AlloCiné : Vous rejoignez Section de recherches à l'occasion de la saison 14, qui a été tournée à l'automne 2019. Comment êtes-vous arrivée dans cette aventure forcément très différente de Plus belle la vie ?
Fabienne Carat : J’ai toujours eu envie de multiplier les expériences en parallèle de Plus belle la vie. Si je fais ce métier c’est pour faire plein de choses différentes. Même si, quand on joue dans une série, il y a quelque chose de confortable car la précarité de ce métier est édulcorée, on a la chance de travailler régulièrement. Mais quoi qu’il en soit, on a envie de se glisser dans le maximum de personnages. Et découvrir des manières de travailler et de produire différentes. Donc par mes projets personnels, que ce soit la musique, mon one-woman show, ou mon livre, j’ai toujours aimé multiplier les expériences. Mais quand la proposition pour Section de recherches est arrivée, j’ai quand même un peu hésité au début car je voyais ça comme "une autre série", et je me demandais quel était l’intérêt de jouer dans une autre série en parallèle de Plus belle la vie. Et puis finalement j’ai réalisé que c’était vraiment une belle opportunité. J’allais avoir 40 ans et ça me permettait d’aller voir d’autres choses et d’explorer un registre très différent. Car Jeanne est un personnage très différent de Samia, le public va vite s'en rendre compte.
Vous étiez déjà apparue en tant que guest dans Section de recherches, en saison 9, dans un rôle totalement différent. Est-ce que ça vous a amusé de revenir des années plus tard dans la série et de faire comme si ce précédent personnage n’avait jamais existé ?
En fait, ce qui est encore plus marrant, c’est que j’ai également joué dans Alice Nevers en janvier 2019, et là on termine la saison 14 de Section de recherches par un crossover avec Alice Nevers. Mon agent leur a quand même dit "Vous savez que Fabienne a déjà joué dans les deux séries auparavant ?", mais pour eux ce n’était pas très embêtant. C’est encore un autre cadeau, car ça aurait pu compliquer les choses. Mais finalement, non, pas du tout. Et puis, je pense que l’important c’est d’emmener le public, de lui raconter une histoire. Mon public sait cloisonner les choses, et je pense que les gens qui m’apprécient aiment me voir dans des rôles différents. Et puis dans Alice Nevers, à l’époque, c’était un personnage qui avait un look très différent. En qui, en plus, est mort (rires). Donc ça n’a pas posé de problèmes et la chaîne a tout de suite était partante pour que j’incarne un nouveau personnage.
Comment présenteriez-vous Jeanne Lorieux, qui rejoint la SR de Nice pour remplacer Bernier durant son congé maladie et qui finit par rester au sein de l’équipe ?
Jeanne a eu un parcours un peu atypique, qui l’a amené à devenir commandant. On va le découvrir au fil de la saison. Pourquoi revient-elle sur le terrain alors qu’elle n’était pas forcément destinée à cela ? Je dirais que c’est une femme forte, qui cache des parts d’ombre. Mais il y a aussi des choses dont elle-même n’est certainement pas au courant. Des choses dont elle n'a pas conscience. Et, au fur et à mesure de la saison, ses vérités vont être ébranlées. Je vois Jeanne comme quelqu’un qui se protège, comme un animal blessé qui est en observation et qui ne fait pas d’efforts pour être sociable et agréable. Elle vit un peu dans ses propres craintes, dans son propre univers, et elle s’en fiche de paraître agréable ou ouverte. Elle n’est pas du tout dans la séduction et l’envie de plaire. Et ce que j’ai beaucoup aimé dans la proposition de TF1 et des auteurs, c’est la trajectoire du personnage. C’est une femme dont la vie va s’effondrer. C’était très intéressant d’incarner une femme qui paraît forte comme un roc et qui, à la fin, se retrouve à poil dans tous les sens du terme. À la fin de la saison, lors du crossover, Jeanne se met totalement à nu. Et elle n’a pas le choix.
Mélanie Maudran (Un Si Grand Soleil) rejoint la série en même temps que vous. Est-ce que vous vous connaissiez avant ?
Non, pas du tout. Mais il y a eu un vrai coup de cœur naturel entre nous. C’est une superbe actrice, très professionnelle. Et en plus c’est une fille d’une simplicité et d’une gentillesse incroyable. Donc ça a tout de suite coulé entre nous. Et je pense que ce duo va beaucoup plaire au public. Car Mélanie incarne Sandrine, une amie de Jeanne dont l'intrigue est intimement liée à celle de mon personnages. Ces deux femmes ont des secrets en commun, et c’est tout l’enjeu de cette saison.
Votre participation à Section de recherches a-t-elle été pensée de manière événementielle pour cette quatorzième saison, ou pourriez-vous continuer à faire partie de la série en cas de saison 15 ?
On aimerait bien qu’il y ait une saison 15, bien sûr. Et si les gens veulent de moi, je reviendrai (rires). Mais en vérité ça va dépendre de l’accueil du public et du désir de la chaîne et de la production. Rien n'est écrit encore.
Après tant de saisons, l'équipe de Section de recherches doit certainement s'apparenter à une famille. Est-ce que ça a été facile pour vous de vous intégrer ?
Avec l'univers de l’hôtellerie, dans lequel j'ai travaillé auparavant, j’ai eu très souvent l'occasion d'intégrer de nouvelles équipes, et ça m’a forgé. Car certaines expériences ont été plus difficiles que d'autres. Et là, sur Section de recherches, ça a été une évidence. Je me suis tout de suite sentie bien, comme si j’étais là depuis toujours. Et ça vient sûrement du fait que je connaissais déjà bien Franck Sémonin, et un petit peu Xavier Deluc aussi. Et puis la production m’a accueillie avec beaucoup d’amour et de respect, donc c’était extrêmement facile.
Vous évoquiez Franck Sémonin. Votre arrivée dans Section de recherches marque vos retrouvailles, plusieurs années après son départ de Plus belle la vie. On imagine que c'était une heureuse surprise...
Bien sûr. C’est à la fois comme si c’était hier et comme si c’était il y a 1000 ans. Aujourd'hui, on est ailleurs, sur un nouveau projet en commun, mais c’est une belle nouvelle sphère. Et évidemment, sa passion, sa fougue, sa joie de vivre, et son professionnalisme sont toujours là. Tout comme notre amitié. Donc Franck m’a accueillie le plus gentiment du monde et c'était un vrai bonheur de le retrouver.
En mai 2020, vous avez publié une autobiographie, Danse avec la vie. Comment est née cette envie de vous raconter ?
J’ai toujours envie de partager des expériences, comme c’était le cas sur mon one-woman show. Pour que les gens en retirent un peu de force et emmènent avec eux les phrases qu’ils ont envie de retenir. Et ce que je trouve bien dans un livre c’est qu’il n’y a que ceux qui ont envie qui le lisent. On ne s’impose pas aux gens. Encore moins que dans une fiction ou sur scène. Car parfois des gens viennent voir des spectacles un peu contraints par leurs proches (rires). Un livre c’est différent. On le prend et on le lit si on a envie de passer un moment avec moi. J’avais envie d’écrire une bio depuis longtemps et finalement, là, tout est allé très vite. C’est parti de rencontres, notamment avec Isabelle Dhombres (qui a co-écrit le livre, ndlr). Et je pense que quand ça doit se faire, ça doit se faire. Et je dois dire que ça me fait du bien d’avoir couché mes souvenirs sur papier, de les avoir inscrits. Il y a un vrai côté libérateur. Quand j’ai commencé à 20 ans, à me battre pour ce que j’aimais, dans ma tête je m’étais dit : je n’ai pas envie de me retrouver avec des regrets à 40 ans, je n’ai pas envie de passer à côté de mes rêves. Et donc, maintenant, j’ai 40 ans, et c’était le bon moment pour faire une petite pause avec les gens.