça a été très intéressant à faire.