Elvira Lambert a fait exploser sa famille en s’inventant un cancer. Rejetée par les siens, elle s’est installée dans la chambre d'amis de la maison de ses voisins et épie les moindres faits et gestes de ses proches.
De leur côté, chacun tente péniblement de se reconstruire. Patrick, prostré, se traîne dans un peignoir crasseux, incapable de gérer le quotidien. Il accepte à contrecœur l’aide intéressée de Sandrine, qui le poursuit de ses avances. Sam s’éprend de Renan, un élève d’hypokhâgne aux prétentions littéraires, tandis que Carole est fascinée par Lorenzo, un prétendu cousin éloigné qui s’immisce chez eux.
Mais alors que les vacances de Noël approchent, Elvira doit quitter sa tanière et se retrouve sans domicile. Qui est ce mystérieux Lorenzo qui a fait irruption dans sa vie ? Va-t-il l’empêcher de reconquérir les siens ou l’aider à dénouer son passé ?
Mytho saison 2, créée par Fabrice Gobert, Anne Berest
Avec Marina Hands, Mathieu Demy, Marie Drion...
Chaque jeudi à 20h55 sur Arte et en intégralité sur arte.tv
Après le mensonge, la vérité
Avec deux temporalités distinctes divisées par une ellipse, cette saison 2, plus sombre et plus périlleuse dans sa narration, explore la difficulté de refaire famille après l'éclatement provoqué par la révélation du mensonge, et montre sur quel fragile socle de non-dits son équilibre peut reposer.
Alors que la saison 1 explorait les ravages du mensonge au sein de la famille, après qu'Elvira (Marina Hands) s'est inventé un cancer du sein pour recapter l'attention des siens sur la détresse qui la rongeait, cette saison 2 se focalise cette fois sur les conséquences de la vérité, après la déflagration qui a suivi son aveu.
Les deux créateurs de la série, Anne Berest et Fabrice Gobert (qui signe également la réalisation), se décentrent du personnage d'Elvira pour scruter l'ensemble de sa famille à la loupe. L'occasion de dissiper l'opacité autour du passé de l'héroïne avec l'arrivée du personnage de Lorenzo (Luca Terraciano), qui injecte beaucoup de noirceur et de chaos à la série qui alternait jusqu'ici entre légèreté et gravité.
En revanche, si la famille d'Elvira fait bloc et la rejette suite à sa trahison, les mensonges qu'ils se racontent à eux-mêmes finissent par leur exploser au visage.
Des personnages sous emprise
Sam (Jérémy Gillet) brûle d'un amour toxique pour Renan (Théo Augier), un garçon qui n'assume pas son homosexualité et l'utilise selon ses humeurs. Carole (Marie Drion) développe des sentiments pour ce mystérieux Lorenzo, qui se présente comme un cousin éloigné.
Enfin, Patrick (Mathieu Demy) se complait dans son laisser-aller et nourrit une rancune tenace contre Elvira, en oubliant bien vite qu'il la trompait depuis des années avec la pharmacienne (Linh-Dan Pham) avant qu'elle ne lui annonce son supposé cancer.
Le thème de l'emprise se retrouve aussi à travers le personnage de Sandrine (Marie Bouvet), sorte d'inversion machiavélique d'Elvira prête à vampiriser la famille Lambert. Un thème également illustré de façon directe lorsque Carole et sa jeune soeur Virginie (Zélie Rixhon) trouvent un semblant de refuge auprès de Mme Ménard (Catherine Mouchet), dirigeante d'une secte aux méthodes de purification douteuses qui sévit dans leur quartier.
Etrangeté caractéristique de l'univers décalé de la série, la secte sert ici de satire à la sphère familiale et à l'aliénation de l'individu par le groupe. Mais Mytho n'épargne pas le monde du travail non plus à travers la névrose obsessionnelle de M. Brunet (Yves Jacques), l'ex-patron d'Elvira qui lui réserve de nouvelles déconvenues.
Si cette nouvelle saison semblera plus âpre, voire plus cruelle à ceux et celles qui avaient apprécié son ton à la fois pop et cinglant, on prend plaisir à retrouver cette galerie de personnages singuliers, dont certains gagnent en sympathie dans leur continuité : la prestation de Mathieu Demy dans le rôle de Patrick, aussi pitoyable que touchant, donne une profondeur inattendue au personnage.
Assurément l'une des pépites de cette rentrée, Mytho continue de se démarquer en proposant une comédie noire sur la famille, et assume une liberté formelle toujours plus poussée.