De quoi ça parle ?
Dix personnes, cinq femmes, cinq hommes, sont invitées sur une île tropicale déserte qui abrite un hôtel de luxe. Les dix invités vont très vite réaliser qu’ils sont seuls sur l’île et coupés du monde, sans portable et sans aucun moyen de quitter ce qui va vite se révéler être leur pire cauchemar. Pourquoi ont-ils été attirés dans ce piège ? La réponse est cachée dans leur passé qu’ils avaient pourtant tous soigneusement enfoui. Mais aujourd’hui, sous le soleil brûlant de l’île, ils vont devoir payer. A la fin, il n’en restera aucun. Alors qui est l’assassin ?
Ils étaient dix, réalisée par Pascal Laugier et écrite par Bruno Dega et Jeanne Le Guillou d'après le roman d'Agatha Christie.
Chaque mardi à 21h05 sur M6 à partir du 17 août et d'ores et déjà disponible sur Salto. 6 épisodes vus sur 6.
C'est avec qui ?
Pour incarner les héros d'Ils étaient dix, qui se retrouvent coupés du monde sur une île (quasi) déserte et sont un par un tués par un mystérieux meurtrier qui souhaite leur faire payer leurs crimes passés, Pascal Laugier et les producteurs Sophie Révil et Denis Carot ont fait appel à un casting cinq étoiles, composé de visages bien connus du grand public et de jeunes stars montantes du petit et du grand écran.
À savoir Guillaume de Tonquédec, Samuel Le Bihan, Romane Bohringer, Marianne Denicourt, Patrick Mille, Matilda Lutz (Revenge), Manon Azem (Section de recherches, Un homme d'honneur), Nassim Si Ahmed (En passant pécho, Marseille), Samy Seghir (Neuilly sa mère, La Terre et le sang), et Isabelle Candelier. Excusez du peu !
Une distribution que viennent compléter Mathieu Demy et Wendy Nieto dans la peau des deux flics en charge de l'enquête. Sans oublier Virginie Ledoyen, Richard Bohringer, Samuel Jouy, et Samir Boitard dans des rôles secondaires qui ont tous leur importance dans cette histoire (mais, chut, nous n'en dirons pas plus).
Ça vaut le coup d'oeil ?
Publié en 1939 au Royame-Uni, Dix Petits Nègres (And Then There Were None en VO), officiellement renommé Ils étaient dix en France depuis 2020, est sans aucun doute l'ouvrage le plus célèbre d'Agatha Christie. Et aussi le plus vendu à travers le monde. Un roman policier à la recette imparable qui a eu droit à plusieurs adaptations au cinéma et à la télévision au fil des décennies, dont la plus récente n'est autre que la mini-série de la BBC diffusée en 2015.
Mais avec cette nouvelle version produite par Escazal (Les Petits meurtres d'Agatha Christie), le best-seller de la reine du crime a pour la première fois droit à une adaptation contemporaine qui, pour tisser son cauchemar, puise ses références dans le cinéma d'horreur et revisite l'intrigue de base à la sauce slasher. Pascal Laugier oblige, puisque c'est au cinéaste français, à qui l'on doit Martyrs et Ghostland, que la réalisation de cette mini-série en six épisodes a été confiée. Mais le résultat est-il à la hauteur des attentes ?
Sur le papier, la vraie bonne idée de cette adaptation écrite par Jeanne Le Guillou et Bruno Dega (Le Tueur du lac, Gloria) était d'avoir voulu transformer l'intrigue du roman d'Agatha Christie en un véritable slasher à la Scream ou à la Urban Legend, avec son psychopathe masqué qui élimine méthodiquement les membres d'un groupe. Un genre qui a fait les beaux jours du cinéma d'horreur mais qui restait jusqu'à présent peu représenté à la télévision, à l'exception de la médiocre série Scream vue sur MTV, de la méconnue Harper's Island, et de la risible Le Châlet, diffusée en 2018 sur France 2.
Voir Pascal Laugier s'amuser avec les codes du slasher et du thriller a donc forcément quelque chose de jouissif et on se prendrait presque à applaudir à la première apparition à l'écran du tueur d'Ils étaient dix, qui cache son visage sous une capuche et porte un ciré qui rappelle évidemment le costume du pêcheur de la saga Souviens-toi... l'été dernier.
Malheureusement, à l'écran, le constat est sans appel : Ils étaient dix ne va pas assez loin. À tel point qu'on a du mal à percevoir la patte de Pascal Laugier dans ce thriller qui, au-delà de sa figure de meurtrier à l'américaine, reste somme toute assez classique. Les meurtres sont trop souvent commis hors champ, voire expédiés, et le manque d'hémoglobine et de tension, voire d'angoisse, se révèle vite frustrant. On attendait plus de tranchant, plus de gore, et plus d'audace de la part du réalisateur de Martyrs, qui ne parvient pas à nous offrir la série horrifique radicale que l'on était en droit d'espérer.
A-t-il fait les frais d'un formatage inhérent à la fiction de prime sur une chaîne généraliste ? M6 lui a-t-elle demandé de limiter les effets horrifiques et sanglants ? Difficile à dire, mais si c'est le cas c'est fort dommage car on ne fait pas appel à un réalisateur aussi audacieux et talentueux que Laugier pour le limiter dans sa démarche créative.
Trop sage, cette version française et moderne du best-seller d'Agatha Christie est donc une petite déception, qui pèche également par des dialogues pas toujours très inspirés, par quelques séquences ridicules (à l'image d'une scène à base de serpents dans la forêt), et par sa construction parfois un peu répétitive et lourde, qui alterne entre présent et flash-backs, et évoque évidemment Lost. Le brio en moins. Car le passé qu'on nous raconte pour chacun des personnages n'échappe pas toujours aux clichés et peine ainsi à apporter un vrai plus à l'intrigue insulaire de la série.
Ce scénario un peu inégal est heureusement rehaussé par un mystère tenu de bout en bout grâce à une caractérisation nouvelle des protagonistes par rapport au roman, qui empêche de deviner avec certitude l'identité du tueur, qu'on ait lu ou non le chef-d'oeuvre de la reine du crime.
Et également par les prestations des comédiens, qui méritent à eux seuls qu'on s'intéresse à ce slasher gentillet. Tous semblent en effet beaucoup s'amuser dans cet exercice qui leur permet d'explorer tension dramatique et comédie (les répliques qui tuent étant légion), et les jeunes acteurs de la série, Manon Azem, Matilda Lutz, Nassim Si Ahmed, et Samy Seghir, s'imposent plus que jamais comme des talents à suivre de près.
Bref, si elle n'est pas la grande série horrifique qu'on attendait, Ils étaient dix n'en demeure pas moins un divertissement honnête qui se binge-watch facilement et qui pourrait plaire aux amateurs de thrillers et de polars pas trop exigeants. Tant elle reste supérieure à ce que la plupart des chaînes françaises produisent à longueur d'années. Mais ceux qui recherchent de vrais frissons devront, eux, indéniablement aller voir ailleurs.