"J'ai fait ce métier parce que je ne voulais pas me raser tous les jours. Je n'ai pas de bagnole, pas de maison. J'aime la liberté. Et ma liberté, c'est de dire oui à un scénario qui me plait, et seulement s'il me plait. Un beau rôle dans un scénario merdique, je ne peux pas. Je ne juge qu'avec mon intelligence, mais je sais que je me ferais du mal. Un bon acteur dans un mauvais film, il s'emmerde."
Une belle, émouvante et sincère profession de foi pour cet acteur - auteur magnifique que fut Jean-Pierre Bacri, titulaire de pas moins de cinq César, dont quatre étaient venu récompenser à juste titre son exceptionnelle plume d'auteur - scénariste, qui va cruellement manquer au cinéma français.
Dans le sillage de l'annonce de son décès, survenu à l'âge de 69 ans après un combat perdu contre le cancer, de très nombreux hommages saluent la mémoire de Jean-Pierre Bacri. Le président de la République a ainsi salué "son humanité laconique et sensible, [qui] continuera de peupler nos vies" :
Le duo de cinéastes Toledano-Nakache, qui l'a fait jouer dans Le Sens de la fête, a pris la parole sur Instagram : "quelle chance Jean-Pierre de t’avoir connu".
Jean-Paul Rouve, qui donnait la réplique au comédien dans Le Sens de la fête, y va aussi de son hommage :
Christian Clavier convoque quant à lui les souvenirs de tournage du film Mes Meilleurs copains, saluant "un homme d'une grande culture et d'une grande intelligence" :
Pierre Niney affirme avoir perdu une "idole". Laura Smet regrette un "génie". Marina Foïs, sans voix, a simplement partagé un cliché de l'acteur en noir et blanc. Jean Dujardin s'est également contenté d'un sobre : "Au revoir" :
L'Académie des Lumières n'a évidemment pas manqué de saluer l'acteur, qui avait reçu le Prix du Meilleur scénario pour Un air de famille en 1997 et en 2001 pour Le goût des autres :
Michèle Laroque imagine désormais "mal le cinéma sans lui" en réagissant sur son compte Twitter à l'annonce de sa disparition; Elie Semoun évoque son "complice" :
Géraldine Nakache se souvient d'une "idole", en postant une photo du film Didier, où Bacri donnait la réplique à Alain Chabat :
Le réalisateur Fabien Onteniente salue de son côté sur son compte Twitter "un exemple de liberté de pensée, un acteur précis, pudique et si juste" :
"Le goût de la vie... Le sens de la vie ... L’extrême dignité , au bout du chemin" a pour sa part tweeté Pierre Lescure, l'actuel président du Festival de Cannes, où le comédien fut récompensé en 2004 par le Prix du scénario pour Comme une image :
Le journal Le Parisien a quant à lui recueilli la parole de Pierre Arditi, qui avait tourné avec Bacri sur Smoking / No Smoking et On connait la chanson : "je pense évidemment à Agnès [Jaoui], qui doit être dévastée. C'était quelqu'un d'absolument atypique dans le métier. C'est pas juste un ronchon, un râleur. C'est quelqu'un qui regarde le monde, sous les jupes du monde, et qui râle quand ça ne lui convient pas. Mais avec une tendresse qui tourne par en dessous. C'est quelqu'un de totalement intransigeant, avec un combat humain auquel il s'est toujours tenu. Une sorte de modèle bien sûr, talentueux au-delà de ce qu'on peut imaginer. Il n'a jamais contredit ce en quoi il croyait, l'exact contraire d'un people. Il avait une rage en lui, pas de haine. Des tas de gens se retrouvaient dans ce râleur impénitent, qui n'était pas seulement un râleur, mais un rêveur, un idéaliste."