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    Canal + et le cinéma français parviennent à un accord sur la chronologie des Médias
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Le groupe Canal+, principal bailleur de fonds du cinéma français, est parvenu à un accord avec les représentants de la filière, qui permet à Canal de rester le principal financeur du secteur, et d'obtenir des garanties sur la chronologie des médias.

    Financeur historique du 7e Art en France, le groupe Canal + et la filière cinéma français ont annoncé ce jeudi la signature d'un accord qui permet à Canal de rester le principal bailleur de fonds du secteur, tout en obtenant des garanties sur la brûlante question de la chronologie des médias. Celle-ci régit les dates auxquelles les films peuvent être diffusés, en ligne et à la télévision notamment, dans les mois qui suivent leur sortie au cinéma. Ces règles, qui doivent protéger la création, sont l’objet d’intenses négociations depuis l’essor des plates-formes de streaming, qui bouleversent la donne.

    L’accord annoncé jeudi est une étape importante, mais ne met en aucune façon fin aux âpres négociations autour de la chronologie des médias, qui doivent théoriquement prendre fin ce mois-ci. L'accord pourrait prolonger "jusqu’en 2024 au moins" le partenariat entre Canal+ et la filière cinéma français, et prévoit un "investissement garanti de plus de 600 millions d’euros pour les trois prochaines années dans le cinéma français et européen pour Canal+ et Ciné+". Soit 200 millions € par an, reconductibles tacitement.

    En échange, Canal+, pourrait diffuser les films six mois seulement après leur sortie en salles, et en exclusivité pendant neuf mois minimum. "Dans la dernière ligne droite, Canal aurait obtenu que les chaînes gratuites ne puissent pas proposer plus de dix films à un instant « t » sur leur plateforme de rattrapage" rapporte le journal Les Echos. "C'est l'aboutissement d'une négociation professionnelle qui confirme la place de Canal aux côtés du cinéma" a déclaré Alain Sussfeld, directeur général du groupe UGC, cité par Les Echos.

    Les menaces

    "Les signataires appellent de leurs vœux l’adoption de la nouvelle chronologie des médias proposée par les organisations du cinéma et un aménagement de la réglementation par les pouvoirs publics pour que cet accord entre en vigueur le plus vite possible et sécurise de façon pérenne le financement de la filière" lâche le communiqué accompagnant l'annonce de la signature de l'accord.

    C'est que Canal+ joue très gros, alors même que les plateformes de streaming comme Amazon Prime, Netflix, Disney+, et très bientôt HBO Max, doivent désormais participer au financement de la création française, et en particulier du cinéma - entre 50 et 80 millions d'euros par an environ-, en vertu de la transposition d'une directive européenne, baptisée SMA.

    Acronyme de "Services de Médias Audiovisuels", celle-ci vise notamment à assouplir les restrictions applicables à la télévision, et à étendre certaines règles audiovisuelles aux plateformes de partage de vidéos ainsi qu’au contenu audiovisuel partagé sur certains services de médias sociaux. 

    En contrepartie, le gouvernement poussait pour que ces plateformes de streaming puissent diffuser les films pas trop longtemps après leur sortie en salles, contre trois ans aujourd'hui. Les plateformes qui doivent encore conclure un accord avec le monde du cinéma pourront, elles, diffuser les films quinze mois après la sortie en salles, au lieu de douze initialement envisagés.

    Contacté par l’Agence France-Presse, Netflix n’a pas souhaité réagir, indiquant devoir "d’abord prendre connaissance de l’accord". Tous doivent s’accorder d’ici la fin de l’année, pour de nouvelles règles qui entreraient en vigueur au premier trimestre 2022, sans quoi la balle sera dans le camp du gouvernement pour trancher.

    Pour mémoire, en septembre dernier, Disney laissait planner la menace de boycotter les salles de cinéma en France. Et ce n'était pas parce que la firme ne croit plus au grand écran; c'était pour éviter les contraintes de la chronologie des médias française. De nombreux spécialistes estimaient qu'il s'agissait d'un coup de bluff. Il n'empêche. Cela reste une bonne illustration de la nervosité des acteurs sur le sujet. A suivre. De près, forcément.

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