Diffusée chaque lundi soir à 21h05 sur France 2, L'Absente, qui a réuni 3,38 millions de téléspectateurs (15,7% du public) la semaine dernière devant ses deux premiers épisodes, est sans conteste l'une des séries événement de la rentrée, avec Mensonges ou Une Affaire française.
Portée par Thibault de Montalembert, Clotilde Courau, Marie Denarnaud, Salomé Dewaels, Olivier Rabourdin, et Lionel Erdogan, cette mini-série en huit épisodes raconte l'histoire d'Hélène et Laurent Masson, dont la fille, Marina, a disparu sans laisser de traces il y a neuf ans.
Lorsqu'une jeune femme amnésique, qui lui ressemble trait pour trait, est retrouvée tout près de l'endroit où Marina a été vue la dernière fois, c'est un nouveau bouleversement pour la famille Masson, qui n'a jamais vraiment su se reconstruire depuis le drame et se persuade immédiatement que Marina est de retour.
Mais cette inconnue est-elle réellement leur fille ? Et, si oui, que s'est-il passé le soir de sa disparition il y a près d'une décennie ? Et où était-elle durant tout ce temps ?
La nouvelle série de la créatrice de La Forêt
À l'origine de ce projet entre drame intime et thriller haletant, il y a l'envie de la productrice Sophie Révil (Les Petits meurtres d'Agatha Christie, Ils étaient dix) de travailler avec Delinda Jacobs, une scénariste à qui l'on doit les séries Contact et La Forêt, respectivement diffusées sur TF1 et France 3 il y a quelques années.
"J’avais absolument flashé sur l’écriture de la mini-série La Forêt, je trouvais qu’elle sortait du lot, que c’était assez exceptionnel", explique Sophie Révil. "J’ai donc invité Delinda Jacobs à déjeuner pour qu’elle me parle de ses projets. Et elle m’a raconté cette histoire qui était proche du fait divers de Natascha Kampusch. C’est-à-dire une petite fille enlevée qui réapparaît juste à côté de chez ses parents. Mais là, dans notre histoire, c’est plus compliqué".
De ce fait divers autrichien que tout le monde connaît, Delinda Jacobs a donc tiré un point de départ à partir duquel elle a tissé une histoire finalement très différente, qui s'intéresse à la déflagration causée par la disparition de Marina sur ses proches, aux conséquences de son absence, et aux doutes et aux zones d'ombre qui entourent son "retour" neuf ans plus tard.
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"Delinda est une scénariste au talent stupéfiant", poursuit Sophie Révil, qui ne tarit pas d'éloges sur la créatrice de L'Absente. "Pour moi c’est une romancière. Elle écrit seule, ce qui n’arrive plus, c’est un truc à l’ancienne. Aujourd’hui on écrit plutôt en équipe, sous forme de writer’s room. Pour écrire seule ces 8 épisodes, Delinda a mis environ deux ans et demi. Mais le résultat est de toute beauté. Les personnages sont ciselés, d’une complexité folle".
Et c'est bien la force de l'écriture de Delinda Jacobs qui a également convaincu le réalisateur Karim Ouaret (Prise au piège) de se lancer dans cette nouvelle aventure télévisuelle : "Quand Sophie Révil et Denis Carot m’ont contacté pour me proposer cette série, j’ai lu les 4 premiers épisodes, et dès les premières lignes j’ai senti une atmosphère particulière qui se dégageait de la plume de Delinda, avec cette jeune fille qui court sur la route, en pleine nuit, poursuivie par un camion".
"Je trouvais que c’était une façon inhabituelle de lancer une série comme celle-là", poursuit le réalisateur de la série. "Et ensuite, ça a coulé de source au fur et à mesure des séquences et des épisodes. J’adore être surpris, avoir des twists originaux, et ça a été le cas à chaque épisode. Pour moi c’était une évidence d’accepter une telle proposition".
Clotilde Courau et Thibault de Montalembert en parents meurtris par l'absence de leur fille
Alors que les chaînes françaises ont de plus en plus tendance à faire appel aux mêmes têtes d'affiches d'une série à l'autre, L'Absente a le mérite de proposer une distribution rafraîchissante, composée de talents venus de tous horizons, du cinéma aux séries, en passant par le théâtre. Et tous les comédiens s'accordent en tout cas sur une chose : c'était une évidence de dire "oui" à cette histoire et à ces personnages, aussi complexes et difficiles à incarner soient-ils.
"À la lecture des épisodes, je me suis rendu compte qu’il y avait une complexité folle chez mon personnage", explique la jeune comédienne belge Salomé Dewaels, qui incarne la fameuse "absente" qui réapparaît amnésique et est entourée de mystère. "Il y avait tellement de choses à jouer. Alors, je ne sais pas trop si ça se fait, mais dès que j’ai rencontré Karim au casting, je lui ai dit "J’ai envie de le faire, il faut que ce soit moi".
Clotilde Courau, qui incarne Hélène Masson, avoue elle aussi qu'elle a rapidement senti que "l'équation était parfaite" entre le travail de Karim Ouaret et l'écriture de Delinda Jacobs. Cependant, la comédienne, vue récemment dans Peur sur le lac et Le Viol, confie qu'elle n'était pas sûre d'arriver à incarner un personnage aussi complexe qu'Hélène et qu'elle a eu besoin de travailler étroitement avec la scénariste de L'Absente pour réellement comprendre la mère de Marina.
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"Je sentais qu’il y avait quelque chose et que ce projet était intéressant, mais j’ai eu des doutes par rapport à la complexité du personnage d’Hélène", avoue Clotilde Courau. "Je me suis demandé si j’étais capable de mettre toutes les nuances, ce déni, cette souffrance dans ce personnage. L’incarnation et la vérité d’Hélène n’étaient pas simples. Donc j’ai demandé à faire une séance de travail avec Delinda, pour qu’elle m’explique certaines parties du puzzle d’Hélène. Ce qui m'a beaucoup aidé. Et je suis ravie d'avoir accepté le rôle car c’est une chance d’avoir des personnages aussi riches à défendre".
De son côté, Thibault de Montalembert, que les fans de Dix pour cent connaissent bien, a lui aussi longuement préparé son rôle, afin de pouvoir retranscrire au mieux à l'écran la souffrance de Laurent Masson, ce père de famille brisé par la disparition de sa fille. "Quand un drame comme ça arrive dans une famille, ça fait surgir des choses. Des fantômes, des non-dits. L’enlèvement d’un enfant est forcément révélateur d’un tas de choses".
Et si L'Absente est librement inspirée de l'affaire Natascha Kampusch, Thibault de Montalembert s'est penché sur un autre fait divers marquant, la disparition d'Estelle Mouzin en janvier 2003, pour façonner son personnage. "Je me suis beaucoup appuyé, pour préparer le rôle de Laurent, sur le livre du père d’Estelle Mouzin. Il a écrit ce livre qui s’appelle "Retrouver Estelle". Et c’est un livre que Laurent Masson aurait pu écrire de A à Z. Je l’avais sur moi tout le temps d’ailleurs, je m’y référais tout le temps. J’ai même réécrit des passages en remplaçant le prénom d'Estelle par celui de Marina".
Une façon pas banale de donner de l'épaisseur à un père de famille abîmé par la vie et bouleversant qui devrait, sans aucun doute, toucher les téléspectateurs de France 2. Qui devront attendre lundi prochain, et les trois derniers épisodes, pour connaître le fin mot de ce thriller à l'atmosphère si particulière.
