Idiocracy fait partie de ces films au succès improbable et impossible à prévoir. Quand cette comédie de Mike Judge sort en 2006, elle est accueillie avec des ricanements et une bonne dose de mépris. Le créateur de Beavis et Butt Head – et c’est une indication du ton d’Idiocracy – livre un film sur le triomphe de la bêtise crasse mais est, à ce moment-là, incompris.
Mais d’abord, rappelons le pitch : Joe Bowers, l'Américain moyen par excellence, est choisi par le Pentagone comme cobaye d'un programme d'hibernation, qui va mal tourner. Il se réveille 500 ans plus tard et découvre que le niveau intellectuel de l'espèce humaine a radicalement baissé et qu'il est l'homme le plus brillant sur la planète...
Joe Bowers, incarné par Luke Wilson, n’a rien d’une lumière. Dans un autre film de science-fiction, où on sélectionnerait un groupe d’humains pour peupler une autre planète ou juste pour garantir la survie de l’humanité, il n’aurait aucune chance d’être choisi. Et donc, pour qu’il apparaisse comme l’homme le plus brillant de la planète après 500 ans d’hibernation, c’est que le niveau général est au ras des pâquerettes.
On parle d’un film méchamment débile mais ô combien clairvoyant. Et les cinéphiles ont commencé à en prendre conscience lors de la présidence de Donald Trump aux Etats-Unis. Car dans Idiocracy, un guignol de la télévision, joué par Terry Crews, est élu à la Maison-Blanche. Il est brutal et bas de plafond, soigne une apparence ridicule et dispose d’un langage plus que limité.
C’est un monde où les écrans ont envahi la vie des gens et où triomphe la société du divertissement. La moyenne intellectuelle a régressé à un niveau désespérant. Force est de constater que, comme dans le film, cette société du divertissement empiète de plus en plus sur notre monde, avec notamment l’avènement de la téléréalité. Une manne financière facile qui justifie tous les compromis.
Mais on constate pourtant les mêmes effets que dans Idiocracy : un appauvrissement du langage et des interactions humaines réduites à des besoins primaires.
Idiocracy est une satire, elle force le trait mais ce n’est que pour mettre une évidence une réalité que l’on peine à voir. Un film à (re)voir sans modération.