AlloCiné : Ici tout commence fêtera son premier anniversaire début novembre sur TF1. Quel bilan tirez-vous de cette première année de tournage ?
Vanessa Demouy : Ça a été une année un peu folle. Où tout est allé très vite. Entre le moment où la série a été annoncée et le moment où elle a été diffusée, d’un seul coup il y a eu une espèce d’engouement. On se disait "Ne nous emballons pas, si ça se trouve c’est juste un feu de paille". Et puis, plus ça allait, plus les gens étaient là, plus ils étaient fidèles, et plus il y avait de nouveaux téléspectateurs.
Et les retours qu’on a sont juste dingues, de gentillesse et de bienveillance. Alors que les thèmes abordés ne sont pas neutres. Tout comme les personnages n’ont rien de neutre. Et ça a été tellement bien accueilli. Je crois que les gens avaient besoin de ça. La série est arrivée au bon moment, c’était le bon timing.
C’est vrai que la force de la série, qu’on constate grâce aux audiences et aux parts de marchés, c’est qu’elle parle à tous les publics, ce qui n’est pas si fréquent…
C’est une vraie série intergénérationnelle, c’est vrai. Et c’est une vraie série familiale, que toute la famille peut regarder ensemble. Même s’il y a des thèmes dérangeants, même si les parents ne sont pas toujours très à l’aise. Cela permet de dire les choses et d’ouvrir un débat au sein des familles. Les jeunes nous remercient, les parents aussi. C’est que du positif.
Rose et Antoine (Frédéric Diefenthal) ont traversé une grosse tempête cette année, suite à l’infidélité de Rose avec Lisandro (Agustin Galiana). Mais ils ont fini par se retrouver. C’était important pour vous que les scénaristes préservent malgré tout ce couple que le public aime tant ?
Bien sûr. Et en même temps c’était bien qu’on ne présente pas un couple absolument idyllique, sans aspérité. Ce qui est intéressant aussi dans ce genre de série c’est de montrer que si on veut, on peut. Et qu’on peut s’en remettre si on décide de travailler pour. On peut se tromper, et on peut regretter. En parler et essayer de se relever.
En ce moment, l’intrigue autour de Naël implique énormément votre personnage, puisque ce bébé abandonné par sa maman fait ressortir chez Rose ses blessures passées et son désir de maternité. Comment avez-vous abordé cette nouvelle arche narrative ?
C’est une intrigue qui s’inscrit vraiment dans la continuité du personnage de Rose. Cet aspect de sa personnalité je le porte dans toutes les intrigues, à tous les moments où j’interprète Rose. Avec un tel personnage, avec qui on vit depuis si longtemps, on ne peut pas oublier ce qui s’est passé avant. Ce sont des couches qui se superposent. Parfois, au détour d’un mot, on va se servir de ce qu’a vécu le personnage des mois ou des années auparavant. Rose est nourrie de toutes les expériences qu’elle a vécues.
Ce qui est intéressant avec l’intrigue autour de Naël, c’est qu’aujourd’hui on a face à nous une Rose qui est beaucoup plus mature, beaucoup plus centrée, beaucoup plus posée. Elle sait ce qu’elle veut, alors que pendant très longtemps elle savait seulement ce qu’elle ne voulait plus. On travaille étroitement avec les auteurs sur l’évolution de Rose et j’en suis très heureuse.
Lorsqu’on suit cette intrigue, on a forcément envie que Rose adopte Naël, parce qu’on sait à quel point son désir de maternité a pu la faire souffrir par le passé. Mais, finalement, Rose a décidé de ne pas suivre cette voie et a renoncé à une possible adoption. Comprenez-vous son choix ?
Complètement. C’est une Rose mature qui fait passer l’intérêt de l’enfant avant ses envies. Et elle sait que l’intérêt de Naël n’est pas d’être avec elle. Depuis le départ, Rose a un intérêt très fort pour la mère. Un intérêt que les gens ont du mal à comprendre.
Rose est en manque de maternité, mais elle se sent mère quand même. Même si Tess n’a pas vécu, elle a le sentiment d’avoir été maman, elle s’est projetée. Et sa quête c’est de retrouver cette mère, pour être sûre que l’abandon de Naël était vraiment un choix. Elle veut faire en sorte que cette mère et cet enfant puissent grandir ensemble si c’est possible. Elle va tout faire pour. Et évidemment l’identité de la mère va bientôt éclater au grand jour.
Doit-on s’attendre à une révélation très étonnante, malgré les pistes qui semblent déjà avoir été esquissées, comme celles de Deva ou de Jasmine ?
Il y a des pistes de partout, ça c’est certain (rires). Mais je ne vous dirai rien. En tout cas j’adore lire les réactions et les commentaires de téléspectateurs sur cette intrigue. Ils pensent tous avoir deviné l’identité de la mère de Naël, c’est amusant.
Souhaitez-vous quand même que Rose et Antoine puissent fonder une famille un jour ?
Rose sera mère ou elle ne le sera pas. De toute manière, elle doit vivre avec ça. Avec la mort de Tess et son désir de maternité. Mais il y a quand même Souleymane (Dembo Camilo). Avec qui elle a tissé une très jolie relation. Et puis, quel bonheur pour Rose, qui est dans ce besoin de materner et de s’occuper, d’être entourée de tous ces élèves à l’institut. Ce sont quelque part un peu tous ses enfants (rires). Elle peut se vouer corps et âme à tous leurs petits tracas, c’est le bonheur.
En parallèle de l’intrigue sur Naël, Rose va également tenter d’apporter son aide à Jasmine, l’une des nouvelles élèves de l’institut. Que pouvez-vous dire sur ce qui nous attend dans les prochains épisodes ?
Rose va évidemment tenter d’aider Jasmine, c’est vrai, car, pour des raisons que l’on va découvrir très rapidement, il va y avoir un vrai transfert entre Rose et Jasmine. Un transfert de Rose sur Jasmine, et de Jasmine sur Rose. Jasmine est un très beau personnage, et Zoï Severin est une très belle comédienne. Elle est étonnante. Mais de toute façon nous avons un très joli casting, tous nos jeunes comédiens sont formidables.
Justement, quel regard portez-vous sur cette troupe de jeunes comédiens avec qui vous travaillez, pour certains, depuis maintenant un an ?
Beaucoup de bienveillance. C’est très émouvant de voir de jeunes artistes éclore et grandir. C’est ça qui est beau aussi dans ce genre d’aventure. C’est une aventure artistique, mais également humaine. Ils pourraient tous être mes enfants. D’ailleurs Zoï m’appelle "maman" sur le tournage, ce qui fait rire tout le monde (rires).
Vous avez vu Clément Rémiens débuter sur Demain nous appartient. On imagine que ça doit être touchant pour vous de le voir émerger encore davantage dans Ici tout commence…
Bien sûr, c’est formidable de le voir émerger, s’émanciper, prendre position. Et quelle gentille personne.
On sait que vous adorez cuisiner. Espérez-vous que Rose finisse par toucher un peu plus à la cuisine dans la série ?
Le problème c’est que Rose est une quiche en cuisine, vraiment (rires). Ça pourrait évoluer, bien sûr, mais je pense que c’est une réaction vis-à-vis de son père. Je pense qu’elle a fait un vrai rejet, il n’y a pas besoin d’avoir fait psy pour le comprendre. Mais, en même temps, elle connaît la cuisine. Quand on a été élevée par un père comme Auguste Armand et qu’on est aussi mauvaise en cuisine, c’est qu’il y a une volonté d’être nulle (rires). Alors, oui, je pense que ça peut évoluer. On verra bien.
Un retour de Rose dans Demain nous appartient, de manière événementielle comme ce fut le cas pour Clément Rémiens à l’occasion du 1000ème épisode, est-il à l’ordre du jour ?
C’est toujours envisageable, mais au niveau de l’organisation des plannings des deux séries, c’est assez compliqué à mettre en place, nous ne tournons pas à côté. Mais tout est possible. Peut-être pour un petit clin d’œil à l’occasion du 2000ème épisode (rires).
Avez-vous d’autres projets en parallèle de la série ? Peut-on espérer vous revoir au théâtre prochainement ?
Je suis quand même très prise par Ici tout commence. Mais c’est toujours possible de travailler sur un autre projet de fiction si c’est prévu bien en amont. Par contre, remonter sur scène, ça va être très compliqué car cela demande de s’arrêter durant trois ou quatre mois. Nous verrons, car la scène c’est quelque chose que j’aime et que j’aimerai toute ma vie. Mais pour le moment ce n’est pas possible.
Le générique d'Ici tout commence :