Découvert à Cannes en juillet dernier, The Souvenir I & II, film britannique mis en scène par Joanna Hogg, se déploie en deux parties, comme une longue fresque sentimentale, dont il se dégage une infinie douceur et pudeur.
On y suit l’histoire d’amour de Julie (Honor Swinton Byrne) et Anthony (Tom Burke), avec en fil conducteur la vie d’artiste de son héroine, aspirante réalisatrice. Alors qu’elle sent éclore son ambition artistique, Julie se laisse entraîner dans une relation éprouvante, dont l’intensité l’engloutit au point de menacer ses propres rêves.
The Souvenir est un magnifique portrait d’une jeune femme happée par un premier amour pendant ses années d’apprentissage, et dont la forme -dont nous préserverons au maximum la surprise- séduit énormément et compte beaucoup dans la réussite de ce film.
En entretien à Cannes, la cinéaste Joann Hogg nous en a dit davantage sur son approche du récit. "Cet état d’esprit de ne pas savoir où l’on va avec le film est l’état d’esprit dans lequel nous avons fait le film."
"En tant que réalisatrice, je ne sais pas toujours où je vais aller ensuite dans l’histoire. Il n’y a pas un plan précis au début. Bien sûr, il y a beaucoup de travail. La partie la plus excitante pour moi est vraiment de ne pas savoir où l’on va, et avoir la possibilité de s’adapter en avançant, car nous avons filmé dans l’ordre. Cela nous a donné une incroyable liberté de changer les choses, d’observer Honor faire certaines choses et angler sur ça, et il n’y a rien pour nous en empêcher."
The Souvenir est un diptyque donc, deux parties vraiment pensées comme telles, comme nous l'a indiqué la cinéaste, nous confiant que le projet n'a jamais été pensé comme une série pouvant avoir d'autres épisodes. "Il s’agissait vraiment d’une histoire et de deux films. Pour être accompli, on ne pouvait pas aller au delà de deux parties. Car le film est vraiment une expérience, et la réaction à une expérience. La structure était vraiment simple".
La jeune comédienne Honor Swinton Byrne impressionne, en particulier dans la façon de faire évoluer son personnage, à travers le temps et les épreuves de la vie.
"C'est comme s'il y avait des étapes dans la douleur : le déni, la colère, l'acceptation... Mais je ne me suis pas tant questionnée pendant que nous tournions. On ne se parlait pas tant que ça, Joanna et moi", nous a-t-elle confié lors de notre rencontre à Cannes aux côtés de la réalisatrice.
Pour se mettre dans ces états, j'aimerais pouvoir dire qu'il y avait un procédé, une méthode. Mais à vrai dire, non !
"C'était comme une communication non verbale, a précisé la cinéaste. Honor était dans une situation et c'est en vivant ces situations qu'elle les jouait. Je ne crois pas forcément au fait de beaucoup discuter de la "back story" (l'histoire qui précède l'action, Ndlr.). Nous avons procédé vraiment étapes par étapes", poursuit-elle.
"Pour se mettre dans ces états, j'aimerais pouvoir dire qu'il y avait un procédé, une méthode. Mais à vrai dire, non. C'était juste d'être avec Joanna, avec l'équipe, être dans ces costumes. C'était comme se glisser dans un certain costume psychologique. C'était très spontané", indique Honor Swinton Byrne.
Je voulais qu'Honor soit très instinctive
"Je ne voulais pas que Honor devance trop les choses, qu'elle ait trop d'idées préconçues. Je voulais qu'elle soit très instinctive sur le moment. Je t'ai aussi choisie pour ça, car tu n'es pas une actrice sur entrainée.
Et lorsque j'ai des acteurs plus confirmés, j'essaye de leur désapprendre certaines choses. Ma façon de travailler peut être intimidante pour un acteur confirmé car je vais à l'opposé de leur instinct d'acteur. Mais ce qui était formidable avec Honor, c'est qu'elle avait à la fois les instincts nécessaires, une excellente actrice, mais sans avoir le "dogme" d'une actrice."
The Souvenir partie I est à découvrir en salles ce mercredi 2 février 2022, de même que sa seconde partie.
