1- Grâce à Dieu
Ours d'argent à Berlin, César du Meilleur acteur dans un second rôle pour Swann Arlaud, Grâce à Dieu de François Ozon se place du côté des victimes d'agressions sexuelles en s'inspirant largement de l'affaire Preynat, dont le procès était en cours lorsque le long métrage est arrivé dans nos salles.
Grâce à Dieu aborde la difficile reconstruction des victimes d'agressions sexuelles, la façon dont une agression survenue durant l'enfance et enfouie dans l'inconscient peut ressurgir à tout moment d'une vie d'adulte, briser des vies et se transformer en colère face au silence de l'Eglise, qui a couvert les faits.
A travers les portraits de quatre victimes aux destins et ressentis différents (Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud et Eric Caravaca formidablement dirigés), c'est aussi la sensibilité masculine qui est évoquée, et des hommes fragilisés à jamais.
2- Spotlight
Ce film retrace l'enquête du Boston Globe qui a mis à jour un scandale pédophile sans précédent au sein de l’Eglise catholique. Une équipe de journalistes d’investigation, baptisée Spotlight, a enquêté pendant 12 mois sur des suspicions d’abus sexuels, et c'est avant tout ce travail que filme Tom McCarthy.
Spotlight s'attache à décrire les moindres détails d'une enquête qui, partie d'une agression survenue à Boston, va mettre en lumière le fait que l'institution religieuse a étouffé des affaires survenues précédemment grâce à des arrangements financiers avec les parents des enfants abusés.
Les journalistes vont aussi découvrir que les prêtres bostoniens accusés de pédophilie sont beaucoup plus nombreux que ce qu'ils imaginaient.
Le long métrage remportera l'Oscar du Meilleur film et du Meilleur scénario original, et figure haut placé dans la liste des grands films d'enquête journalistique du cinéma américain.
3- Kler
Après les points de vue français et américain, voici un film polonais dressant le portrait de trois prêtres de l'Eglise catholique : un curé d'une petite ville, un curé d'un petit village et un membre haut placé de la hiérarchie cléricale. Au fil d'une discussion, chacun va révéler ses péchés, son hypocrisie et son cynisme.
Kler n'y va pas de main morte en abordant de façon frontale trois tabous, chacun représenté par l'un des religieux. Le premier est pédophile, le deuxième amoureux d'une femme qui tombe enceinte et à qui il demande d'avorter et le troisième est prêt à tout pour gravir les échelons jusqu'au Vatican.
Le réalisateur Wojciech Smarzowski évite d'évoquer la faiblesse des hommes et accuse plutôt la société dans son ensemble, davantage que l'Eglise en tant que telle. Scandale en Pologne au moment de sa sortie en 2018, le film est aussi l'un des plus grands succès au box-office du pays.
Le film est actuellement disponible sur Netflix.
4- La Mauvaise éducation
Pensionnaires dans une école religieuse espagnole, Ignacio et Enrique découvrent leurs premiers émois amoureux. Les deux garçons sont cependant terrifiés par le directeur de l'établissement, le père Manolo. Des années plus tard, les trois hommes vont se recroiser, et pas vraiment par hasard.
Pedro Almodóvar est un cinéaste trop original pour signer un pamphlet anti-clérical frontal, et choisit la forme du film noir pour questionner le passé et une enfance sous l'emprise d'un prêtre-éducateur (le père Manolo) qui va commettre des abus sexuels.
Pour se confronter à ses souvenirs de l'Espagne des années 60 sous la dictature franquiste, Almodóvar ne choisit pas entre rêve et réalité et mêle avec gourmandise les deux, comme pour se cacher à lui-même la noirceur de son sujet. Le spectateur n'est pas dupe.
5- Doute
Sorti en 2009 dans les salles françaises, Doute raconte comment un prêtre de paroisse (Philip Seymour Hoffman), entraîneur de basket, est soupçonné d'avoir fait des attouchements sur un garçon noir de douze ans. La soeur Aloysius (Meryl Streep), directrice de l'école, a des doutes sérieux sur la moralité du prêtre et va tout faire pour le démasquer. Mais est-il vraiment coupable ?
Comme Soupçons l'avait fait avant lui, Doute explore justement ce que représente le fait d'avoir un doute, et les conséquences que cela peut avoir sur les relations interpersonnelles ou la vie professionnelle de chacun.
Le réalisateur John Patrick Shanley n'est pas Alfred Hitchcock, et traite ce qui était une pièce de théâtre quasi comme telle, avec en plus une mise en scène "clinique" qui met certes en valeur ses comédiens mais augmente le malaise entre les deux personnages, ce qui peut décontenancer les spectateurs. Restent des acteurs brillants et un sujet évidemment fort, et d'actualité.