12 nominations, 7 récompenses... Albert Dupontel et son Adieu les cons s'imposent comme les grands gagnants des César 2021. Une édition qui marque un tournant (nouvelle direction, accent mis sur la parité...) dans l'histoire de l'Académie, laissant supposer une soirée hors des sentiers battus, tout en respectant les gestes barrière en vigueur. Entamée sous le signe du décalage et de l'humoir noir, elle n'a qu'à moitié convaincu.
Crotte de chien et solennité
Un discours incisif, des mots cruels et drôles, une crotte de chien… Marina Foïs, maîtresse de cérémonie, lance pourtant ces César 2021 sur un rythme qu’on ne leur connaissait pas (ou peu). Le parterre, rassemblé dans la salle de l'Olympia par grappes masquées (consignes sanitaires obligent) autour de petites tables à lumière tamisée façon cabaret, lui réserve un excellent accueil, et rit, particulièrement aux piques adressées à la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot, cible de toutes les revendications et injonctions à la réouverture des salles de cinéma sans délai. Le Président de cette 46ème édition Roschdy Zem apporte alors de la solennité à l’ensemble avec quelques mots empruntés à Ariane Mnouchkine pour parler de la jeunesse, la grande sacrifiée de ces temps de pandémie.
Mais, rapidement, la belle mécanique connaît malheureusement des signes de faiblesse, et la cérémonie de retomber dans les travers d’antan. Des moments étonnants, drôles et émouvants, il y en eut pourtant quelques-uns. A commencer par le discours politique et militant de Jean-Pascal Zadi, qui décroche le César du Meilleur Espoir masculin pour sa prestation tout en décalage dans Tout simplement noir.
Autre discours marquant, celui de Sébastien Lifshitz, qui remporte le César du Meilleur documentaire avec Adolescentes. Un discours vibrant et gorgé de sincérité, un appel à la jeunesse en forme d’hommage et d’encouragement. Une parole qu’a également portée Stéphane Demoustier, lauréat du César de la Meilleure adaptation pour La Fille au bracelet. Une tonalité très politique aussi avec Josep, le long métrage d’animation d’Aurel qui retrace le parcours des Espagnols contraints de fuir leur pays natal pour une France particulièrement hostile à leur égard.
Capitaine Marleau à poil
Si certains ont tenu des discours, d’autres ont joint les actes à la parole. Et là, comment ne pas évoquer le strip-tease trash, sanglant et militant de Corinne Masiero, qui finira nue comme un ver sur la scène de l’Olympia, un slogan militant peint sur le corps ? Un vrai moment de télévision, qui assume le malaise, et révèle la part anarchiste de la Capitaine Marleau.
En dehors de ce coup d'éclat, qui risque de se tailler une place de choix dans les annales des César, la cérémonie a également réservé quelques beaux moments d'émotion. A ce titre, les hommages aux disparus (surtout ceux consacrés à Piccoli, Brasseur et Bacri) n'ont laissé insensibles que les plus endurcis. Tout comme le discours digne et émouvant de Sami Bouajila, récompensé pour Un fils, rendant hommage à son défunt père. Ou encore la joie débordante de Laure Calamy, surprise et ravie de décrocher le César de la Meilleure actrice pour son rôle de maîtresse bafouée dans le revigorant Antoinette dans les Cévennes.
Les grands perdants
Face à ces visages radieux (sous le masque), ceux des perdants de la soirée... Habitué à repartir bredouille de la cérémonie, François Ozon n'a pas failli à sa réputation d'éternel malchanceux des César. Son Eté 85, pourtant auréolé de 12 nominations, ne décroche pas la moindre récompense. Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait d'Emmanuel Mouret aurait connu la même déconvenue si l'Académie n'avait pas décerné le César de la Meilleure actrice dans un second rôle à Emilie Dequenne. Au chapitre des déceptions, notons également que Lambert Wilson échoue pour la 7ème fois à décrocher le César du Meilleur acteur.
Le palmarès complet des César 2021 :
Meilleur film : Adieu les cons d'Albert Dupontel
Etaient également nommés :
- Adolescentes de Sébastien Lifshitz
- Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal
- Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait d'Emmanuel Mouret
- Été 85 de François Ozon
Meilleur réalisateur : Albert Dupontel - Adieu les cons
Etaient également nommés :
- Sébastien Lifshitz - Adolescentes
- Maïwenn - ADN
- Emmanuel Mouret - Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait
- François Ozon - Été 85
Meilleure actrice : Laure Calamy - Antoinette dans les Cévennes
Etaient également nommées :
- Martine Chevallier - Deux
- Virginie Efira - Adieu les cons
- Camelia Jordana - Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait
- Barbara Sukowa - Deux
Meilleur acteur : Sami Bouajila - Un fils
Etaient également nommés :
- Jonathan Cohen - Énorme
- Albert Dupontel - Adieu les cons
- Niels Schneider - Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait
- Lambert Wilson - De Gaulle
Meilleur acteur dans un second rôle : Nicolas Marié - Adieu les cons
Etaient également nommés :
- Edouard Baer - La Bonne épouse
- Louis Garrel - ADN
- Benjamin Lavernhe - Antoinette dans les Cévennes
- Vincent Macaigne - Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait
Meilleure actrice dans un second rôle : Émilie Dequenne - Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait
Etaient également nommées :
- Fanny Ardant - ADN
- Valeria Bruni Tedeschi - Été 85
- Noémie Lvovsky - La Bonne épouse
- Yolande Moreau - La Bonne épouse
Meilleur espoir féminin : Fathia Youssouf - Mignonnes
Etaient également nommées :
- Mélissa Guers - La Fille au bracelet
- India Hair - Poissonsexe
- Julia Piaton - Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait
- Camille Rutherford - Felicità
Meilleur espoir masculin : Jean-Pascal Zadi - Tout simplement noir
Etaient également nommés :
- Guang Huo - La Nuit venue
- Félix Lefebvre - Été 85
- Benjamin Voisin - Été 85
- Alexandre Wetter - Miss
Meilleur premier film : Deux de Filippo Meneghetti
Etaient également nommés :
- Garçon chiffon de Nicolas Maury
- Mignonnes de Maïmouna Doucouré
- Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi & John Wax
- Un divan à Tunis de Manele Labidi
César des lycéens : Adieu les cons d'Albert Dupontel
Meilleur documentaire : Adolescentes de Sébastien Lifshitz
Etaient également nommés
- La Cravate de Mathias Théry & Étienne Chaillou
- Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodolphe Marconi
- Histoire d'un regard de Mariana Otero
- Un pays qui se tient sage de David Dufresne
Meilleur film étranger : Drunk de Thomas Vinterberg
Etaient également nommés :
Meilleur scénario original : Adieu les cons - Albert Dupontel
Etaient également nommés :
- Antoinette dans les Cévennes - Caroline Vignal
- Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait - Emmanuel Mouret
- Deux - Filippo Meneghetti & Malysone Bovorasmy
- Effacer l'historique - Benoît Delépine & Gustave Kervern
Meilleure adaptation : La Fille au bracelet - Stéphane Demoustier
Etaient également nommés :
- Cuban Network - Olivier Assayas
- La Daronne - Jean-Paul Salomé & Hannelore Cayre
- Été 85 - François Ozon
- Petit pays - Eric Barbier
Meilleurs costumes : La Bonne épouse - Madeline Fontaine
Etaient également nommés :
- Adieu les cons - Mimi Lempicka
- Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait - Hélène Davoudian
- De Gaulle - Anaïs Romand & Sergio Ballo
- Été 85 - Pascaline Chavanne
Meilleurs décors : Adieu les cons - Carlos Conti
Etaient également nommés :
- La Bonne épouse - Thierry François
- Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait - David Faivre
- De Gaulle - Nicolas De Boiscuillé
- Été 85 - Benoît Barouh
- Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé
- Josep d'Aurel
- Petit vampire de Joann Sfar
Meilleur court métrage d'animation : L'Heure de l'ours d'Agnès Patron
Etaient également nommés :
Meilleure musique originale : La Nuit venue - Rone
Etaient également nommés :
- Adieu les cons - Christophe Julien
- ADN - Stephen Warbeck
- Antoinette dans les Cévennes - Mateï Bratescot
- Été 85 - Jean-Benoît Dunckel
Meilleur court métrage : Qu'importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui
Etaient également nommés :
- L'Aventure atomique de Loïc Barché
- Baltringue de Josza Anjembe
- Je serai parmi les amandiers de Marie Le Floc'h
- Un adieu de Mathilde Profit
Meilleure photographie : Adieu les cons - Alexis Kavyrchine
Etaient également nommés :
- Adolescentes - Antoine Parouty & Paul Guilhaume
- Antoinette dans les Cévennes - Simon Beaufils
- Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait - Laurent Desmet
- Été 85 - Hichame Alaouie
Meilleur montage : Adolescentes - Tina Baz
Etaient également nommés :
- Adieu les cons - Christophe Pinel
- Antoinette dans les Cévennes - Annette Dutertre
- Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait - Martial Salomon
- Été 85 - Laure Gardette
Meilleur son : Adolescentes - Yolande Decarsin, Jeanne Delplancq, Fanny Martin & Olivier Goinard
Etaient également nommés :
- Adieu les cons - Jean Minondo, Gurwal Coïc-Gallas & Cyril Holtz
- Antoinette dans les Cévennes - Guillaume Valeix, Fred Demolder & Jean-Paul Hurier
- Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait - Maxime Gavaudan, François Mereu & Jean-Paul Hurier
- Été 85 - Brigitte Taillandier, Julien Roig & Jean Paul-Hurier
Notre rencontre avec Albert Dupontel :