
Deux ans après Crawl, Alexandre Aja revient avec un nouveau film français, son premier depuis Haute tension, sorti en 2003. Dans le premier rôle, Mélanie Laurent incarne une femme amnésique enfermée dans un caisson de haute technologie. À son réveil, il ne lui reste que 35% d'oxygène. Prise de panique, ne sachant pas comment elle est arrivée là et comment sortir, elle va devoir retrouver sa mémoire pour s'extirper de ce cauchemar.
Avant d'être le long métrage que le public découvre aujourd'hui, Oxygène devait être tourné en langue anglaise avec Noomi Rapace sous les traits de l'héroïne principale. Finalement, la pandémie de Covid-19 bouleverse les plans. La star suédoise reste associée au film en tant que productrice exécutive, mais laisse sa place à Mélanie Laurent lorsque la production prend forme en France.

Le temps et l'espace
Une fois que le protocole sanitaire pour les tournages est déterminé, Netflix donne le feu vert à l'équipe d'Alexandre Aja dès la fin du premier confinement, en mai 2020. Oxygène est filmé durant l'été dans les studios d'Ivry-sur-Seine. Vingt-cinq jours ont été nécessaires pour tourner les séquences dans la capsule cryogénique et une semaine pour les scènes en extérieur. Mélanie Laurent, qui s'octroyait 20 minutes de pause chaque jour, devait passer 9 heures allongée dans ce décor de 3m².
Les détails du décor unique
La capsule cryogénique est un personnage à part entière dans Oxygène. Au cinéma, la science-fiction est souvent synonyme de décors grandioses. Pour Jean Rabasse, chef décorateur, la difficulté était de composer avec un espace minuscule où chaque centimètre avait son importance. "On était tous collés les uns aux autres pour concevoir ce pod pour que cela tienne une heure et demie à l'écran", fait-il savoir dans le dossier de presse. Deux capsules ont été utilisées pour le film. "Il y a le pod qui reçoit le linceul (la scène d'ouverture, NDLR) qui a besoin d'avoir un accès à 100% par en dessous et l'autre qui avait besoin de se pencher à 45% pour pouvoir filmer le dos de Mélanie Laurent."

De l'entraînement pour un rôle immobile
Si les mouvements de l'actrice sont forcément limités, sa performance n'en demeure pas moins physique. Entre les cris, les larmes et les crises de panique, elle a dû se préparer et suivre un entraînement avec des coachs du Cirque du Soleil pendant un mois avant le tournage. "Je m'étais rendu compte qu'il y avait beaucoup de scènes où j'allais devoir attraper des choses, bouger car tout reposait sur mes abdos, explique-t-elle. Je pleurais tellement toute la journée (...) que j'étais KO le soir. Quand tu es dans la boîte, tu ne t'en rends pas compte, mais alors dès que tu en sors, il y a une espèce de fatigue physique où je n'arrivais même pas à faire à manger le soir. J'allais dormir direct."
Un ami dans l'oreillette
Mathieu Amalric, qui interprète l'intelligence artificielle M.I.L.O., a prêté sa voix avant même que le tournage ne commence. Dans le caisson, Mélanie Laurent jouait donc seule, face à une bande audio préenregistrée. Alexandre Aja lui avait donné la possibilité d'avoir une oreillette pour être en contact avec la personne de son choix. L'actrice a choisi Morgan Perez, son fidèle ami avec qui elle a coécrit le scénario de son premier film, Les Adoptés, sorti en 2010. "Morgan me parlait pour les dialogues, Alex me dirigeait dans l'espace, précise-t-elle. Quand on partait sur 7-8 minutes qui correspondaient à dix pages du scénario, seule avec la voix de Morgan dans l'oreillette en pleurant, en criant, en hurlant et en déplaçant des câbles, c'était mon cauchemar !"
Découvrez l'interview d'AlloCiné avec Alexandre Aja et Mélanie Laurent :
Se renouveler à tout prix
Véritable huis clos, le long métrage se doit d'emmener le spectateur vers d'autres horizons et de proposer de nouvelles choses pour éviter toute répétition. C'était le grand défi du réalisateur. "En termes de mise en scène, on savait qu'il fallait varier et avec Maxime Alexandre (le directeur de la photographie, NDLR) et Grégory Levasseur (le producteur, NDLR), on a mis sur la table toute la boîte à outils de ce qu'on pouvait faire avant le début du tournage", précise Alexandre Aja. Au total, Oxygène compte pas moins de 300 plans truqués. L'un des plus marquants du film reste le plan-séquence circulaire de plusieurs minutes positionné à quelques centimètres du visage de Mélanie Laurent.