Attention, spoilers. Il est conseillé d'avoir vu le premier épisode de Falcon et le Soldat de l'Hiver avant de poursuivre la lecture de cet article.
AlloCiné : Dès le premier épisode de Falcon et le Soldat de l'Hiver, les séquences d’action rappellent la mise en scène des films Captain America. Est-ce que c’était important d’être à la hauteur de ces films ? Est-ce que vous avez pu mettre en scène les séquences exactement comme vous le souhaitiez avec un budget aussi conséquent ?
Kari Skogland : Il n'y a jamais assez de temps et jamais assez d'argent, cela va sans dire. L'objectif depuis le début était d'être à la hauteur du monde particulier de Marvel. C’était très clair pour nous que nous étions en train de faire un film de 6 heures, c'était le but. Les séquences d'action devaient refléter le monde impressionnant de Marvel.
Je voulais que celles de Falcon soient les meilleures que nous ayons vues parce que nous pouvions voler avec lui. Je voulais que ce soit expérimental. Les technologies ont changé au cours des sept dernières années, nous pouvons donc installer des caméras sur les gens et les faire sauter des avions.
J’ai regardé beaucoup de vidéos de sports extrêmes, de parachutisme et de vols en wingsuit pour avoir une bonne idée de l’esthétique.
Pour le reste des séquences d'action, je voulais vraiment qu'elles soient animées par le personnage et par l'histoire. Pour que nous ne soyons jamais dans une séquence d'action simplement parce que c'est une séquence d'action. Il faut qu'elle existe pour un but précis : un nouveau lieu, une nouvelle idée ou un bouleversement pour les personnages.
Lorsque vous mettez des personnes noires à des postes créatifs, elles savent très bien de quoi elles parlent. Pas une seule chose ne nous a surpris, pas un seul évènement ne s’était pas déjà produit auparavant. Donc, rien de ce que vous voyez dans la série n’est un accident.
Est-ce que les récents évènements aux États-Unis, la montée du nationalisme et le mouvement #BlackLivesMatter, ont été des facteurs pris en compte dans le processus d’écriture de Falcon et le Soldat de l’Hiver, qui creuse encore plus les problématiques du nationalisme et du pouvoir du gouvernement, déjà abordés dans les films Captain America ?
Malcolm Spellman : Lorsque vous mettez des personnes noires à des postes créatifs, elles savent très bien de quoi elles parlent. Pas une seule chose ne nous a surpris, pas un seul évènement ne s’était pas déjà produit auparavant. Donc, rien de ce que vous voyez dans la série n’est un accident.
Ce qui s’est passé plus récemment aux États-Unis est une version plus forte et plus criante de ce qui se passe depuis un long moment.
Je suis vraiment très fier de notre équipe créative d’avoir pu et su prendre cette place et d’avoir conçu quelque chose de très pertinent et de très actuel. Pour tout vous dire, il y a même une version du script, dont je ne suis pas autorisé à parler, qui était incroyablement concordante mais que nous avons jetée parce que ça ne fonctionnait pas et que nous n’aurions pas pu la mettre en place, je pense.
À quel point la pandémie a-t-elle impacté l’écriture et la production de la série ? Elle peut d’une certaine manière faire écho au "blip"…
Malcolm Spellman : Nous avions déjà choisi d’explorer ce qu’on appelle le "blip" parce que nous savions qu’un problème mondial aurait un écho. Nous voulions placer nos héros à échelle humaine à un moment bien précis.
Nous savions que le ‘blip’ puisait dans un sentiment bien connu. Mais c’est vrai que lorsque la pandémie a frappé et que nous avons dû stopper la production, nous avons encore plus clairement fait en sorte que le "blip" ressemble à la situation à laquelle le monde entier est confronté aujourd’hui.
Falcon et Bucky sont en pleine introspection dans la série et gèrent l’après Endgame. On a droit à des scènes plus immersives, avec des gros plans, qui creusent un peu plus la psychologie des personnages. Comment avez-vous travaillé avec Anthony Mackie et Sebastian Stan pour qu’ils révèlent un jeu plus profond et émouvant ? Est-ce que c’était plus facile puisqu’ils sont amis dans la vraie vie ?
Kari Skogland : Oui, ils ont déjà cette alchimie, ils sont amis et ils jouent ces personnages depuis un certain temps. Il était donc facile de puiser dans leurs ressources. Mais ce qui était génial, c'est que c'était aussi très différent pour eux, ils n'ont jamais creusé aussi profondément leurs personnages.
Nous n’avons jamais vu leurs personnages dans un contexte familial ou chez eux. Donc je pense que c'est toujours exaltant et terrifiant d’explorer un nouveau terrain.
Ils avaient d'excellentes idées et ils sont venus tous les jours très préparés sur le plateau. On a fait pas mal d'improvisation aussi pour capturer des moments dans lesquels ils ont vraiment excellé. En partie, parce qu’ils se font confiance et qu’en tant qu'acteurs, ils sont tous les deux très accomplis.
Mais pour moi, le plus important était de créer un espace sûr où nous pourrions jouer et expérimenter. Ils ont compris qu'ils avaient la possibilité d'essayer des choses et si nous ne les aimions pas, nous ne les utilisions pas. C'est en expérimentant qu'on arrive toujours à trouver quelque chose d’intéressant.
On sait que Chris Evans ne retournera pas dans le MCU, alors est-ce qu’on aura droit à un véritable successeur de Captain America ? Il a quand même légué son bouclier à Sam à la fin d’Endgame, il devrait en toute logique être son héritier.
C'est une grosse responsabilité qu'a mis Steve Rogers entre les mains de Sam en lui donnant le bouclier. Sam porte un vrai fardeau surtout en tant qu'homme noir. Et que Steve l'ait fait exprès ou non,- on ne le saura peut-être pas -, le bouclier de Captain America est un sujet sensible pour tous les personnages. Et je ne peux pas dire si quelqu'un récupérera vraiment le bouclier à la fin.
La fin du premier épisode introduit un nouveau personnage, John Walker alias l'U.S. Agent, présenté comme le "nouveau Captain America". Est-ce qu'on va être surpris par ce personnage ?
Malcolm Spellman : Il était parfait. Attendez de voir l'épisode 2 parce que chaque personnage représente une problématique et l'incarne parfaitement. On n'avait pas besoin qu'il soit rentre-dedans dès sa première apparition parce que c'est assimilé dans son personnage. On a dû l'adoucir un petit peu par rapport aux comics pour qu'il soit "digne" du bouclier. Mais il n'est jamais vraiment éloigné de ce qu'il doit représenter.
Falcon et le Soldat de l’Hiver devrait être au moins autant rempli d’easter eggs et de détails cachés que WandaVision. Est-ce que vous deviez avoir cela en tête quand vous tourniez ?
Kari Skogland : Ce sont des choses très organiques qui arrivent presque naturellement. On part toujours du principe qu’on se plonge dans le monde du MCU et on voit si on peut relier des éléments entre eux. Les easter eggs et les petites références ne prennent jamais le pas sur l’histoire. C’est toujours l’intrigue qui prime et si on peut ajouter des petits détails pour pimenter le tout alors on le fait.