L'histoire : Isabelle et sa nièce Nina ouvrent une cure « jeûne et détox » au cœur de la Provence, avec l’aide de Baptiste, yogi et homme à tout faire, Jessica, masseuse tantrique, et Maxime, séduisant équithérapeute. Parmi les premiers curistes, quatre adolescents en surpoids envoyés par la Mairie ; Marion et Lio, sa sœur maigrichonne qui lui impose la cure « pour son bien » ; et leur amie Émilie qui, délestée de ses kilos en trop, découvre à peine arrivée que son époux adoré se pâme dans les bras d’un homme… en nette surcharge pondérale !
AlloCiné : Pouvez-vous nous présenter l'idée de départ de cette suite, Mince alors 2 ! ?
Charlotte de Turckheim, réalisatrice et co-scénariste : D’abord, j’ai eu envie d’en faire un 2ème car je trouve que le sujet du poids, du corps et de l’apparence est inépuisable et cela suit l’évolution de la société. Les régimes que nous faisions il y a 10 ans ne sont plus du tout ceux que l’on fait maintenant.
Les problèmes d’apparence sont aussi très différents. Je trouve incroyable l’arrivée des selfies et des filtres par exemple. Cela a été encore renforcé avec la télé-réalité. Toutes ces filles se ressemblent, avec probablement la même personne qui leur fait du botox ! Elles sont très jolies mais c’est comme des clones. Je n’arrive pas à les différencier ! J’en connais une qui ne peut se maquiller qu'à travers un filtre. Elle ne peut plus jamais voir la tête qu’elle a vraiment. C’est fascinant : c’est à la fois hyper drôle et en même temps vachement triste.
Il y a un autre courant qui est très intéressant, qui sont toutes ces filles du genre Beyoncé qui ont libéré le corps des femmes rondes. Il y a du bon et du mauvais dans toute cette évolution mais c’est un matériau absolument formidable pour la comédie, en tout cas pour le type de comédie que j’aime. On rit beaucoup et on est aussi ému.
9 ans se sont écoulés entre le premier film et celui-ci. Est ce que 9 ans se sont réellement écoulés au niveau de l’intrigue ?
On n’a pas l’impression que 9 ans se soient écoulés pour une simple raison : le film passe plusieurs fois par an à la télévision depuis 10 ans. Donc on avait presque envie d’attendre - avec Dominique Besnehard (l'un des producteurs du film) - la fin de cette vague. Mais comme elle ne s’arrêtait pas, et que ça continue à chaque fois à être un carton - et c’est super -, j’ai dit : "on ne va pas attendre ! Allez, on fait le 2ème !"
Cela nous a pris du temps, et j'avoue être assez lente, car je fais plein d’autres choses à côté. J’ai besoin de me nourrir à côté. Des Mince alors, j’ai l’impression qu’on pourrait en faire d’autres. Il y a tellement de raisons pour lesquelles on prend du poids : l’apparence, le physique, l’estime de soi est importante tout au long de la vie. Il y a toutes les générations. Je trouve que c’est un sujet vraiment passionnant.
Une vraie bonne humeur se dégage du film. Comme on peut le voir également dans la bande-annonce, on sent que vous vous êtes beaucoup amusés à écrire ce film...
Oui, comme le sujet est profond, c’est formidable aussi d’en rire, et de se parler. Ces jeunes, qu’est-ce qu’ils se balancent ! Ils sont hyper drôles mais ils se parlent vraiment comme ça dans la vie.
Je trouve que c’est un sujet qu’il faut traiter de manière un peu cash aussi. Quand on écoute comment les gens parlent de ça, il y a des répliques… Antoine Schoumsky qui a écrit les dialogues avec moi a un sens de la formule ! Il est à mourir de rire. Je voulais que ça soit drôle. Et derrière le rire, les gens voient l’émotion. En rire, permet de toucher plus de gens finalement.
Diriez-vous qu'il est plus difficile de rire de ces sujets aujourd'hui ? Avez-vous dû vous brider dans l'écriture ?
Non, je ne fais pas attention à ça. Je pense qu’on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. Je sais quelle est ma bienveillance. Je ne me mets pas de limite. Mais je trouve que justement, c’était très facile d’écrire à nouveau sur ce sujet, parce que c’est ce qu’on se disait sur les filtres, le corps, tous ces régimes. Avez-vous vu le nombre de nouveaux régimes ? C’est un business d’enfer ! Tous ces trucs en sachet dégueulasses. Ça profite à tout le monde qu’on soit gros.
Et puis, il y a une nouvelle approche du corps. On ne parle pas de l’apparence et des régimes comme on en parlait il y a 10 ans. On parle plus de bien être aussi, de santé. Il y a aussi cette lutte sur la différence, la grossophobie. Charlotte Gaccio a fait un documentaire absolument formidable sur la grossophobie.
Ça donne lieu aussi à des débats de fond. Je suis d’accord pour qu’on ne puisse pas discrimer les gens sur leur physique. Mais attention on ne peut pas dire non plus : "big is beautiful". Il y a un problème de santé aussi quand même. Tout ça provoque des discussions.
Les jeunes femmes qu’on voit dans le film revendiquent aujourd’hui un corps différent. Merci Beyoncé, Rihanna et même Kim Kardashian... toutes ces filles ! Il y avait une évidence pour moi de faire le film avec ces jeunes car ils font beaucoup bouger les lignes.