Allociné : Julien a connu des mois riches en émotions. Entre la mort d’Hugues, le départ de Manon et sa séparation avec Alice, quel bilan tirez-vous de cette année écoulée pour votre personnage ?
Jérémy Banster : Je trouve que Julien est devenu très intéressant. Il l’était déjà mais la mort d’Hugues (Renaud Danner), sa remise en question, le départ de sa fille et sa séparation en ont fait quelqu’un d’autre. Il a traversé des choses incroyables. Cette culpabilité d’avoir tué un homme qu’il est incapable de gérer et les cauchemars qu’il fait ont impacté sa vie de famille mais aussi son couple. C’est pour cette raison qu’il n’a pas l’énergie pour sauver son mariage. Je pense que la meilleure décision qu’il ait prise était de laisser partir sa fille parce que cela aurait fini par péter [rires]. Je suis très fier que Julien ait ce rapport là avec ses enfants. C’est un bel exemple de confiance. En ce qui concerne leur couple, Alice (Maëlle Mietton) et Julien ont traversé beaucoup de choses. Ils ont essayé de faire en sorte que ça fonctionne mais ça ne marchait plus. Ils ont eu la force de se séparer intelligemment.
Il y a quelques jours, Alice mettait un terme à son mariage avec Julien. C’est la fin d’une époque dans Un si grand soleil mais également pour vous en tant que comédien. Comment le vivez-vous ?
La production a eu l’intelligence de construire une famille avec des comédiens de la même trempe. C’est pour cette raison que cela a fonctionné rapidement sur le plateau, que le public y a adhéré et que nous avons tissé des liens amicaux tous les cinq. C’est vrai que cela n’arrive pas tous les jours. C’est quelque chose dont on a beaucoup profité parce qu’on savait que cela allait sûrement s’arrêter un jour. Peut-être pas aussi rapidement mais nous y étions préparés. Ça fait un petit quelque chose. Nous nous étions tous dit lors de nos dernières séquences de bien en profiter. Ce que l’on fait encore avec Auguste Yvon et Maëlle Mietton quand on se croise. On a beaucoup partagé mais nos personnages se retrouvent dans d’autres sphères. Quand on a des beaux cuirs de comédiens, de belles natures qui vont bien ensemble, c’est très agréable pour nous dans le travail.
Malgré ce moment difficile, on sent vraiment que Julien et Alice cherchent à réussir leur séparation grâce au profond respect qu’ils ont l’un pour l’autre. Comment va évoluer leur relation dans les prochains épisodes ?
Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’avec Maëlle on a décidé de ne pas effacer vingt ans de vie commune comme ça. On voulait montrer que l’on peut réussir sa séparation avec beaucoup d’empathie, de bienveillance et de respect pour la vie de l’autre. On est vraiment là-dedans. Ils ne sont peut-être plus ensemble mais ils sont toujours autant liés. C’était important pour nous de pouvoir prolonger tout ce qu’on a pu construire pendant trois ans. Même s’ils ne sont plus ensemble, on ne va pas tout effacer d’un coup pour ouvrir un nouveau chapitre. C’est impossible. Dans la vie ce n’est pas comme ça et dans la fiction non plus. On garde ce parcours en nous. Il y a cette résilience qui fait partie de nos personnages et en même temps il y aura toujours ce fil d’Ariane entre nous qui fera qu’à chaque moment l’un sera toujours là pour l’autre. C’est finalement assez rarement traité de voir un couple réussir sa séparation et avoir encore des liens très forts. Pour moi, on bascule dans ce côté-là.
Arthur souffre beaucoup de la séparation de ses parents. Etant donné que l’adolescent a décidé de vivre chez son père pour le moment, comment va se passer leur cohabitation ?
Très bien dans un premier temps. Julien et Arthur vont partager des choses ensemble. Ils vont faire des soirées père-fils, un peu en mode potes. C’est d’ailleurs assez sympa à jouer avec Auguste. Mais comme tout enfant de parents séparés, Arthur se retrouve pris entre deux feux. Il a envie de satisfaire ses parents sans avoir à faire de choix entre eux. Il va choisir de s’installer chez sa grand-mère pour ne faire de mal à personne. J’ai encore tourné de jolies scènes avec Auguste hier. Le rapport entre Julien et son fils évolue. Arthur grandit énormément, tout comme Auguste. On arrive à amener nos personnages dans un autre rapport. C’est très intéressant à jouer.
C’est une nouvelle vie qui commence pour Julien et vous avez d’ailleurs déclaré dans une interview que votre personnage allait rencontrer quelqu’un rapidement. Que pouvez-vous nous dire sur cette nouvelle relation ? Et est-ce une histoire sérieuse ?
Une histoire sérieuse, je ne le sais pas encore. Après une séparation de ce type, ce qui arrive ensuite est forcément une transition, un pansement, un placébo ou quelque chose qui fait du bien tout simplement. On n’est pas là pour savoir si ce sera important ou pas. Aujourd’hui, c’est quelque chose qui fait du bien à Julien. Avec tout ce qu’il a traversé, cette relation lui donne un peu de légèreté. Il vit cette histoire au premier degré. Ce qui se passera après, je ne sais pas. Mais dans un premier temps, il se laisse embarquer dans cette histoire avec toujours ce même caractère, cette droiture jusqu’au-boutiste qu’il a en lui. Disons que si on n’était pas venu le chercher, il n’y serait peut-être pas allé. Ça arrive comme ça et il ne le refuse pas car il se sent seul à ce moment-là et pas très bien. Cette relation va lui permettre de débuter sa nouvelle vie.
Est-ce un personnage connu des téléspectateurs ?
Oui, c’est un personnage bien connu des téléspectateurs. C’est assez surprenant et je pense que beaucoup de personnes ne s’y attendront pas. Ce ne sont pas des personnages au premier abord que l’on aurait pu voir ensemble mais quand cela va se passer, ce sera vite compréhensible pour le public.
La relation d’Elisabeth et Julien a beaucoup souffert de la mort d’Hugues. Aujourd’hui, peut-on dire qu’ils ont fait la paix ?
Je pense qu’Elisabeth (Chrystelle Labaude) lui a pardonné parce qu’elle sait que son fils a fait ce qu’il fallait faire. Mais cela n’empêche pas qu’elle était amoureuse d’Hugues et qu’elle continue d’en parler régulièrement à son fils. Julien comprend que sa mère mette du temps à digérer toute cette histoire. C’est finalement plus compliqué à vivre pour Julien. La mort d’Hugues n’était pas du tout dans sa trajectoire de vie. Il se retrouve avec quelque chose de lourd et de difficile à porter sur les épaules. C’est ce qui fait que ce personnage est très intéressant et que je suis très heureux de le défendre. Aujourd’hui, il y a une faille béante qui est toujours sous-jacente. Il n’y a pas une scène que je joue sans que ce truc-là ne soit présent. Même si on n’en parle pas, qu’on ne le joue pas, c’est là. Et ça change tout.
Justement, ce traumatisme sera-t-il un peu plus exploité à l’écran et peut-on espérer voir Julien se reconstruire face à tout ça ?
Tout à fait ! Il va consulter un psy et tenter de trouver des solutions. Il va essayer de traverser cela comme il peut mais cela ne l’empêchera pas de faire des cauchemars. Il veut vraiment régler ce problème. Ses enfants se rendent compte qu’il ne va pas très bien et que cette histoire n’est pas réglée. C’est également pour cette raison que Julien ne sera pas à 100% impliqué dans sa nouvelle relation amoureuse. Il ne peut pas s’investir dans quelque chose de positif alors que cette page n’est pas tournée. Il prend les bons côtés de cette relation mais il cherche à régler ce problème avant de vraiment pouvoir passer à autre chose. C’est une étape.
Un si grand soleil s’approche au plus près de la réalité des français. A travers L. Cosmétiques, la série a ainsi évoqué les plans de licenciement liés à la crise sanitaire, la position des chefs d’entreprise dans ce contexte particulier mais aussi les difficultés des plus jeunes à travers Kelly, la jeune SDF sans emploi que votre personnage a hébergée quelques temps. Ces thématiques vont-elles être davantage développées dans les prochains épisodes et que va faire Julien pour sauver son entreprise de la faillite ?
On y travaille beaucoup. Julien a montré l’exemple en décidant de baisser son salaire et de ne pas licencier coûte que coûte. Il se bat pour ça car il a vraiment des attaches avec ses employés. C’est un personnage qui est très sain et qui a une véritable conscience par rapport à tout ça. Il fait en sorte que sa boite continue de fonctionner sans avoir à se séparer de personne. Avec les temps qui courent, je trouve que c’est un bel exemple à donner. En revanche, il demande à chaque employé de faire des efforts sur leurs salaires car il ne peut pas les payer comme il le souhaiterait.
Un si grand soleil est une très grande famille. Avec quels autres acteurs de la série aimeriez-vous partager une intrigue ?
J’aimerais bien travailler avec Stéphane Monpetit qui joue Eliott. On ne s’est jamais croisés sur un plateau parce que nous ne sommes pas dans les mêmes intrigues. C’est quelqu’un que je trouve toujours très impliqué dans ce qu’il fait tout en gardant beaucoup de naturel. Ce jeune comédien a beaucoup de talent et ce serait sympa de le croiser sur une intrigue.
Qu’espérez-vous pour l’avenir de votre personnage ?
Je fais confiance aux auteurs. On collabore, on se parle assez régulièrement de l’évolution des personnages. Ils sont à l’écoute et je les en remercie. On avance ensemble.
Avez-vous d’autres projets en dehors d’Un si grand soleil dont vous pouvez nous parler ?
Je vais faire une petite pause sur Un si grand soleil pour tourner Meurtres sur les îles du Frioul en février. Je vais jouer un capitaine de police assez borderline que je suis très content de pouvoir défendre. Ce sera un duo de flics père-fils avec Francis Huster. Je suis très content de travailler avec Francis et l’équipe de production de Sabrina Roubache et Stephan Kalb. Ce sont des producteurs de talents. Et c’est Sylvie Ayme qui réalise ce beau projet.
Propos recueillis par téléphone le 13 janvier 2021.