ÇA PARLE DE QUOI ?
Dans les années 1980, Rory, un ancien courtier devenu un ambitieux entrepreneur, convainc Allison, son épouse américaine, et leurs deux enfants de quitter le confort d’une banlieue cossue des États-Unis pour s’installer en Angleterre, son pays de naissance. Persuadé d’y faire fortune, Rory loue un vieux manoir en pleine campagne où sa femme pourra continuer à monter à cheval. Mais l’espoir d’un lucratif nouveau départ s’évanouit rapidement et l’isolement fissure peu à peu l’équilibre familial.
Une sombre histoire de famille
Présenté au Festival de Deauville, The Nest de Sean Durkin y a fait sensation et a remporté trois récompenses, le Grand Prix, le prix de la critique et le prix de la Révélation. Alors que le long-métrage devait sortir au cinéma en France, il est finalement aujourd'hui disponible sur myCANAL. Située dans les années 1980, l’intrigue de The Nest apparaît au premier abord comme un simple drame familial sur fond de déménagement et de perte de repères. Un couple, qui vit au dessus de ses moyens, s’installe avec leurs enfants dans une grande demeure au fin fond de l’Angleterre et espère que ce nouveau départ leur permettra de s’enrichir à nouveau grâce aux projets illusoires d’entrepreneur du père de famille.
Mais The Nest est plus complexe qu’il n’y paraît et révèle ses couches d’intensité au fur et à mesure que le film épluche ses personnages jusqu’à ce qu’il ne reste plus que leur essence même, signe d’un nouvel espoir au milieu d’un chaos inévitable. Sean Durkin prend le temps de décortiquer ses personnages et de creuser en profondeur leur caractère, leurs failles et leur passé et lorsqu’ils craquent définitivement, on ne peut qu’être bouleversé devant cette puissance émotionnelle et dramatique qui en jailli. Le réalisateur et scénariste peut compter sur les performances exceptionnelles de Jude Law, impeccable en père de famille rêveur, sournois mais meurtri, de Carrie Coon, troublante en épouse et mère étouffée par ses contradictions mais qui reste maîtresse de la situation, et de Charlie Shotwell et Oona Roche en enfants délaissés et déjà bien trop désenchantés par la vie.
Outre un casting solide, The Nest fascine par sa mise en scène brillante, qui joue tant sur les regards que sur la profondeur, que sur la lumière et sur l'obscurité, et une atmosphère morose qui tend à effrayer son audience à certains moments clés. Le manoir dans lequel les O’Hara atterrissent devient un nouveau membre de la famille, qui va catalyser toutes leurs peurs et aspirer toute trace d’humanité. Le film n’aurait pas eu de mal à s’enliser un peu plus dans l’horreur mais Sean Durkin fait le choix de laisser entrevoir une lueur d’espoir dans ce marasme ténébreux qui a absorbé toute la famille blessée et dépouillée. Mais c’est avec cette conclusion douce-amère, poétique et surprenante que le cinéaste offre enfin la possibilité à ses personnages de prendre leur véritable nouveau départ.