Comme son titre l'indique, All American est peut-être la série américaine par excellence, et la production a pourtant choisi un comédien britannique pour incarner le personnage principal. Comment êtes-vous arrivé dans cette aventure ? Avez-vous toujours eu pour objectif de travailler aux États-Unis ?
Daniel Ezra : En fait, tout allait bien pour moi au Royaume-Uni, je faisais pas mal de théâtre et de télévision. Mais c'est vrai que j’ai toujours eu envie de travailler aux États-Unis, de jouer dans des films américains, des séries. Cependant ce n’était pas quelque chose que je cherchais forcément à accomplir au moment où All American est arrivée. Mon agent m’a appelé pour me dire qu’il y avait un pilote qui pourrait me correspondre. Et, honnêtement, je pensais que je ne serais pas capable de jouer Spencer, car je ne connaissais rien au football américain.
Mais j’ai quand même passé les auditions. Et je crois que ça faisait un moment qu’ils essayaient de trouver un acteur pour incarner Spencer. Ils avaient une vision très précise du personnage et ils avaient déjà cherché un peu partout aux États-Unis. Et, en fin de compte, il se trouve que je remplissais tous leurs critères. Et aujourd'hui j’adore le football américain. Je connais quasiment toutes les règles, je pense que je pourrais vraiment jouer (rires). Je suis devenu ami avec nos coordinateurs de cascades, qui sont tous d’anciens joueurs et qui m’ont appris les bases de ce sport.
Avez-vous eu du mal, au début, à adopter l'accent américain pour les besoins du rôle ?
C’était compliqué, oui. Je ne suis pas très doué pour les accents. Mais si j’ai le temps de m’entraîner, en général je finis par y arriver. Pour All American, j’ai vraiment pris le temps et beaucoup d’artistes que j’ai écoutés, que ce soit des rappeurs ou des chanteurs, m’ont aidé. Et une fois que je suis arrivé aux États-Unis et que nous avons commencé à tourner la série, j’ai essayé de garder l’accent américain au maximum, afin que ça devienne presque naturel. Je reprends mon accent britannique seulement lorsque je donne des interviews, comme c’est le cas actuellement, ou lorsque je parle avec mes proches qui sont au Royaume-Uni.
Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Spencer Paysinger, le joueur de football américain dont l'histoire a inspiré la série ?
Je pense que c’était lors de la lecture de groupe du premier épisode, juste avant de tourner le pilote. Spencer était présent aux côtés des autres producteurs de la série, et j'ai vite compris que c'était un mec adorable. Même si je dois avouer que j’étais assez nerveux à l’idée de le rencontrer. Je voulais qu’il soit fier de ma prestation, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Je continue de tout faire pour qu’il soit content de mon travail.
Nous sommes devenus amis et il m’a beaucoup aidé à me préparer pour le rôle, en me racontant notamment son enfance et son adolescence à Crenshaw. J’avais envie de savoir à quoi ressemblait sa vie de famille, son quotidien, et avoir une idée du nombre d’heures que représentait le football dans sa vie chaque semaine. C’était important pour moi d’avoir la vision la plus précise possible de son adolescence afin que je puisse nourrir mon personnage.
Spencer Paysinger est-il beaucoup impliqué dans le processus créatif de la série ?
Oui, il officie en tant que consultant et co-producteur. En général, il rencontre à chaque début de saison notre showrunneuse, Nkechi Okoro Carroll, qui lui explique ce qu’elle a prévu pour les épisodes à venir. Et il lui donne des idées à partir de souvenirs et d’événements de son passé qui pourraient aller dans le sens des histoires que les scénaristes ont prévu de raconter. Il est très présent. C’est vraiment son histoire, et les anecdotes qu’il nous raconte permettent à nos producteurs et scénaristes de donner vie à All American. Il vient également nous voir sur le tournage de temps en temps et il a même joué un entraîneur dans deux épisodes [de la saison 2, ndlr].
Dans la saison 3, Spencer retourne dans son ancien lycée de South Crenshaw. Ce n’est pas arrivé dans la vraie vie, si ?
Non, c’est vrai, nous avons pris quelques libertés avec la réalité. Les auteurs se sont dits que ce serait intéressant de faire retourner mon personnage dans son ancien lycée pour faire bouger les choses après deux saisons. Mais le vrai Spencer est toutefois toujours resté très attaché à sa communauté et à l’endroit où il a grandi, ça c’est quelque chose que nous n’avons pas romancé.
Que pouvez-vous dire sur la saison 3, qui est actuellement en cours de diffusion ?
La saison 3 marque le début de la dernière année de lycée pour Spencer et ses amis. C’est une année très importante car c’est la dernière chance, pour les lycéens qui veulent faire carrière dans le football américain, de se faire repérer par une université de Division 1, ce qui constitue le début du chemin vers la NFL. Et on sait que c’est ce dont rêve Spencer. C’est son objectif.
Mais la pression est multiple pour mon personnage cette saison car il doit également remporter le championnat d’état afin de sauver son lycée, qui est sous la menace d’une fermeture. Il a une pression énorme sur ses épaules. Et en parallèle de cela, il y a un énorme secret qui unit tous les personnages et qui est lié à ce qu’ils ont vécu durant les vacances d’été. Vous pouvez vous attendre à de la romance, à des triangles amoureux. C’est une saison assez mouvementée sur le plan amoureux.
Vous tournez cette troisième saison depuis plusieurs mois malgré l’épidémie de Covid-19. Est-ce que cela rend les choses beaucoup plus compliquées pour vous, en tant qu’acteur, au quotidien sur le plateau ?
Oui, c’est plus compliqué car nous avons finalement moins de temps pour tourner et pour nous préparer. Une grosse partie du temps de préparation est désormais consacrée à la désinfection du plateau avant chaque scène. Nous devons faire attention au nombre de personnes autorisées sur le même plateau au même moment, afin d’assurer la sécurité de chacun. Mais, bizarrement, je pense que ça a rendu la série encore meilleure car, puisque le temps de tournage est réduit, nous devons faire attention à chaque détail et être bon tout de suite. Tout le monde est encore plus méthodique et donne le meilleur de lui-même pour ne pas faire perdre de temps à l’équipe. C’est sûrement le seul côté positif de cette pandémie.
Mais en dehors de cela, c’est évidemment compliqué. Heureusement, nous pouvons compter sur la production pour faire en sorte que tout se passe bien, que la distanciation soit respectée en dehors des prises, et que la santé de tous soit préservée. Nous avons nos masques en permanence lorsque nous ne tournons pas et nous sommes testés très régulièrement. Je serais incapable de vous dire combien de tests j’ai dû faire depuis le début du tournage de la saison 3, mais je sais qu'il y en a eu beaucoup.
La plupart des séries américaines de networks auront moins d'épisodes cette année, en raison du retard pris à cause de la pandémie. Savez-vous combien d’épisodes comptera la saison 3 de All American ?
Non, nous ne savons pas encore exactement combien d’épisodes nous allons tourner cette saison, mais le nombre pourrait être réduit par rapport aux deux premières saisons [qui comptaient chacune 16 épisodes, ndlr]. Tout est un peu flou à cause de la pandémie. Mais si l’on suit ce qui a été fait avant, la dernière année de lycée des personnages devrait être divisée entre la saison 3 et la saison 4. C’est que nous avions fait sur les saisons 1 et 2, qui racontaient chacune la moitié d’une même année scolaire. Donc la saison 3 devrait raconter la saison de football, qui s’étale sur la moitié d’une année scolaire aux États-Unis, et la saison 4 devrait ensuite amener les personnages jusqu’à la remise des diplômes. Je pense que c’est ce qui est prévu, mais tout ceci peut changer avec la pandémie.
Au bout de trois saisons, que préférez-vous dans le fait de jouer Spencer ?
Le voir grandir. Les scénaristes font un travail remarquable dans la manière dont ils racontent sa "trajectoire". Tout spécialement cette saison. Nous allons évoquer la maladie mentale durant cette troisième saison, ainsi que l’aspect politique de tout ce qui se passe aux États-Unis depuis quelque temps. Et cela va affecter Spencer, cela va avoir des conséquences sur lui. Il va être obligé de grandir encore plus, d’une manière qu’il n’avait pas forcément vue venir. Le voir affronter certains traumatismes du passé, et le voir essayer de décider qui il veut être, quel adulte il veut devenir, c’est extrêmement gratifiant pour moi. Et j’espère que la série durera encore très longtemps afin que je puisse découvrir quel homme Spencer va devenir.
Retrouvez les trois premières saisons de All American sur Salto :